C’est une première en France : la Haute Autorité de Santé (HAS) recommande désormais un dépistage systématique du cytomégalovirus (CMV) chez toutes les femmes enceintes dont le statut est inconnu ou négatif. Objectif ? Mieux prévenir les complications liées à ce virus souvent méconnu mais aux conséquences parfois graves pour le fœtus. Explications.
Le cytomégalovirus (ou CMV) est un virus très courant. Généralement inoffensif chez les adultes en bonne santé, il peut potentiellement devenir dangereux pendant la grossesse.
Il fait partie de la famille des herpès-virus et se transmet par contact étroit avec des fluides corporels : salive, urine, larmes ou encore sécrétions génitales. Les jeunes enfants, notamment en crèche ou à la maison, sont souvent les principaux vecteurs.
Lorsqu’une femme enceinte contracte le CMV pour la première fois, on parle de primo-infection. Le virus peut alors traverser le placenta et infecter le fœtus, entraînant dans certains cas des conséquences graves : retards de développement, perte auditive, voire atteintes neurologiques sévères.
Selon Santé publique France, environ 1 naissance sur 200 est concernée par une infection congénitale au CMV, et 1 enfant sur 5 touché présente des séquelles à long terme.
Le cytomégalovirus (CMV) : vers un dépistage généralisé dès les premières semaines
CMV : un dépistage recommandé dès le 1er trimestre de grossesse
Jusqu’à présent, en France, le dépistage du CMV n’était pas systématique. Seules certaines femmes enceintes, souvent en fonction de leur médecin ou de leur lieu de résidence, y avaient accès. Résultat : une inégalité flagrante dans la prévention.
La Haute Autorité de Santé (HAS) a donc décidé de changer la donne et d’adapter le parcours de suivi de la grossesse. Dans ses nouvelles recommandations publiées en juin 2025, elle propose un dépistage systématique du cytomégalovirus (CMV) pendant la grossesse, plus précisément au premier trimestre, chez toutes les femmes dont le statut sérologique est négatif ou inconnu. L’objectif ? Identifier au plus tôt les femmes à risque de primo-infection pour leur proposer un suivi adapté, voire un traitement si nécessaire.
Comment se passe ce dépistage du CMV pendant la grossesse ?
Concrètement, il s’agit d’une simple prise de sang qui permet de rechercher deux types d’anticorps :
- Les IgG : qui signalent une ancienne infection (la femme est immunisée),
- Les IgM : qui signalent une infection récente ou en cours.
Si les résultats sont ambigus, un test d’avidité des IgG peut être réalisé pour dater l’infection avec plus de précision. Ce dépistage ne sera pas imposé mais proposé à toutes les femmes enceintes, dans un cadre d’échange éclairé avec le professionnel de santé.
Le cytomégalovirus : nouvelles données, nouvelle stratégie de dépistage prénatal en France
Pourquoi ce revirement de la HAS maintenant ?
Cette décision tranche avec les précédents avis du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP), qui s’était opposé à un dépistage généralisé en 2018 et 2023, estimant que les preuves d’efficacité étaient insuffisantes.
Mais les choses évoluent. De nouvelles études, notamment françaises, ont montré que l’administration précoce d’un antiviral (le valaciclovir) en cas de primo-infection pouvait réduire de deux tiers le risque de transmission du virus au fœtus selon le Rapport de recommandations de la HAS. Une avancée jugée suffisamment solide pour justifier ce dépistage plus large.
Des précautions simples, mais efficaces
En parallèle du dépistage, la HAS rappelle aussi l’importance de mesures d’hygiène simples, en particulier pour les femmes en contact régulier avec de jeunes enfants, les principaux vecteurs du CMV :
- Se laver les mains régulièrement,
- Ne pas partager les couverts, brosses à dents ou tétines,
- Éviter les bisous sur la bouche.
Des gestes du quotidien, mais qui peuvent faire une vraie différence.
Un dispositif évalué pendant trois ans
Attention, cette mesure n’est pas gravée dans le marbre : la HAS prévoit une réévaluation au bout de trois ans. Le but est de vérifier si ce dépistage systématique du CMV pendant la grossesse apporte les bénéfices escomptés en termes de prévention et de santé publique.
Pour cela, un dispositif de recueil de données va être mis en place, ainsi qu’un accompagnement des professionnels de santé pour qu’ils puissent proposer ce test dans de bonnes conditions.
À SAVOIR
Chaque année en France, environ 3 400 bébés naissent avec une infection congénitale au cytomégalovirus (CMV), soit 0,43 % des naissances, d’après le Haut Conseil de la santé publique (hcsp.fr). Parmi eux, 20 % présentent des séquelles durables, notamment des troubles auditifs, cognitifs ou moteurs, selon la Fondation pour l’Audition.








