
En France, l’espérance de vie ne cesse d’augmenter… mais la qualité de ces années supplémentaires interroge. Selon les dernières données officielles de la DREES, à partir de 65 ans, les Français peuvent espérer vivre entre 10 et 12 années en bonne santé, sans incapacité majeure. Que cachent vraiment ces chiffres ? On vous explique.
C’est une question qu’on se pose tous, souvent à voix basse et parfois bien trop tard : combien de temps vais-je vivre… en pleine forme ? Car si l’espérance de vie grimpe en flèche depuis des décennies, cela ne veut pas dire que toutes ces années supplémentaires seront vécues sans douleur, sans perte d’autonomie ou sans contraintes.
Or, selon la dernière étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques), publiée en partenariat avec l’Insee, un Français de 65 ans peut espérer vivre en moyenne 10,3 années en bonne santé.
Côté femmes, c’est un peu mieux : 11,7 ans. Chez les hommes, un peu moins : 9,4 ans. Ces chiffres datent de 2023 et reposent sur une définition précise de la « bonne santé » : l’absence de limitations sévères dans les activités de la vie quotidienne.
Vieillir, oui… mais en forme, s’il vous plaît !
C’est quoi « être en bonne santé » à 70 ou 80 ans ?
Attention, ici, on ne parle pas d’avoir zéro rhumatisme ou de courir un semi-marathon à 75 ans (même si, pour certains, c’est encore possible). « Être en bonne santé » signifie vivre sans incapacité majeure : se lever seul, faire ses courses, marcher, s’habiller, se nourrir sans aide… En somme, rester autonome, même avec une petite canne ou des lunettes à triple foyer.
La DREES utilise une mesure européenne appelée espérance de vie sans incapacité (EVSI), qui distingue deux choses :
- L’espérance de vie totale : autour de 85 ans pour les femmes et 79 ans pour les hommes en France.
- L’espérance de vie sans incapacité : 11,7 ans pour les femmes et 9,4 ans pour les hommes à partir de 65 ans (DREES, 2023).
Cela signifie donc que près de la moitié des années restantes après 65 ans sont vécues avec une limitation physique ou cognitive.
La France progresse (un peu)
C’est discret, mais réel. Depuis 2008, le nombre d’années passées en bonne santé après 65 ans a augmenté de près de deux ans. Une amélioration lente, mais continue, selon la DREES.
Pourquoi ? Plusieurs raisons :
- De meilleurs dépistages des maladies chroniques.
- Une meilleure prise en charge des facteurs de risque (diabète, hypertension, cholestérol…).
- Une attention accrue portée au bien vieillir, à la prévention, au sport adapté.
Mais il y a un revers à la médaille. L’écart entre les catégories sociales reste important. Les personnes ayant eu une vie professionnelle pénible ou exposée vivent moins longtemps en bonne santé que les autres.
Un enjeu majeur pour notre système de santé
Ce chiffre de 10 à 12 ans en bonne santé n’est pas qu’une statistique, c’est un marqueur clé pour anticiper la dépendance, les besoins en soins, en aidants, en structures adaptées. En 2030, un Français sur trois aura plus de 60 ans. Et en 2050, plus de 5 millions de personnes auront plus de 85 ans selon l’Insee.
Cela veut dire :
- Plus de besoins en services à domicile.
- Une pression croissante sur les EHPAD.
- Et un vrai défi pour la prévention de la perte d’autonomie.
Alors oui, on vit plus longtemps. Mais pour que ces années soient vécues debout, souriants, autonomes, il faut s’y préparer : manger équilibré, bouger (même doucement), rester socialement actif, et surtout anticiper dès 50 ans.
À SAVOIR
En France, les femmes vivent plus longtemps… mais en moins bonne santé. Selon l’Insee, elles passent en moyenne 47 % de leurs années après 65 ans avec des limitations, contre 42 % pour les hommes.







