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La migraine est une véritable maladie qui toucherait 10 millions de Français. ©wayhomestudio_Freepik

Sensibilité à la lumière, auras, nausées, fatigue… Les symptômes de la migraine sont nombreux et ne se limitent pas aux maux de tête. Cette maladie mal connue transforme en calvaire le quotidien de plus de 10 millions de personnes en France, en particulier des femmes. Êtes-vous concerné sans le savoir ? Comment reconnaître la migraine ? À l’occasion de la journée européenne d’action contre la migraine ce 12 septembre, gros plan sur cette pathologie considérée comme la plus invalidante au monde chez les moins de 50 ans et encore trop sous-estimée…

La migraine est une pathologie dont souffrent 20% des adultes, en France. Souvent associée aux simples maux de tête, la vraie maladie migraineuse, avec ses nombreux autres symptômes, peut pourtant transformer la vie des patients en enfer. Nausées, vomissements, intolérance au bruit, à la lumière, troubles neurologiques… Les crises répétées sont susceptibles de clairement handicaper le quotidien des malades. Le point sur une maladie qui a encore du mal à obtenir la reconnaissance qu’elle mérite, notamment auprès de certains professionnels de santé.

Comment reconnaître la véritable migraine ? 

Ce n’est pas qu’un simple mal de tête ! Plusieurs critères permettent de définir si vous souffrez ou non d’une maladie migraineuse. Les symptômes de la vraie migraine, plus ou moins sévères en fonction de l’atteinte des patients gravitent autour de différentes phases.

  • 1ère phase : fatigue voire épuisement, grosses fringales, difficultés de concentration, forte sensibilité et émotivité.
  • 2ème phase : auras visuelles : troubles de la vision, sensations de fourmillements ou engourdissements dans les membres, difficultés de langage…
  • 3ème phase : céphalées et maux de tête pouvant être accompagnés de nausées voire de vomissements, sensibilité à la lumière et au bruit.
  • En fin de crise : sensations d’épuisement, courbatures et forte émotivité, déprime.

En moyenne, une crise peut durer entre 4 et 72 heures. L’apparition de ce type de crises de manière répétée est un signe d’alarme. Le Dr Jérôme Mawet, neurologue au Centre d’Urgence Céphalée de l’hôpital Lariboisière définit la sévérité de la maladie selon la régularité des crises. 

À partir de 8 jours de crise par mois, la migraine est considérée comme sévère. Au delà, à compter de 15 jours de crises mensuels, il s’agit d’une migraine chronique. Un diagnostic qui concernerait 1,4 million de Français.

Que faire en cas de crise ? 

La première chose à faire est d’écouter son corps et de se reposer quand cela semble nécessaire. Il est également utile de noter les symptômes ressentis, leur durée et les éventuels médicaments pris pour le décrire au mieux à son médecin. Le généraliste a en effet un rôle essentiel dans la prise en charge des patients. Après diagnostic de la maladie, il peut mettre en place un suivi et un traitement adapté pour la réduction des symptômes. Il pourra également orienter son patient vers un autre professionnel, notamment un neurologue, en cas d’inefficacité des traitements. 

Des crises difficilement prévisibles

Quelle est l’origine de cette maladie ? « L’excitabilité anormalement forte du cerveau serait en cause. Les malades migraineux sont donc très sensibles aux changements, notamment hormonaux. Cela explique le fait que les personnes les plus touchées soient des femmes », explique le Dr Mawet.

Certains facteurs favorisent également l’apparition de migraines de façon chronique : un mésusage de traitements antidouleurs ou antidépresseurs, une forte luminosité telle que celle des écrans, des odeurs prononcées, le stress, un choc émotionnel etc. 

« Cette maladie bousille tout sur son passage » 

Les conséquences sur la santé sont nombreuses. Vie sociale, professionnelle, amoureuse… La sensibilité des malades rend leurs actions quotidiennes difficiles voire parfois insupportables. Joana, atteinte de migraines chroniques, témoigne : « Cette maladie bousille tout sur son passage. Dans le quotidien, les difficultés sont partout, même pour sortir faire des courses. J’ai perdu mon emploi et plusieurs autres après, je sors très peu. Je ne veux pas d’enfants, car ce n’est pas possible d’y penser… C’est une tempête qui vient ravager la vie. C’est aussi une grande souffrance psychologique, un grand traumatisme qui peut aller pour certains, à des pensées suicidaires. Il faut noter que 15% des migraineux y pensent parce que c’est un grand isolement, une perte de vie sociale. »

Une reconnaissance difficile des migraineux

À la vie complexe des malades, s’ajoute un autre obstacle : une prise en charge médicale difficile. « Beaucoup de professionnels de santé ne sont pas informés de cette maladie. Ils ne la connaissent pas. On est donc parfois confrontés à des comportements très difficiles », confie Joana. S’ils jouent un rôle majeur dans le parcours de soin des migraineux, les médecins sont toutefois nombreux à ignorer cette maladie. Mal connue, elle est souvent minimisée. Les traitements délivrés passent donc souvent par les antidouleurs, non adaptés, et pouvant même aggraver la maladie. 

Migraine : une prise en charge complexe 

Les traitements : entre soulagement et aggravation de la maladie

Pour le moment, il existe deux types de traitements. Ceux prescrits en cas de crises permettent de soulager les symptômes de la migraine de manière ponctuelle. Les traitements de fond ont pour but de prévenir et de limiter l’apparition des crises, et d’en réduire les symptômes. « Il s’agit de traitements souvent détournés de leurs usages : anti-dépresseurs, anti-hypertenseurs, ou anti-épileptiques, démontrés efficaces contre la migraine mais pouvant parfois entraîner des effets secondaires », explique le Dr Mawet.

Une prise en charge à deux vitesses ? 

Plus efficaces, des traitements spécifiques à la migraine sont désormais disponibles. Ils soulageraient 75% des migraineux chroniques, selon le neurologue : « Les anticorps anti-CGR sont développés pour bloquer le CGRP, molécule impliquée dans la migraine. Ce traitement est prescrit une seule fois par mois (ou tous les 3 mois) comme traitement de fond, à raison d’une injection en sous-cutané. »  

Un espoir pour les malades mais seulement pour une partie d’entre eux. Ces traitement, récents, ne sont en effet pour le moment pas remboursés par la Sécurité sociale. « Cela est très problématique car il s’agit de traitements chers : 250 à 270 euros par mois. Et beaucoup de patients ne peuvent pas assumer ces coûts. Pourtant la HAS recommande ces traitements à ceux qui souffrent d’au moins 8 jours de migraine par mois et qui ont déjà essayé au moins deux traitements qui n’ont pas fonctionné ou qui n’ont pas été tolérés », déplore le Dr Mawet. 

La sensibilisation du grand public à cette maladie handicapante et un meilleur diagnostic des migraineux pourraient peut-être changer la donne.

À SAVOIR

À l’occasion de la journée européenne d’action contre la migraine, La Voix des Migraineux, principale association des victimes de migraine, organise pour le 1er sommet Francophone de la Migraine, ce samedi 11 septembre 2021. Cet évènement parrainé par le Ministère de la Santé est à suivre en direct puis en replay sur Youtube : ​​PREMIER SOMMET FRANCOPHONE DE LA MIGRAINE.

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Diplômée d'un master 2 de journaliste à l'Université Lyon II, Mélissa Gajahi a mis son talent de rédactrice et son esprit de synthèse au service du Groupe Ma Santé pendant près de trois ans, avant de partir exercer ses nombreux talents sous d'autres cieux journalistiques.

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