La France est confrontée à une recrudescence préoccupante des infections invasives à méningocoque depuis le début de l’année 2025. Cette hausse alarmante, marquée par plusieurs décès en Bretagne, dans le Sud-Ouest et dans la Drôme, inquiète les autorités sanitaires. Santé publique France a notamment rappelé ce jeudi 13 mars toute l’importance de la vaccination pour les bébés, les adolescents et jeunes adultes.
Les infections invasives à méningocoque (IIM) sont des affections bactériennes graves causées par Neisseria meningitidis, communément appelé méningocoque. Ces infections peuvent se manifester sous forme de méningite ou de septicémie, et sont associées à un taux de mortalité élevé ainsi qu’à des séquelles importantes chez les survivants. Depuis janvier 2025, une augmentation notable du nombre de cas a été observée en France, suscitant l’inquiétude des autorités sanitaires et de la population.
Selon les données de Santé publique France, les deux premiers mois de l’année 2025 ont enregistré un nombre de cas d’IIM particulièrement élevé. Cette hausse fait suite à une augmentation déjà observée en 2023, où 560 cas avaient été déclarés, soit une augmentation de 72 % par rapport à 2022. Une étude publiée en juin 2024 par l’Institut Pasteur faisait également état d’une hausse flagrante entre 2019 (52 cas recensés) et 2023 (421 cas).
Pour janvier et février 2025, le nombre de cas signalés est bien supérieur à la moyenne habituelle pour cette période de l’année.
« Dans ce contexte, Santé publique France alerte sur le risque de regroupement spatio-temporel de cas (Cluster) pouvant être liés à la circulation de souches clonales. Deux regroupements d’IIM B ont déjà été identifiées depuis le début de l’année », dans un IUT de Lyon et au sine d’une famille à Rennes.
Infections à méningocoques : pourquoi une telle recrudescence ?
Impact de la pandémie de Covid-19 sur l’immunité collective
Plusieurs hypothèses sont avancées pour expliquer cette hausse des cas. L’une d’elles concerne l’impact de la pandémie de Covid-19 sur la circulation des virus et bactéries. En effet, les mesures de distanciation sociale, le port du masque et les confinements successifs ont réduit la transmission de nombreux pathogènes, y compris le méningocoque.
Avec la levée de ces mesures, la bactérie a pu circuler plus librement, touchant des populations qui n’avaient pas été exposées précédemment et dont l’immunité collective était donc plus faible.
Une couverture vaccinale insuffisante
La vaccination est un moyen essentiel de prévention contre les infections à méningocoque. En France, la vaccination contre les sérogroupes C et B est recommandée pour les nourrissons et adolescents. Cependant, la couverture vaccinale reste inégale selon les sérogroupes et les régions.
De plus, le vaccin contre le sérogroupe W n’est pas systématiquement inclus dans le calendrier vaccinal, ce qui pourrait expliquer en partie l’augmentation des cas liés à ce sérogroupe.
Quels sont les dangers et comment réagir ?
Quels sérogroupes sont impliqués ?
Selon Santé publique France, les cas récents à Lyon et à Rennes « rappellent le potentiel de transmission et de virulence des IIM B ».
Le méningocoque se présente sous différents sérogroupes, mais en France, les groupes B, C, W et Y sont les plus courants. D’après les analyses effectuées, la recrudescence observée en 2025 concerne principalement le sérogroupe W, connu pour sa capacité à provoquer des formes graves et rapides de la maladie. Ce sérogroupe était déjà en augmentation ces dernières années, en particulier chez les jeunes adultes et les nourrissons.
Quels sont les symptômes à surveiller ?
La méningite à méningocoque se manifeste par des symptômes variés qui peuvent évoluer rapidement :
- Forte fièvre
- Raideur de la nuque
- Sensibilité à la lumière
- Maux de tête intenses
- Troubles de la conscience
- Éruptions cutanées sous forme de taches violacées
Chez les nourrissons, les signes peuvent être plus difficiles à repérer : irritabilité, pleurs inconsolables, refus de s’alimenter, ou encore un bombement de la fontanelle.
Une urgence médicale absolue
Face à ces symptômes, il est impératif de consulter un médecin ou d’appeler les urgences sans attendre. La rapidité de la prise en charge est cruciale, car l’infection peut provoquer des complications sévères en seulement quelques heures. Les antibiotiques administrés rapidement permettent de limiter les risques de séquelles et de mortalité.
Quelles mesures pour limiter la propagation ?
Renforcer la vaccination
Compte tenu de la hausse des cas, les autorités sanitaires encouragent la vaccination des populations à risque et envisagent d’élargir les recommandations vaccinales aux sérogroupes les plus concernés. Une meilleure information du public sur l’efficacité et l’importance de la vaccination pourrait aider à contrer la propagation du méningocoque.
Sensibiliser aux gestes de prévention
Le méningocoque se transmet principalement par les gouttelettes respiratoires (toux, éternuements, contact rapproché). Ainsi, certaines mesures simples permettent de réduire les risques d’infection :
- Se laver régulièrement les mains
- Éviter le partage d’objets personnels (verres, couverts, brosses à dents)
- Aérer les pièces fermées
- Porter un masque en cas de symptômes respiratoires
À SAVOIR
Vous pouvez vous faire vacciner contre la méningite en France chez votre médecin traitant, dans un centre de vaccination public, notamment ceux des hôpitaux et des agences régionales de santé, à la pharmacie (sous prescription médicale), dans un centre de vaccination internationale (dans les grandes villes) et dans un service de santé universitaire (pour les étudiants). Vérifiez auprès de votre mairie ou sur le site de l’ARS de votre région pour les centres spécifiques proches de chez vous.