Un hôpital public français sous tension à la rentrée.
La France compte aujourd’hui environ 7 millions de personnes sans médecin traitant, selon la Caisse nationale d’Assurance maladie. © Freepik

Hôpitaux en surchauffe, médecins en grève, déficit abyssal de l’Assurance maladie… À l’aube de septembre 2025, le système de santé français entre dans une rentrée déjà sous tension. Entre réformes budgétaires, pénurie de soignants et inquiétudes des patients, la santé publique s’impose comme l’un des dossiers les plus explosifs de la rentrée sociale.

Alors que les écoliers reprennent le chemin des classes, l’hôpital public et les professionnels de santé abordent cette rentrée 2025 dans un climat de crispation rarement atteint.

Fatigue accumulée, menaces de coupes budgétaires, grève des médecins… Les signaux d’alerte se multiplient et interrogent sur l’avenir d’un modèle de santé solidaire, déjà ébranlé depuis plusieurs années.

Des soignants à bout de souffle

Malgré le déploiement du Service d’accès aux soins (SAS) censé désengorger les urgences, de nombreux établissements ont dû recourir à des réquisitions locales et à des plans de soutien exceptionnels pour tenir le choc des vacances.

D’après un rapport du Quotidien du Médecin (juillet 2025), le système a fonctionné en « surchauffe ». Les arrêts maladie en forte hausse et la fuite des effectifs hospitaliers compliquent la donne. À l’hôpital, les soignants dénoncent une dégradation continue de leurs conditions de travail : manque de lits, sous-effectifs chroniques, fermeture de services faute de personnel.

Cette tension rejaillit sur les patients, contraints parfois à des délais de plusieurs mois pour un rendez-vous spécialisé, ou à des détours de dizaines de kilomètres pour trouver une maternité ou un service d’urgence encore ouvert selon une enquête de la Drees (Direction de la Recherche, des Études, de l’Évaluation et des Statistiques). 

L’épée de Damoclès budgétaire

Au-delà du quotidien, c’est la question du financement qui cristallise les inquiétudes. Le Comité d’alerte sur l’évolution des dépenses de l’Assurance maladie a publié en juillet un rapport alarmant :

  • 1,2 milliards d’euros de dépassement de l’ONDAM (Objectif national des dépenses d’assurance maladie) pour 2024.
  • Un déficit cumulé de 16 milliards d’euros déjà présent.
  • Une projection à 41 milliards d’euros de déficit en 2030 si rien ne change (Rapport du Comité d’alerte, juillet 2025).

Face à cette spirale, la Caisse nationale d’Assurance maladie (CNAM) a proposé 60 mesures destinées à économiser 25 milliards d’euros d’ici 2030. Meilleure prévention, contrôle renforcé des arrêts de travail, développement de la chirurgie ambulatoire, financement à la qualité, mais aussi déploiement de solutions numériques et réorganisation territoriale.

Médecine : réformer la formation pour préparer l’avenir

Autre dossier brûlant : la formation des futurs médecins. Le numerus apertus, qui a remplacé le numerus clausus en 2020, n’a pas tenu toutes ses promesses. Certes, le nombre de places a augmenté de 11 % entre 2020 et 2023 selon le Ministère de la Santé, mais les résultats restent insuffisants face au vieillissement de la population et à l’explosion des maladies chroniques.

Le gouvernement prépare donc une réforme de l’accès aux études de santé pour 2026. L’objectif est de simplifier les voies d’entrée (PASS, LAS), mieux prendre en compte les besoins des territoires et éviter les abandons précoces. Le Sénat recommande également d’ouvrir davantage de passerelles pour les professionnels paramédicaux et d’accompagner la hausse des effectifs sans sacrifier la qualité de formation.

En attendant ces grands chantiers, plusieurs changements sont déjà effectifs depuis le 1er septembre 2025 selon le Ministère de la Santé :

  • Le dépistage néonatal s’élargit à 16 maladies, avec trois nouvelles pathologies graves (SMA, DICS, VLCAD).
  • Le don du sang est assoupli : le délai d’attente après tatouage ou piercing passe de 4 à 2 mois et le don du sang est ouvert aux homosexuels sans conditions.
  • Un nouveau formulaire Cerfa pour les arrêts de travail papier devient obligatoire, dans le cadre de la lutte contre la fraude.

Des mesures techniques, certes, mais qui traduisent une volonté d’agir sur plusieurs fronts à la fois.

La rentrée 2025 s’annonce donc comme un tournant. Le gouvernement tente de concilier réduction du déficit et maintien d’un accès équitable aux soins, un exercice d’équilibriste particulièrement périlleux.

Les syndicats, eux, préviennent : sans plan massif pour revaloriser les carrières, renforcer les effectifs et améliorer l’organisation, le système risque une nouvelle crise sociale d’ampleur, sur fond de grogne hospitalière et de mobilisation des professions libérales. L’automne 2025 pourrait bien devenir le théâtre d’une nouvelle séquence de contestations sociales, où la santé publique s’imposera comme l’un des sujets centraux du débat politique.

À SAVOIR

Au-delà du seul financement de l’Assurance maladie, c’est l’ensemble du régime général de la Sécurité sociale qui reste exposé à une tension budgétaire sans précédent. Selon la Commission des comptes de la Sécurité sociale (CCSS), le déficit prévu pour l’année 2025 s’élèverait à 21,9 milliards d’euros, dont 16 milliards pour la seule branche maladie.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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