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Les six vaccindromes financés par la Région permettront de vacciner jusqu'à 100 000 personnes par semaine contre la Covid-19 ©P.Auclair

De Lyon à Grenoble, de Clermont-Ferrand à Valence, des vaccinodromes géants implantés dans les principales métropoles d’Auvergne-Rhône-Alpes. Mais aussi des purificateurs d’air et des capteurs de CO2 dans les lycées, ainsi que des distribution d’autotests. Alors que l’épidémie de coronavirus semble en voie de stabilisation, Yannick Neuder, vice-président de la Région en charge de la Santé, fait le point sur les initiatives en AuRA pour réduire la pression dans les hôpitaux.

En tant que praticien hospitalier, cardiologue, et vice-président chargé de la Santé à la Région, sentez-vous une amélioration sensible de la situation sanitaire en Auvergne-Rhône-Alpes ?

Yannick Neuder : Non, pas vraiment. Les indicateurs évoluent mais ils bougent très doucement. Le nombre de décès et de personnes en réanimation restent stable. La couverture vaccinale, quant à elle, progresse mais lentement. Dans ce contexte, tout pourrait être rapidement remis en cause si un nouveau variant apparaissait ou prédominait . A mon sens, il faudra attendre au moins l’automne pour avoir une vision stabilisée, sous réserve d’une couverture vaccinale suffisante.

En attendant, cela nécessite d’avoir une relation de confiance avec la population. Or, certaines affirmations et promesses non tenues ont sans doute altéré cette relation de confiance. On le paie aujourd’hui si j’en juge par la défiance d’une partie de la population par rapport aux décisions des pouvoirs publics. Il est donc fondamental de rappeler que l’allégement des règles sanitaires ne signifie pas la fin de d’épidémie. Ce n’est pas le moment de baisser la garde et d’oublier les gestes barrières !

 

Yannick Neuder : “toujours un temps de retard face à la pandémie”

De fait, le gouvernement a fixé un échéancier de déconfinement progressif. N’est-ce pas un peu prématuré compte tenu de la situation sanitaire dans la région Auvergne-Rhône-Alpes ?

Yannick Neuder région Auvergne-Rhône-Alpes
Yannick Neuder (Région AuRA) ©DR

Il est délicat de critiquer les décisions prises car la situation n’est pas simple. Cela étant, il faut bien admettre que l’on est en retard sur de nombreux pays.

Par ailleurs, il y a eu beaucoup d’erreurs de communication commises depuis le début de l’épidémie. Que ce soit sur l’usage des masques, la campagne de dépistage, les vaccins, les auto tests…

On y arrive mais avec toujours un décalage, un temps de retard. En France, on pourrait être beaucoup plus efficace si on s’appuyait davantage sur les Régions.

 

Depuis le début de l’épidémie, Auvergne-Rhône-Alpes fait partie des zones très impactées par la Covid-19. Paradoxalement, la région a été très en retard en matière de vaccination. Pourquoi ?

Je ne sais pas… On n’a pas tout compris dans la répartition des doses au niveau national. Partant de là, nous avons décidé d’investir 12 millions d’euros pour rattraper une partie de ce retard avec l’implantation de vaccinodromes dans toute la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Ils sont ou seront ouverts à Alpexpo (Grenoble-Isère), Rochexpo (La-Roche-sur-Foron, Haute-Savoie), au Groupama Stadium (Lyon-Décines, Rhône), ainsi que dans la Grande Halle d’Auvergne (Clermont-Ferrand, Puy-de-Dôme) et à la Maison de la Vie Associative (Valence, Drôme). D’autres sont à l’étude ou en cours de validation.

Parallèlement, nous allons aider au financement de 160 centres de vaccination municipaux ou intercommunaux. Ce soutien actif permettra la vaccination de 100 000 personnes supplémentaires, chaque semaine, en Auvergne-Rhône-Alpes.

 

Dépistage Covid : tester au maximum les jeunes

La Région a aussi organisé avant Noël une grande opération de dépistage de la population. Quel bilan tirez-vous ? Cette opération sera-t-elle rééditée ?

Cette campagne régionale inédite s’est révélée très positive car elle correspondait à une réelle attente de la population. Avant les fêtes, on a pu ainsi dépister 800 000 personnes. Sachant que 30 000 tests se sont révélés positifs, et compte tenu du taux élevé de contamination en décembre, ce sont 100 000 contaminations qui ont ainsi pu être évitées.

 

A quoi serviront les tests non utilisés ?

On envisage de les transformer en autotests. Cela permettra notamment de compléter le dispositif auprès des jeunes avec une mise à disposition de ces outils de dépistage dans les centres de formation, les écoles professionnelles, certains centres de production. Il seront aussi diffusés en soutien, notamment dans les établissements d’enseignement supérieur.

 

Capteurs et purificateurs dans les lycées

De fait, les salles de classe et les amphis sont souvent des nids à virus. L’installation de purificateurs d’air, présentés la semaine dernière au Lycée du Parc, à Lyon, constitue-t-elle une solution à cette problématique ?

Oui, clairement. Il est urgent de mettre nos élèves en sécurité. La Région a donc investi 10 millions d’euros pour financer des purificateurs d’air dans les lycées. Plus de 2 500 ont déjà été installés. On espère que tous les établissements de la Région en seront dotés avant la rentrée de septembre. Ce sont les proviseurs les derniers décisionnaires. C’est pourtant essentiel dans les réfectoires et les cantines, principaux lieux de contamination car il est impossible d’y porter un masque.

Par ailleurs, toujours dans les lycées, nous avons lancé une expérimentation. 30 000 euros ont été débloqués pour implanter 80 capteurs de CO2 dans quinze établissements d’Auvergne-Rhône-Alpes dépourvus de VMC. On sait que les pièces chargées de particules fines, mal ventilées, favorisent la circulation du virus. Or, plus de 90% des contaminations sont aéroportées. Avec ces capteurs, il sera donc simple de savoir quand il faut ouvrir la fenêtre pour limiter les risques de diffusion de la Covid-19.

 

Vous êtes vice-président de la région en charge de la Santé mais aussi cardiologue au CHU de Grenoble. En tant que praticien, comment vivez-vous cette pandémie ?

C’est dur au quotidien. Notre CHU, comme les autres, a été très impacté. Nos services sont toujours sous tension. Cela a nécessité de profondes réorganisations. Aujourd’hui, on se retrouve confronté à deux problèmes. D’une part, un épuisement manifeste des personnels de santé médicaux et para médicaux. Avec, en plus, une grande difficulté à pourvoir les postes vacants. D’autre part, un taux très élevé de déprogrammation d’opérations chirurgicales. De l’ordre de 70%. Cela fait planer un risque d’exposition de la mortalité à moyen terme. En particulier dans les services de cardiologie et de cancérologie. Difficile, dans ces conditions, d’être vraiment serein avant l’automne…

 

A SAVOIR

Outre l’installation de purificateurs d’air et de capteurs de CO2 dans les lycées d’Auvergne-Rhône-Alpes, la Région a aussi renforcé le dispositif sanitaire avec la distribution de 540 000 masques depuis la rentrée. Chaque lycéen s’est ainsi vu doté de deux masques.
La Région s’est également entourée d’un Comité scientifique présidé par Bruno Lina, pour guider l’action de la Région et accompagner les politiques régionales.

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Enfant des radios locales, aujourd'hui homme de médias, il fait partager son expertise de la santé sur les supports print, web et TV du groupe Ma Santé AuRA.

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