Depuis quelques semaines, la grippe saisonnière circule plus tôt et plus intensément que d’habitude en France et en Europe. En cause, selon les autorités sanitaires, un sous-variant du virus influenza A(H3N2), surnommé “variant K”. Faut-il s’inquiéter d’une grippe plus dangereuse ?
Le variant K n’est pas un nouveau virus. Il s’agit d’un sous-clade du virus de la grippe A(H3N2), une famille de virus grippaux qui circule depuis des décennies et qui est régulièrement impliquée dans les épidémies saisonnières.
Sur le plan scientifique, ce variant est identifié comme un sous-groupe génétique du H3N2, repéré lors des surveillances virologiques internationales coordonnées par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC).
Ce qui interpelle cette saison, ce n’est donc pas la nature du virus, mais le calendrier et l’intensité de sa circulation. Santé publique France observe une activité grippale plus précoce que lors de certaines saisons précédentes, avec une augmentation rapide des consultations pour syndrome grippal et des passages aux urgences dès le début de l’hiver.
Épidémie de grippe précoce : pourquoi parle-t-on autant du “variant K” ?
Comme tous les virus grippaux, le H3N2 évolue en permanence. Ces mutations sont normales et expliquent pourquoi la grippe revient chaque année sous des formes légèrement différentes.
Le sous-variant K présente certaines modifications génétiques, identifiées lors des analyses de séquençage. Selon l’ECDC et l’OMS, ces changements peuvent favoriser :
- une meilleure capacité de transmission,
- un échappement partiel à l’immunité acquise, notamment chez les personnes infectées ou vaccinées les saisons précédentes.
En revanche, aucun signal n’indique à ce stade que ce variant provoque des formes cliniques plus graves que les autres souches de grippe saisonnière H3N2.
Épidémie de grippe : une saison à peine entamée, des hôpitaux déjà à bout de souffle
Une épidémie plus intense ne veut pas dire plus dangereuse
C’est là que la confusion s’installe souvent. Une épidémie plus intense signifie avant tout :
- plus de personnes infectées sur une période courte,
- donc mécaniquement plus de consultations,
- plus d’hospitalisations en valeur absolue.
Mais cela ne signifie pas que chaque infection est plus grave individuellement. Les données disponibles à ce jour ne montrent pas d’augmentation de la sévérité moyenne des cas, ni de hausse spécifique de la létalité liée au variant K. Les symptômes observés restent ceux d’une grippe classique :
- fièvre élevée,
- fatigue marquée,
- douleurs musculaires,
- toux,
- parfois complications respiratoires chez les personnes à risque.
Autrement dit, le virus ne semble pas plus “agressif”, mais il circule plus efficacement dans une population où l’immunité collective est hétérogène.
Alors, pourquoi les hôpitaux sont-ils sous tension ?
Si les hôpitaux font face à une pression inhabituelle cet hiver, ce n’est pas le signe d’un virus devenu soudainement plus dangereux. C’est plutôt le résultat d’une addition de facteurs, qui, mis bout à bout, pèsent lourd sur le système de soins.
- Une circulation grippale plus précoce que d’habitude, qui a pris de court les établissements de santé et concentré les consultations et hospitalisations sur une période courte.
- Des populations fragiles exposées plus tôt, notamment les personnes âgées, les patients atteints de maladies chroniques ou immunodéprimés, plus susceptibles de développer des complications.
- Un système hospitalier déjà sous tension structurelle, avec des effectifs contraints, des lits comptés et une capacité d’absorption limitée, héritage de plusieurs années de crises successives.
- Une couverture vaccinale encore insuffisante, y compris chez certains professionnels de santé, favorisant la circulation du virus et augmentant mécaniquement le nombre de patients à prendre en charge.
Pris séparément, aucun de ces éléments n’a rien d’exceptionnel. Mais ensemble, ils suffisent à transformer une grippe saisonnière pourtant bien connue en véritable défi de santé publique, sans qu’il soit nécessaire d’invoquer un virus plus dangereux que les autres.
Le vaccin contre la grippe reste-t-il utile face au variant K ?
Oui. Et c’est sans doute l’un des messages les plus importants de cette saison grippale. Les autorités sanitaires reconnaissent que la souche H3N2 circulante cette saison présente des différences génétiques par rapport à celle incluse dans le vaccin antigrippal. Cela peut réduire l’efficacité du vaccin contre l’infection.
Mais la vaccination continue de jouer un rôle majeur pour éviter le pire. Elle réduit nettement le risque de formes graves, de complications respiratoires et d’hospitalisations, surtout chez les personnes les plus fragiles :
- personnes âgées,
- malades chroniques,
- femmes enceintes.
Grippe : alors, le variant K est-il plus dangereux ?
Non, le variant K n’est pas intrinsèquement plus dangereux que la grippe saisonnière habituelle.
Ce qui change, en revanche, c’est :
- sa capacité à circuler largement,
- la rapidité de diffusion,
- et le contexte sanitaire et sociétal dans lequel il se propage.
Une grippe banale peut devenir un problème majeur de santé publique lorsqu’elle touche beaucoup de monde en même temps, surtout les plus fragiles.
À SAVOIR
Selon Santé publique France, les personnes âgées de 65 ans et plus représentent chaque année la majorité des hospitalisations et des décès liés à la grippe, toutes souches confondues.








