Une boucherie dont la viande est contaminée par la bactérie E. coli.
Ce n’est pas la première fois qu’un cluster alimentaire de ce type éclate : des précédents ont déjà été observés en 2005, 2011 et 2022. © Freepik

Une trentaine de personnes, majoritairement des enfants, ont été contaminées depuis le mois de juin par la bactérie Escherichia coli dans l’Aisne. Une jeune fille de 11 ans est décédée à la mi-juin, et deux nouveaux cas ont été détectés le 5 juillet. Un lien formel a été établi avec plusieurs boucheries. Que s’est-il passé, pourquoi cette bactérie est-elle dangereuse et surtout, comment s’en protéger ? Le point.

Depuis la mi-juin, un mot circule dans l’Aisne comme une mauvaise rumeur : E. coli. Cette bactérie, qu’on connaît surtout pour ses effets fulgurants sur l’intestin, est aujourd’hui au cœur d’une vraie crise sanitaire locale.

Selon les derniers bilans de l’Agence régionale de santé (ARS) des Hauts-de-France, 32 cas de contamination ont été recensés, dont 30 enfants et 2 personnes âgées. Une fillette de 11 ans est décédée le 16 juin, des suites d’un syndrome hémolytique et urémique (SHU), une complication grave de l’infection à E. coli. Les deux derniers cas détectés le 5 juillet concernent des enfants d’une même fratrie. L’un d’eux a dû être hospitalisé.

E.coli : d’où vient la contamination ?

Ce n’est plus une hypothèse, c’est un fait établi scientifiquement. Grâce à des analyses génétiques poussées, les autorités ont formellement identifié une même souche de la bactérie E. coli chez plusieurs personnes contaminées et dans la viande provenant de cinq boucheries halal de Saint-Quentin, aujourd’hui fermées.

L’Institut Pasteur et le Centre national de référence des Escherichia coli ont confirmé le lien biologique entre les bactéries retrouvées dans les échantillons de viande et celles présentes chez les patients.

Pourquoi la viande est en cause ?

La bactérie Escherichia coli est naturellement présente dans les intestins des ruminants. En cas de manque d’hygiène dans la chaîne de production (abattage, hachage, stockage…), elle peut contaminer la viande. Le steak haché cru ou mal cuit, en particulier chez les enfants, est un vecteur fréquent d’infection.

C’est pourquoi, depuis le 1er juin, les viandes achetées dans les boucheries concernées sont considérées comme potentiellement à risque. Les autorités demandent aux habitants de ne pas les consommer, même congelées, et de désinfecter frigos, plans de travail et ustensiles.

Transmission secondaire : ce n’est pas fini

Deux semaines après la fermeture des boucheries, de nouveaux cas continuent d’apparaître. Pourquoi ? Tout simplement parce que :

  • Le délai d’incubation peut aller jusqu’à 10 jours ;
  • Il existe une transmission secondaire, notamment au sein des fratries : un enfant contaminé peut transmettre la bactérie à ses proches via les mains ou les selles.

C’est pourquoi l’ARS appelle à une vigilance renforcée dans les foyers touchés et à respecter les règles d’hygiène même sans symptômes apparents.

Quels sont les symptômes à surveiller ?

Pas toujours évident de distinguer une infection à E. coli d’une simple gastro, surtout chez les enfants. Pourtant, certains signes doivent alerter sans délai :

  • Diarrhées sanglantes (signe quasi spécifique)
  • Fièvre modérée, douleurs abdominales
  • Fatigue inhabituelle
  • Parfois, absence de selles malgré des douleurs
  • Chez l’enfant : baisse de forme soudaine, vomissements, irritabilité

Et surtout, la complication redoutée : le syndrome hémolytique et urémique (SHU). Il touche majoritairement les enfants de moins de 5 ans, et peut provoquer une insuffisance rénale aiguë. En cas de doute, appeler le 15 est impératif.

Comment s’en protéger efficacement ?

Pas de panique, mais quelques gestes simples d’hygiène alimentaire permettent d’éviter l’essentiel des risques :

  • Bien cuire la viande (à cœur, c’est-à-dire pas rosée à l’intérieur)
  • Se laver les mains avant/après manipulation d’aliments crus
  • Séparer viandes crues et aliments prêts à consommer
  • Nettoyer fréquemment frigo, plans de travail et ustensiles
  • Éviter les steaks saignants chez les jeunes enfants, femmes enceintes et personnes âgées

Le parquet de Saint-Quentin a ouvert une enquête préliminaire dès le mois de juin pour faire toute la lumière sur cette contamination massive. Depuis, l’affaire a été transmise au pôle santé publique du parquet de Paris. Les faits visés sont lourds :

  • homicide involontaire,
  • blessures involontaires,
  • mise en danger de la vie d’autrui,
  • tromperie sur la marchandise ayant un impact sanitaire.

Les investigations visent à comprendre à quel moment de la chaîne la contamination s’est produite. En attendant, quatre boucheries restent fermées, une seule ayant pu rouvrir après inspection sanitaire.

À SAVOIR 

En France, près de 130 à 200 cas de SHU pédiatrique liés à E. coli sont recensés chaque année selon Santé publique France.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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