La grippe saisonnière s’impose toujours et plus fort en ce début d’année. Alors que le virus continue de se propager activement sur tout le territoire, les données montrent une couverture vaccinale encore insuffisante, particulièrement chez les populations les plus vulnérables. Mais, pourquoi certains groupes restent-ils moins protégés ? Quels obstacles freinent l’accès à la vaccination ? Et surtout, quelles solutions peut-on envisager pour limiter l’impact de cette épidémie qui exerce une pression croissante sur le système de santé ? On fait le point.
Selon le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) publié le 28 janvier 2025, l’épidémie de grippe est bien installée en France métropolitaine, avec une circulation active des trois virus grippaux principaux : A(H1N1)pdm09, A(H3N2) et B/Victoria. Ces virus touchent principalement les personnes vulnérables, notamment les seniors, les malades chroniques et les enfants.
Le Réseau Sentinelles rapporte une incidence nationale de 260 cas pour 100 000 habitants en consultation de médecine générale, confirmant une large diffusion du virus. À noter que les régions fortement peuplées, comme l’Île-de-France et Auvergne-Rhône-Alpes, enregistrent une activité grippale particulièrement élevée.
Une couverture vaccinale encore insuffisante
Des écarts inquiétants
En France hexagonale, la couverture vaccinale contre la grippe pour les personnes âgées de 65 à 85 ans reste limitée à 65,1 %, bien en deçà de l’objectif de 75 % fixé par les autorités sanitaires. Ce chiffre reflète une disparité marquée entre les populations :
- Les seniors les plus âgés (80-85 ans) présentent un taux de vaccination plus élevé (73,2 %) que les 65-69 ans (55,4 %).
- Les personnes atteintes de maladies chroniques sont mieux vaccinées (71,1 %), mais ce taux reste insuffisant étant donné leur vulnérabilité accrue.
Dans les départements d’outre-mer (DROM), les taux sont encore plus préoccupants : 26 % en Martinique, 37 % en Guadeloupe et 39 % à La Réunion.
Pourquoi ces écarts ?
Les principales raisons évoquées par les non-vaccinés incluent :
- La perception de l’inutilité du vaccin (41,6 % des répondants).
- La peur des effets secondaires (13,5 %).
- Le manque d’intérêt général pour la prévention grippale.
Un système sous tension
L’épidémie exerce une pression importante sur le système de santé. Les hôpitaux font face à une augmentation des admissions liées à des complications grippales, notamment des pneumonies et des exacerbations de maladies chroniques.
Les services d’urgences et de réanimation signalent des taux d’occupation élevés dans plusieurs régions, particulièrement dans les grandes agglomérations où la grippe circule fortement. Le pic de l’épidémie est d’ailleurs attendu dans les jours à venir.
L’impact de la pénurie de vaccins : “ce n’est pas quand l’épidémie faire rage…”
La forte demande en vaccins antigrippaux cette année a provoqué des ruptures de stock importantes dans certaines régions, notamment en Auvergne-Rhône-Alpes. 85 % des pharmacies de Lyon se trouvent en rupture, ce qui limite l’accès à la prévention, surtout pour les populations à risque.
Mais cette pénurie ne résulte pas uniquement d’une demande en hausse et d’un stock trop faible. C’est aussi et surtout un manque colossal de campagne de prévention et de communication autour de l’épidémie. Selon le Dr Olivier Rozaire, président de l’URPS Pharmaciens Auvergne-Rhône-Alpes, ”les gens ont réagi trop tard ou ne comprennent pas qu’il faut se protéger préventivement. Ce n’est pas quand l’épidémie fait rage qu’il faut aller voir son pharmacien, d’autant qu’il faut patienter au moins dix jours pour être immunisé”.
Cette situation est aggravée par la décision tardive de prolonger la campagne de vaccination jusqu’au 28 février 2025. Une mesure tardive visant à maximiser la couverture vaccinale alors que l’épidémie atteint son pic.
Quelles solutions pour contenir l’épidémie ?
Pour améliorer la réponse face à la grippe, plusieurs axes prioritaires se dessinent.
- Faciliter l’accès à la vaccination : l’implication des pharmaciens et infirmiers dans la vaccination est une avancée prometteuse. Mais des efforts supplémentaires sont nécessaires, notamment dans les zones rurales et les DROM.
- Renforcer les campagnes d’information : lutter contre les idées reçues sur le vaccin reste fondamental. Une meilleure communication, adaptée à chaque territoire, pourrait encourager les populations sceptiques.
- Soutenir les professionnels de santé : la gestion des flux hospitaliers et des tensions dans les services d’urgence doit rester une priorité pour éviter une surcharge du système.
L’épidémie de grippe 2025 est un rappel des défis que représente cette maladie saisonnière. Malgré des progrès, la France peine à atteindre une couverture vaccinale suffisante. Notamment chez les jeunes seniors et les populations vulnérables des DROM.
À SAVOIR
La semaine dernière, seulement 15% des officines d’Auvergne-Rhône-Alpes étaient en capacité de fournir des vaccins. Alors même que la demande est cinq à six fois plus forte que les années précédentes.