L'insuffisance rénale est souvent insidieuse chez les patients ©P.Auclair

Les maladies rénales chroniques toucheraient près de 10% de la population française, conduisant parfois à la dialyse voire la greffe. Qu’est-ce qu’une maladie rénale chronique ? Comment la détecter ? Quels sont les traitements ? Interview du docteur Emmanuel Villar, chef de service au CH Saint Joseph Saint Luc à Lyon.

Qu’est-ce qu’une maladie rénale chronique ?

C’est ce qu’on appelle communément l’insuffisance rénale qui se caractérise par une diminution de la fonction du rein et du filtre rénal, autrement dit la difficulté voire l’incapacité pour l’organe d’épurer certaines substances comme la créatine ou l’urée que l’on va retrouver dans le sang des patients. C’est la raison pour laquelle auparavant, on parlait d’urémie pour les insuffisants rénaux.

Quels sont les symptômes de l’insuffisance rénale ?

Au début, la maladie est asymptomatique, autrement dit il n’existe pas de signes cliniques d’apparition de cette pathologie. C’est pourquoi le dépistage est essentiel, notamment chez les patients à risques.

 

Diabète et hypertension, ennemis du rein

Qui sont ces patients Ă  risques ?

D’une part, les diabétiques souffrant de diabète de type I ou de type II. D’autres part, les patients souffrant d’hypertension artérielle ou d’une maladie cardio-vasculaire au sens large. Les sujets dont les parents ont souffert ou souffrent d’insuffisance rénale sont aussi à surveiller car il s’agit parfois d’une maladie héréditaire. Enfin, un dépistage est vivement recommandé pour les personnes ayant subi certains actes chirurgicaux ou thérapeutiques.

Et si l’insuffisance est vraiment très avancée ?

Dans ce cas, on voit apparaître des signes cliniques comme des nausées, des vomissements, une anorexie, une prurit (Ndlr : la « gratte »), une anémie (baisse des globules rouges) et des troubles du calcium et du phosphore pouvant déboucher sur des anomalies osseuses.

Au stade ultime, quel est le risque pour l’insuffisant rénal ?

La mort car on ne peut pas survivre sans fonction rĂ©nal. Il faut donc mettre en place un traitement de supplĂ©ance, soit par dialyse, soit par transplantation rĂ©nale. Dans ce cas, on se trouve confrontĂ© Ă  des contraintes extrĂªmement importantes, que ce soit dans le cadre d’une hĂ©modialyse, en gĂ©nĂ©ral 3 demi-journĂ©es par semaine, ou pour une dialyse pĂ©ritonĂ©ale.

Insuffisance rénale et régime alimentaire

Comment traiter l’insuffisance rénale si la maladie est prise à temps ?

La prioritĂ© est de prendre en charge la cause de maladie, c’est-Ă -dire le diabète le cas Ă©chĂ©ant et l’hypertension. On dispose aussi de traitements nĂ©phro-protecteurs qui vont protĂ©ger les reins du patient mais aussi son système cardio-vasculaire. Enfin, d’autres traitements vont Ăªtre administrĂ©s pour limiter les complications liĂ©es Ă  l’anĂ©mie ou aux troubles du calcium et du phosphore.

Faut-il aussi s’astreindre à certaines contraintes alimentaires ?

Oui. Pour les diabétiques, il faut un régime strict pour contrôler l’apport en glucides. Pour les autres insuffisants rénaux, il est important d’avoir une alimentation équilibrée avec peu de protéines et surtout avec un minimum de sel, 6 à 8 grammes maximum par jour, pour réduire les risques cardio-vasculaires.

Dépister la maladie rénale très tôt

Il y a donc un lien entre le cÅ“ur et la fonction rĂ©nale ?

Oui, la maladie rĂ©nale s’inscrit parmi les principaux facteurs de risques cardio-vasculaires. On est dans une sorte de cercle vicieux : l’hypertension artĂ©rielle gĂ©nère une insuffisance rĂ©nale qui, elle mĂªme, va aggraver l’état cardio-vasculaire du patient. Il faut donc casser ce cercle vicieux.

Concrètement, comme se déroule un dépistage des maladies rénales chroniques ?

La mesure de la fonction rĂ©nale s’effectue grĂ¢ce Ă  une prise de sang avec un marqueur, la crĂ©atinine, protĂ©ine musculaire Ă©liminĂ©e par les reins. Quand les reins fonctionnent moins bien, cette molĂ©cule est moins bien Ă©liminĂ©e et prĂ©sente un taux Ă©levĂ© dans la prise de sang. Un prĂ©lèvement urinaire analysĂ© par bandelette ou au laboratoire est Ă©galement pratiquĂ© pour vĂ©rifier si le filtre urinaire ne laisse pas passer des protĂ©ines et des globules rouges car, en principe, on ne retrouve pas ces Ă©lĂ©ments dans les urines. Enfin, on prend systĂ©matiquement la tension artĂ©rielle du sujet pour dĂ©tecter une Ă©ventuelle hypertension artĂ©rielle.

Retrouvez la liste de tous les nĂ©phrologues et spĂ©cialistes des maladies rĂ©nales sur www.conseil-national.medecin.fr

Ă€ SAVOIR

En France, 5 à 10% des adultes présentent un dysfonctionnement du rein. Il y a 45 000 personnes dialysées dans notre pays, dont 90% en hémodialyse et 10% en dialyse péritonéale. Chaque année, plus de 10 000 personnes débutent la dialyse. Enfin, 35 000 insuffisants rénaux sont porteurs d’un greffon rénal fonctionnel.

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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