Alors que 91% des plus de 85 ans vivent à domicile, la question du maintien de l’autonomie des séniors est devenu un enjeu de santé publique. Face au modèle de l’Ehpad, en perte d’attractivité, les Français veulent vieillir chez eux. Une tendance de fond qui s’accompagne d’initiatives concrètes, à l’échelon national mais également régional. La Mutualité Française, en Auvergne-Rhône-Alpes, déploie ainsi plusieurs expérimentations en faveur de la lutte contre la perte d’autonomie des séniors.
Un tiers des Français, en 2060, aura plus de 60 ans. La population vieillit et le phénomène accentue la problématique de l’autonomie des séniors. 91% d’entre eux nourrissent la ferme intention de vieillir paisiblement à la maison. Cette volonté farouche, conjuguée à l’image déclinante de l’Ehpad, incite au développement de politiques actives en faveur de lutte contre la perte d’autonomie.
Cette lame de fond est aussi accompagnée sur le plan régional. C’est notamment le cas en Auvergne-Rhône-Alpes, où les Unions Territoriales de la Mutualité Française développent plusieurs projets concrets en faveur du maintien de l’autonomie.
”Pôle bien-être autonomie” : se sentir bien pour mieux vieillir
Dans l’Allier, deux services de soins infirmiers à domicile (SSIAD), à Moulins et Saint-Pourçain-sur-Sioule expérimentent ainsi une nouvelle offre de soin complémentaire autour du bien-être. “La bonne qualité de vie à domicile n’est pas facile à mesurer, car elle relève de l’intimité”, explique Michèle Gauthier, présidente de la Mutualité Française Allier. “On sait que les soins du bien-être améliorent la confiance en soi, et donc le maintien se l’autonomie”. L’idée est donc de proposer aux personnes les plus fragiles, psychologiquement et physiquement, un ”programme du renforcement du bien-être”, à travers divers soins non médicaux autour de la nutrition, du massage, du soin esthétique…
Ce pôle ”bien-être autonomie”, initié à la base par le SSIAD d’Annecy (Haute-Savoie), est également en test dans l’Ain et pourrait aussi être développé à Vichy (Allier).
Autonomie : les bienfaits de l’Ehpad, mais à la maison
Les personnes âgées étant généralement réfractaires à aller vers l’Ehpad, c’est aujourd’hui l’Ehpad qui vient vers elles. Ce nouveau modèle baptisé Dispositif Renforcé d’Accompagnement à Domicile (DRAD) permet aux séniors de bénéficier chez eux des mêmes services qu’à l’Ehpad, ce que les services classiques d’aide à domicile ne peuvent assurer en globalité.
Le dispositif est actuellement testé depuis 23 établissements en France. L’un d’eux se situe en Isère, à Charvieux-Chavagnieux. Dans les communes environnantes (Pont-de-Chéruy, Crémieux, Chavanoz…), un référent de la Mutualité Française se déplace chez les bénéficiaires du dispositif pour établir leurs besoins et coordonner les actions, qui vont de l’adaptation du logement à l’aide à la vie quotidienne en passant par le soutien aux aidants, certains soins gériatriques et diverses activités. “Il ne s’agit pas d’une passerelle vers l’Ehpad”, assurer Martine Vial Jaime, la présidente de la Mutualité Française en Isère. “L’objectif est bien que la personne puisse rester le plus longtemps possible à domicile”.
Téléassistance : des solutions innovantes pour sécuriser le maintien à domicile et l’autonomie
La téléassistance est devenue l’un des maillons clé du maintien à domicile. Dans l’Ain, la Mutualité Française a déployé il y a une trentaine d’année le service de Téléassistance de Proximité MUTAIN. Son rôle est de sécuriser les personnes âgées à leur domicile et de faciliter leur quotidien. Ce dispositif, pionnier à l’époque, s’affine au fil des avancées technologiques et se décline en bracelets, montres, paires de lunettes, colliers, box, tablettes…
Ces dernières années, neuf solutions innovantes ont ainsi été développées et testées par près de 650 séniors : actimétrie (captation des mouvements insolites durant le sommeil), géolocalisation, cheminements lumineux pour prévenir les chutes durant la nuit, cadre photo connecté à un boîtier de téléalarme…
Vers des soins dentaires plus faciles d’accès
Les personnes âgées font partie des premières victimes du manque d’accès aux soins bucco-dentaires, de plus en plus problématique. Et ce d’autant plus que les besoins augmentent avec l’âge. La Mutualité Française appuie là aussi plusieurs projets en faveur des séniors.
Un grand centre dentaire ouvrira ses portes à Chambéry (Savoie) en janvier 2022. Il proposera notamment des soins adaptés aux personnes âgées dépendantes, qu’elles soient à domicile ou en Ehpad. Autre initiative, “en matière d’innovation, un partenariat est en cours avec une start-up lyonnaise afin de généraliser l’accès à des examens bucco-dentaires dans les établissements accueillant des personnes âgées ou en situation de handicap avec lesquels nous avons contractualisé des conventions d’assistance”, annonce l’UNARA (Union Nord Auvergne-Rhône-Alpes de la Mutualité Française).
À SAVOIR
La Fédération Nationale de la Mutualité Française est le principal groupement de mutuelles de santé en France. L’Union Nord Auvergne-Rhône-Alpes de la Mutualité Française regroupe les unités territoriales de l’Ain, de l’Allier, de l’Isère, du Rhône et des Pays de Savoie. L’UNARA assure la gestion de 108 établissements dans les secteurs du grand âge, de la petite enfance, du soin infirmier, du handicap, de l’optique, de l’audition ou encore des soins dentaires. Cette offre de services assurée par 2250 salariés permet l’accompagnement de 20 204 bénéficiaires.