Le jeûne est une pratique de plus en plus courante.
Avant de se lancer dans un jeûne, il est important d'en parler à son médecin. @Freepik

Le jeûne n’est pas si jeune ! Cette pratique à la mode était déjà recommandée par le philosophe Socrate il y a 2500 ans. D’après lui, jeûner « aiguiserait l’esprit ». Expérience holistique ou atout santé ? Complet ou intermittent? Comment s’adapte l’organisme face à la privation de nourriture ? Le point avec le Dr Yann Matussière, médecin nutritionniste au Centre Lyonnais de Chirurgie Digestive.

Le jeûne est une pratique de plus en plus courante, mais néanmoins traumatisante pour l’organisme. Heureusement, le corps est bien fait ! Lorsqu’il n’est plus alimenté, il active des mécanismes pour fonctionner et continuer à vivre. Glycogénolyse, néoglucogenèse, cétogenèse … Ces phases progressives permettent d’épuiser les réserves de sucres pour aller puiser petit à petit dans les graisses. Le jeûne, un régime à recommander ? Le point avec le Dr Yann Matussière, médecin nutritionniste à Lyon. 

Le jeûne consiste à se priver de nourriture pour reposer l’organisme.

Qu’est-ce que le jeûne ?

Le jeûne est la privation totale ou partielle de nourriture solide et liquide (hormis l’eau) sur une période donnée. Il s’agit d’une pratique ancestrale revenue à la mode. Son objectif est de mettre au repos le système digestif.

Existe-t-il différents types de jeûne ?

Il y a de nombreux programmes pour jeûner, plus ou moins courts ou prolongés. Les plus connus sont le jeûne complet et le jeûne intermittent. Le premier consiste à ne pas manger ni boire hormis de l’eau. Le second peut se faire sous différentes formes : alterner 8h d’alimentation pour 16h de jeûne (sauter un repas) ou le régime 5:2 qui consiste à avoir une consommation normale pendant cinq jours et une alimentation hypocalorique pendant deux jours (500 calories maximum par jour pour les femmes et 600 pour les hommes).

Quels sont les bienfaits du jeûne ?

De nombreuses études ont été faites sur les animaux mais peu sur l’être humain. Sous réserve d’études complémentaires sur l’homme, jeûner permettrait un amaigrissement modéré chez les personnes souffrant d’obésité. Étant précisé qu’un régime équilibré aura plus ou moins les mêmes effets selon les personnes. Il améliorerait également la résistance à l’insuline, la dyslipidémie (taux élevé de lipides), le stress oxydatif, l’hypertension, les troubles métaboliques et les douleurs inflammatoires. Il préviendrait les maladies neuro-dégénératives. 

Comme réagit l’organisme pendant un jeûne ?

Lorsque l’on mange, le corps va transformer les calories des aliments en glucose. Le glucose va être utilisé pour fabriquer de l’énergie dans les cellules (la glycolyse). En parallèle, le glucose est aussi stocké dans le foie et dans les muscles sous forme de glycogène. Tout cela est fait sous l’action de l’insuline. C’est la glycogénolyse, c’est-à-dire la fragmentation du glycogène en plusieurs molécules de glucose.

Au bout de douze heures sans manger, le corps commence à sentir un manque. Pour continuer à générer de l’énergie, la sécrétion d’insuline permettant de stocker le glucose dans le foie baisse au profit d’une autre hormone appelée glucagon, c’est la glycogénogénèse. En libérant du glucose, cette dernière stabilise le taux de sucre dans le sang. Au bout de 48h les sources de glucose sont épuisées. Le corps va donc trouver des substituts dans les graisses et les muscles qu’il transforme en glucose, c’est la néoglucogenèse. 

Pour ne pas trop puiser dans les protéines musculaires et préserver la mobilité du corps, un autre mécanisme se met en place au bout de 72h : la cétogenèse. À partir de là, le corps commence vraiment à aller chercher ses ressources dans les graisses. 

Jeûner n’est pas conseillé en cas de maladie ou de grossesse.

Y a-t-il des contre-indications ?

Il faut être en bonne santé pour jeûner. En effet, une personne atteinte d’un cancer qui jeûne se met en danger. Elle va perdre du poids, s’affaiblir et n’aura pas les ressources nécessaires pour faire face à la maladie qui agresse son organisme. Qui plus est, les traitements seront moins bien supportés. Jeûner est également déconseillé aux femmes enceintes. D’ailleurs, ces dernières ainsi que les personnes malades et les personnes âgées ont la possibilité d’être dispensées de faire le ramadan (dans la religion musulmane, jeûne prescrit par le Coran).

Le jeûne, une pratique à recommander ?

Depuis cent ans nous avons la chance d’avoir un accès facile à la nourriture. Ce qui favorise une consommation supérieure à nos besoins et donc un surpoids. Le jeûne peut être le moyen de réajuster ses habitudes alimentaires. Comme le dit le Dr Yann Matussière « les personnes qui ont tendance à trop manger peuvent trouver à travers le jeûne un moyen de revenir à un juste équilibre ». Jeûner n’étant pas un acte anodin, il est recommandé d’en parler à son médecin avant de se lancer. 

Témoignage : “un jeûne complet ne doit pas être réalisé à la légère”

“J’ai observé cet été, en compagnie de mon mari, un jeûne complet d’une semaine à Saint-Malo, avec 3 heures de yoga et 1h30 de balade chaque jour”, explique Anne, de Lyon (Rhône). “Ma première motivation était de me détoxiquer et de retrouver une alimentation plus saine. je voulais me sentir mieux dans mon corps et, aussi, perdre un peu de poids.

La semaine d’adaptation, où l’on retire peu à peu les différents aliments de nos habitudes, s’est très bien passée. Mais la semaine du jeûne lui-même n’a pas été si facile : je n’ai pas souffert de la faim, mais j’ai ressenti des maux de tête, quelques nausées, et j’étais parfois de mauvaise humeur. Puis je me suis sentie très fatiguée. Jusqu’à ce que le corps reprenne peu à peu le dessus au fur et à mesure de la reprise d’une alimentation normale. Cela démontre qu’un jeûne ne doit pas être réalisé à la légère : il faut être bien conseillé et bien entouré, ce qui fut notre cas.

Aujourd’hui, j’en mesure en tout cas tous les bienfaits : j’ai perdu 5 kilos et, surtout, je me sens beaucoup plus dynamique, mieux dans mon corps et dans ma tête. Alors que je m’astreins depuis à un jeûne intermittent de 24 heures une fois par semaine, je songe même à rééditer l’expérience du jeûne complet une fois par an”.

À SAVOIR

On retrouve une période de jeûne dans les trois religions monothéistes : le carème chez les chrétiens, Yom Kippour chez les juifs et le ramadan chez les musulmans. 

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Audrey Rollet, alias La plume d'Adam, est l'une des principales rédactrices expertes en forme, santé et bien-être du Groupe Ma Santé. Ses domaines de prédilection ? Les sujets sexo, maman et gynécologie, et dans un tout autre registre la santé animale.

2 Commentaires

  1. Bonjour,

    Je signale cet article : https://ma-sante.news/le-jeune-est-ce-si-bon-pour-la-sante/
    qui contient des informations erronées et dangereuses, concernant le jeûne.

    Le “médecin” n’est pas au courant des recherches des dernières décennies qui expliquent pourquoi le jeûne fonctionne et est recommandé avant une chimio (lorsque nous avons encore assez de force bien sûr). Il ignore également que l’évolution de l’espèce humaine s’est faite sur le jeûne…

    Il est illégal de diffuser de fausses informations , et il s’agit d’un cas aggravant lorsqu’il est question du domaine de la santé. Je vous préviens afin que vous puissiez faire le nécessaire.

    bonne continuation !

    • Bonjour,
      merci pour votre commentaire.
      Le médecin nutritionniste interrogé dans le cadre de cet article grand public ne pose aucun interdit spécifique sur le jeûne. Il insiste simplement sur le fait que cette pratique doit être contrôlée et ne doit pas être effectuée sans avis médical, notamment en cas de pathologies. L’objectif de nos contenus est systématiquement préventif et pédagogique : ils ne se substituent nullement à de véritables consultations médicales.
      Cordialement,
      La rédaction de Ma Santé

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