Selon une étude menée dans six établissements spécialisés de la région lyonnaise, la pratique de jeux améliorerait le bien-être des malades souffrants d’Alzheimer. Une approche ludique originale pour mieux vivre la maladie.
Le jeu peut-il améliorer le quotidien des patients souffrant d’Alzheimer ? Oui, estiment les experts de l’Institut du Bien Vieillir qui viennent de révéler les résultats d’une étude scientifique réalisée dans six Ephad (Etablissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) de la région lyonnaise (groupe Korian), étude pilote menée durant quatre mois.
Alzheimer, échapper à l’ennui
Concrètement, les expériences menées auprès de 54 résidents d’unités spécialisées Alzheimer prouve que cette approche ludique a “un impact très significatif sur la qualité de vie des patients“, selon le professeur Pierre Krolak-Salmon, responsable du Centre de recherche clinique “Vieillissement, cerveau, fragilité” au CHU de Lyon, qui a également observé une baisse de certains troubles des comportements très handicapant comme les déambulations, l’apathie, voire les angoisses nocturnes lorsque les jeux sont proposés en fin d’après-midi ou en soirée.
De fait, le jeu permet d’échapper à « l’ennui et à l’angoisse de la mort en étant centré sur l’instant présent », de « libérer Les tensions et de renforcer l’estime de soi », insiste Cédric Gueyraud, responsable du Centre national de formation aux métiers du jeu et du jouet (FM2J), partie prenante également dans cette étude avec le Ludopole de Lyon et le Centre de recherche clinique de l’hôpital des Charpennes, à Lyon.
Des jeux de construction pour redonner confiance
Cette amélioration comportementale significative des patients s’inscrit dans le cadre d’une méthode originale, bien différente des “ateliers jeux” imposés par petits groupes dans certains établissements spécialisés, séances collectives surtout destinées à “tuer le temps” dans le quotidien des malades. Durant cette étude, la soixantaine de résidents impliqués dans cette étude s’est ainsi vu proposer une série de jeux variés, adaptés aux capacités de chacun, par séances de 45 minutes.
Des activités ludiques – essentiellement des jeux de construction plutôt que des jeux de société – choisit librement par les patients, sous le contrôle du personnel soignant présent surtout pour que les “joueurs” ne se trouvent pas en situation d’échec. Une démarche positive, non traumatisante, non infantilisante, dont les bienfaits avérés demandent désormais à être confirmés par d’autres études à plus grande échelle.
A savoir
– La maladie d’Alzheimer touche une personne sur vingt parmi les plus de 65 ans (soit 5% des plus de 65 ans) et une personne sur six parmi les plus de 85 ans (soit 15% des plus de 85 ans).
– Plus de 900 000 personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer en France.
– Les femmes sont plus exposées à cette maladie : sur 25 malades, 10 sont des hommes et 15 des femmes.
– On dénombre 160.000 nouveaux cas d’Alzheimer par an en France.
– Selon l’INSEE, compte tenu de la progression de l’espérance de vie, 1,3 millions de français pourraient souffrir de la maladie d’Alzheimer d’ici à 2020.