La pollution et l’environnement peuvent avoir des effets néfastes, parfois graves, sur la fertilité, la grossesse et la développement du fœtus. Quels sont les sujets à risques ? Quels produits sont incriminés ? Quels conseils pour les jeunes couples ? Les explications du docteur Pascale Mirakian, médecin gynécologue et endocrinologue à l’Hôpital Privé Natécia.
Le rapport entre environnement et infertilité est-il désormais démontré de manière scientifique ?
Il faut davantage parler de santé reproductive, un terme qui englobe les problèmes d’infertilité, mais aussi les grossesses, les fausses-couches, le développement du fœtus… Cette santé reproductive est altérée de manière significative par la pollution qui ne cesse de s’aggraver depuis une quarantaine d’années. Cette exposition accrue aux produits chimiques présents dans l’environnement peut être rurale avec les pesticides, ou urbaine avec les émissions industrielles, la pollution automobile… Mais il y a bien d’autres risques liés à la consommation alimentaire (pesticides, emballages en plastiques) ou aux usages domestiques en raison des solvants et produits d’entretien utilisés à la maison. Enfin, les produits de beauté contiennent aussi des produits chimiques aux effets perturbateurs endocriniens. Tous ces polluants présents dans notre environnement sont autant de dangers pour le couple en âge de procréer, pour la vitalité des spermatozoïdes et des ovocytes, au même tire que le tabac. Bref, trop de pollution empêche les gens de se reproduire. Une sorte d’auto régulation de la population planétaire.
Femme enceinte, privilégiez le bio !
Parmi tous les polluants évoqués, quels sont les plus nocifs ?
Les pesticides. Un récent congrès de la Fédération internationale des gynécologues obstétriciens, à Vancouver, en octobre 2015, a clairement recommandé une alimentation sans pesticide durant la grossesse, une alimentation bio. Il faut au moins que les futures mamans privilégient le bio pour les aliments les plus fréquemment consommés, notamment les fruits et légumes, et dans tous les cas bien les laver et les éplucher pour limiter l’ingestion de pesticides. L’impact de tous ces polluants n’est évidemment pas la même quand vous êtes un adulte de 70 kilos ou que vous êtes une petite créature de 6 millimètres dans l’utérus d’une femme. C’est la problématique de la vulnérabilité du fœtus durant la grossesse, sachant que diverses études ont démontré une forte concentration de produits chimiques dans le sang du cordon.
Tous ces polluants ont plus d’incidences sur la santé reproductive de l’homme ou de la femme ?
La plupart des études portent sur la fertilité masculine car il est plus facile d’étudier des spermatozoïdes que des ovules moins accessibles chez la femme. Chez l’homme, toutes les études ont démontré que les pesticides avaient un effet sur le nombre et la mobilité des spermatozoïdes.
Grossesse, supprimez le tabac !
Et ce constat alarmant s’aggrave au fil des ans ?
Oui, absolument. En 40 ans, la concentration moyenne de spermatozoïdes a été divisée par deux.
Outre le fait de privilégier le bio, quels conseils donnez-vous pour augmenter cette fertilité ?
D’abord, arrêter de fumer. C’est une recommandation forte, sachant qu’une cigarette et sa fumée concentrent 4000 produits toxiques. Il faut aussi éviter au maximum l’alimentation en cafétéria et les fast-foods, enseignes qui servent souvent les aliments dans des emballages plastiques contenant des perturbateurs endocriniens, en particulier du bisphenol A. Autre conseil, ne consommez pas de boissons chaudes, café, thé ou chocolat, dans des gobelets en plastique car la plastique chauffé libère aussi des perturbateurs endocriniens. Préférez les gobelets en carton ! Enfin, évitez l’usage intensif d’insecticides et herbicides dans les jardins et à la maison, les parfums d’ambiance et choisissez toujours en priorité des cosmétiques sans parabène.
Retrouvez la liste de tous les gynécologues et endocrinologues de votre ville ou de votre quartier sur https://www.conseil-national.medecin.fr
A SAVOIR
L’Hôpital privé Natecia, première maternité de Rhône-Alpes et deuxième maternité de France avec 4 500 naissances réalisées en 2014, réalise des recherches sur les dangers de l’environnement sur la fertilité humaine.