La pollution atmosphérique est impliquée dans au moins huit maladies chroniques graves. Cancer, AVC, asthme, bronchite ou encore diabète… Une enquête de Santé publique France a révélé à quel point la qualité de l’air, bien qu’en amélioration, restait dangereuse pour notre santé. Une semaine après sa publication, l’un des auteurs de l’étude, l’épidémiologiste Jean-Marc Yvon, est venu étayer ces constats alarmants sur le plateau de l’émission Votre Santé du mardi 4 février 2025.
L’air que l’on respire au quotidien, et notamment dans le bassin lyonnais, a un lourd impact sur notre santé. Fruits de la pollution atmosphérique, les particules fines sont à l’origine de milliers de décès silencieux. C’est en substance ce qu’a révélé l’étude menée par Santé publique France sur des statistiques établies entre 2016 et 2019, et officiellement rendue publique le 29 janvier dernier (lire ici notre article).
Ces révélations, qui viennent poser des chiffres sur une problématique identifiée de longue date, ajoutent à une inquiétude légitime quant aux effets délétères de notre air pollué. Et aux attentes quant à une amélioration de la situation.
Épidémiologiste à Santé publique France, Jean-Marc Yvon est l’un des auteurs de cette étude, dont il détaille les principaux enseignements à l’occasion de son passage dans l’émission Votre Santé du 4 février 2025, sur le plateau de BFM TV Lyon.
Pollution de l’air ambiant : “il faut poursuivre les efforts”
L’air que nous respirons est-il très pollué ?
La qualité de l’air s’améliore depuis quelques années, malgré le fait qu’il n’y ait pas de seuil en dessous duquel il n’y aurait pas d’impact pour la santé. Mais même si cette qualité de l’air s’améliore, elle reste le premier facteur de risque environnemental pour la santé.
Quelles sont les pollutions observées dans le cadre de votre étude ?
Ce qu’on suit actuellement, ce sont des indicateurs de pollution. Notre étude a travaillé sur les particules fines, ce qu’on appelle les pm2,5 et les oxydes d’azotes qui sont des polluants émis principalement par le trafic routier. L’air est constitué d’un mélange très complexe de polluants, avec un tas de molécules différentes. Mais ce sont bien ces deux indicateurs qui nous permettent de qualifier la pollution de l’air et son impact.
Faut-il être alarmiste ?
Je crois que le message à retenir c’est qu’il y a des efforts qui ont déjà été faits pour diminuer la pollution de l’air. Mais que cette problématique reste un enjeu de santé publique très important. Il faut continuer les efforts et réduire les niveaux de pollution de l’air. Toute réduction du niveau de pollution de l’air aura des bénéfices pour la santé de la population.
“Les principales maladies sont d’ordres cardiovasculaires et respiratoires”
Quelles sont les maladies provoquées par la pollution ?
Les principales maladies sont d’ordres cardiovasculaires et respiratoires. La pollution de l’air a des effets sur d’autres maladies mais dans notre étude, nous avons travaillé sur huit maladies. Des maladies cardiovasculaires, tel l’infarctus du myocarde et l’AVC…, des maladies respiratoires comme l’asthme chez l’enfant, la bronchite chronique chez l’adulte, le cancer du poumon ainsi qu’une maladie métabolique qu’on appelle le diabète de type 2, qui est tout simplement le diabète de l’adulte.
Est-ce qu’il y a des populations plus exposées que d’autres ?
Il y a des populations plus exposées, notamment celles qui vont être confrontées à des niveaux de pollution plus importants. Il y a effectivement des populations plus fragiles, à l’image des enfants dont l’appareil respiratoire, en développement, les rend plus sensibles à cet effet de la pollution. On peut aussi citer les personnes âgées, celles qui ont déjà des maladies chroniques ou même les fumeurs, qui ont déjà beaucoup endommagé leurs poumons avec le tabac.
Car la pollution de l’air a bien deux effets sur la santé : elle peut aggraver des pathologies déjà existantes liées à d’autres causes, ou être à l’origine de l’une ou l’autre de ces pathologies chroniques.
Avez-vous des conseils à donner sur de bonnes pratiques à adopter ?
Pour diminuer la pollution de l’air, il faut à la fois des actions collectives et des actions individuelles. Les principales principales sources de pollution sont le chauffage au bois, notamment en termes de particule fines, les transports avec les gaz d’échappement des véhicules, l’industrie et l‘agriculture. Pour diminuer la pollution, il faut donc agir sur l’ensemble de ces sources.
Et le bénéfice peut être double. Par exemple, en promouvant les mobilités tractives (marche, vélo, transports en commun), on aura un gain lié à la diminution de la pollution mais aussi des bénéfices sanitaires importants sur l’activité physique qui va être généré, sur une diminution de l’exposition au bruit, sur un développement des espaces verts qui ont une incidence positive sur la santé mentale…
Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du 4 février 2025 sur Ma Santé TV.
À SAVOIR
Le résumé et les résultats de l’étude sur l’impact de la pollution de l’air ambiant sur la santé sont à consulter sur le site de Santé publique France.