Une femme en train de regarder la vidéo d'un faux chirugien esthétique.
Tik-tok et Instagram sont les réseaux sur lesquels prolifèrent les charlatans aux offres ultra-séduisantes : un mot d'ordre, fuyez ! © Adobe Stock

Attention danger ! De faux chirurgiens esthétiques sévissent en France et mettent en péril la santé de nombreux patients. Promesses de corps parfaits, interventions à bas prix… Derrière ces offres alléchantes, diffusées en masse et relayées sur les réseaux sociaux, se cachent des pratiques illégales et des risques dramatiques, à l’image des récents cas graves de botulisme signalés par la Haute Autorité de Santé suite à des injections hasardeuses de toxine botulinique. Comment les reconnaître ? On fait le point. 

Depuis plusieurs mois, une tendance inquiétante envahit les réseaux sociaux. Des personnes, souvent de jeunes femmes, se font passer pour des chirurgiens esthétiques et réalisent des interventions sans aucune qualification médicale. Elles pratiquent ces actes en dehors de tout cadre légal, dans des chambres d’hôtel, des appartements loués ou même des salons de particuliers.

Le phénomène est en plein essor et touche de plus en plus de patients attirés par des prix défiant toute concurrence. En réalité, ces faux chirurgiens esthétiques exposent leurs victimes à de graves complications : infections sévères, nécroses des tissus, embolies graisseuses… certaines erreurs peuvent être fatales.

Dernier exemple en date, dénoncé le 27 février par la Haute Autorité de Santé, des “cas graves de botulisme (maladie neurologique) suite à des injections de toxine botulinique à visée esthétique par des personnes non qualifiées. Entre août et septembre 2024, huit cas graves de pharmacovigilance liés à des injections illégales de toxine botulinique ont été signalés. Les patientes ont présenté des symptômes sévères de botulisme : difficulté à parler ou à avaler (fausses routes), difficulté à marcher, vision floue ou double, difficultés respiratoires (nécessitant une trachéotomie pour certaines patientes). Plusieurs patientes ont dû être hospitalisées en réanimation”.

“Ces interventions sont extrêmement dangereuses. Sans formation médicale, ces personnes n’ont aucune idée des risques qu’elles font courir à leurs clients”, alerte le Dr Christophe Desouches, chirurgien plasticien et membre du Bureau du Syndicat National de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique (SNCPRE).

Les faux chirurgiens esthétiques ne reculent devant rien pour attirer des clients. De courtes vidéos inondées de promesses mensongères circulent en masse sur les réseaux sociaux. Des avant/après spectaculaires sur Instagram et TikTok, des témoignages trompeurs et des mises en scène qui imitent les véritables cabinets médicaux. Un manège… presque parfait. 

Ils exposent des techniques dangereuses. Certains pratiquent des liposuccions du cou, rebaptisées « lifting coréen », avec du matériel non stérile. Mais ce n’est pas tout. Ils usent de produits interdits en France comme les “lemon bottles”. Censés dissoudre la graisse, ces produits sont en fait composés de substances inconnues et potentiellement toxiques. 

Les témoignages affluent sur les réseaux, et les images choquent les professionnels de santé. “Nous voyons des liposuccions réalisées sur des tables de cuisine, des seringues réutilisées sans stérilisation… C’est hallucinant”, confie le Dr Desouches.

Pour échapper aux autorités, ces faux praticiens organisent de véritables tournées dans toute la France. Ils louent des hôtels, des Airbnb près des gares, et reçoivent leurs clients dans des conditions sanitaires désastreuses.

Cette pratique, qui rappelle les scandales des « fake injectrices » l’an dernier, inquiète de plus en plus. “C’est une forme de médecine sauvage. Les patients, en quête d’un corps parfait à bas prix, prennent des risques énormes sans le savoir”, insiste le Dr Desouches.

Le problème ne s’arrête pas aux victimes directes. Beaucoup de patients, après une intervention ratée, doivent être pris en charge dans les hôpitaux publics pour soigner les complications.

  • Infections graves nécessitant des antibiotiques en urgence
  • Chirurgies reconstructrices pour réparer les dégâts
  • Hospitalisations prolongées, voire des soins intensifs

Résultat : un coût énorme pour la Sécurité sociale. “Ces pratiques illégales pèsent sur le système de santé et mobilisent des ressources qui pourraient être consacrées à d’autres patients”, souligne le chirurgien esthétique.

Suite au signalement des cas de botulisme, la Haute Autorité de Santé a rappelé “chacun à la plus grande vigilance face à des pratiques dangereuses qui peuvent faire l’objet d’une promotion via les réseaux sociaux et constituent un exercice illégal de la médecine. En effet, l’injection de toxine botulinique est réservée à des professionnels de santé habilités : médecins spécialistes en chirurgie plastique, reconstructrice et esthétique, en dermatologie, en chirurgie de la face et du cou, en chirurgie maxillo-faciale et en ophtalmologie. Son achat est lui aussi règlementé”.

Face à ce phénomène grandissant, les professionnels de santé appellent les autorités et les plateformes sociales à prendre des mesures strictes. L’Ordre des médecins demande des sanctions sévères contre ces faux praticiens, tandis que les chirurgiens plasticiens réclament une régulation plus stricte des contenus médicaux sur les réseaux sociaux.

Le combat est loin d’être terminé, mais une chose est sûre : mieux vaut prévenir que guérir. Avant toute intervention, renseignez-vous et ne laissez pas votre santé entre les mains d’un imposteur. 

À SAVOIR

Si vous avez un doute sur un praticien, consultez l’annuaire officiel de l’Ordre des médecins : https://www.conseil-national.medecin.fr

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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