Prendre un médicament peut paraître anodin : mais saviez-vous que certains aliments peuvent altérer son absorption, diminuer son efficacité ou, au contraire, en amplifier les effets indésirables ? Pamplemousse, café, produits laitiers ou encore réglisse… Les interactions entre aliments et médicaments sont souvent sous-estimées, pourtant elles peuvent avoir des conséquences importantes sur la santé. Le point sur les aliments à éviter sous traitement.
Lorsqu’on prend un traitement médicamenteux, on pense souvent aux horaires de prise et aux effets secondaires, mais on oublie parfois un élément essentiel : l’alimentation.
Certains aliments peuvent interagir avec les médicaments, modifiant leur absorption, leur efficacité ou leurs effets secondaires. Ces interactions peuvent avoir des conséquences allant de la simple perte d’efficacité du traitement à des effets indésirables potentiellement graves.
Quand l’alimentation perturbe l’absorption des médicaments
Le pamplemousse : un fruit à risque pour vos traitements
Le pamplemousse est un des aliments les plus connus pour ses interactions médicamenteuses. En effet, il inhibe une enzyme du foie et de l’intestin (CYP3A4) impliquée dans la dégradation de nombreux médicaments. Cette inhibition entraîne une augmentation anormale du taux de médicament dans le sang, pouvant provoquer des effets indésirables importants.
Cette interaction augmente les concentrations de certains médicaments dans le sang, ce qui accroît le risque d’effets indésirables. Cela peut provoquer des effets indésirables graves, tels que des troubles cardiaques, des saignements ou des effets toxiques sur le foie. On estime que le pamplemousse peut interagir avec environ 85 médicaments.
Les médicaments concernés incluent :
- Certains statines (contre le cholestérol) comme la simvastatine et l’atorvastatine.
- Certains antihypertenseurs comme la félodipine.
- Certains immunosuppresseurs comme la ciclosporine.
- Certains anxiolytiques et antidépresseurs.
En plus de son effet sur l’enzyme, le pamplemousse peut affecter l’absorption intestinale de certains médicaments. Cela signifie que même si le médicament est absorbé, il reste plus longtemps ou plus concentré dans le sang, ce qui modifie son efficacité et son profil de sécurité.
Ainsi, il est recommandé d’éviter la consommation de pamplemousse et de son jus durant le traitement. Il est important de noter que d’autres agrumes comme l’orange de Séville, les limettes et les pomelos peuvent avoir des effets similaires.
Produits laitiers et médicaments : une combinaison à éviter ?
Le calcium contenu dans les produits laitiers peut interférer avec certains médicaments en formant des complexes insolubles qui empêchent leur absorption. Cette interaction concerne notamment certains antibiotiques (fluoroquinolones, tétracyclines) et les médicaments contre l’ostéoporose (biphosphonates).
Pour limiter ces interactions, il est conseillé d’espacer la prise des médicaments et de consommer du lait, du yaourt ou du fromage avec un intervalle d’au moins deux heures.
Café, thé et médicaments : un cocktail à revoir
Le thé et le café contiennent des tanins et de la caféine qui peuvent réduire l’absorption de certains médicaments. Les tanins se lient au fer et diminuent son assimilation, ce qui peut poser problème chez les personnes anémiées sous supplémentation. La caféine, quant à elle, peut accentuer l’effet de certains stimulants, entraînant des effets indésirables comme l’agitation ou l’insomnie.
Il est préférable d’attendre au moins une heure entre la prise de ces médicaments et la consommation de thé ou de café.
Les aliments qui modifient l’effet des médicaments
L’alcool et médicaments : un mélange explosif
L’alcool est une substance qui peut interagir en renforçant ou en diminuant l’effet de certains médicaments. Tout d’abord, il peut amplifier les effets sédatifs de certains médicaments comme les anxiolytiques, les antidépresseurs ou les analgésiques opioïdes, entraînant une somnolence excessive, des vertiges, voire une dépression respiratoire.
Par ailleurs, l’alcool et de nombreux médicaments sont métabolisés par le foie. Cela signifie que la consommation simultanée de ces substances peut surcharger cet organe et modifier la façon dont l’organisme traite les médicaments. Cela peut également augmenter le risque d’hépatotoxicité, notamment lorsqu’il est associé à des médicaments comme le paracétamol.
En outre, l’alcool peut interférer avec le contrôle de la glycémie chez les patients diabétiques, augmentant le risque d’hypoglycémie.
Certaines combinaisons, comme avec le métronidazole ou le disulfirame, peuvent provoquer des réactions désagréables. Cela inclut des nausées, des vomissements et des maux de tête. Il est donc recommandé d’éviter l’alcool pendant un traitement médicamenteux. Si ce n’est pas possible, discutez-en avec votre médecin ou pharmacien pour évaluer les risques.
Réglisse et hypertension : une association dangereuse
La réglisse contient une substance, la glycyrrhizine, qui peut provoquer une rétention de sodium et de l’eau, entraînant une augmentation de la pression artérielle et un déséquilibre électrolytique.
Les médicaments concernés sont :
- Les antihypertenseurs
- Les corticoïdes
- Les diurétiques
Il est recommandé d’éviter la réglisse sous toutes ses formes (bonbons, tisanes, extraits) lorsqu’on suit un traitement pour l’hypertension.
Millepertuis : la plante qui annule certains traitements
Le millepertuis, utilisé pour ses propriétés antidépresseurs naturelles, stimule l’activité enzymatique du foie, accélérant la dégradation de nombreux médicaments et réduisant leur efficacité.
Cette interaction concerne notamment :
- Les contraceptifs oraux
- Les anticoagulants
- Certains traitements anticancéreux.
Il est essentiel de demander l’avis d’un professionnel de santé avant de consommer du millepertuis en parallèle d’un traitement médicamenteux.
Quand l’alimentation aggrave les effets secondaires des médicaments
Trop de vitamine K ? Gare aux anticoagulants !
Les aliments riches en vitamine K, comme les épinards, le chou ou le brocoli, jouent un rôle dans la coagulation sanguine. Une consommation excessive peut diminuer l’effet des anticoagulants comme la warfarine, augmentant ainsi le risque de thrombose.
Il ne s’agit pas de supprimer ces aliments, mais de maintenir une consommation stable pour éviter des variations d’efficacité du traitement.
Excès de sel et corticoïdes : attention à la rétention d’eau
Les corticoïdes favorisent la rétention d’eau et de sodium, ce qui peut entraîner une augmentation de la pression artérielle et une prise de poids. Une alimentation trop riche en sel aggrave ces effets.
Pour limiter ces risques, il est conseillé de réduire la consommation de sel et d’aliments industriels, souvent très riches en sodium.
Acidité et anti-inflammatoires : un duo qui fragilise l’estomac
Les aliments acides, comme les agrumes, les tomates ou le vinaigre, peuvent accentuer les irritations gastriques provoquées par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) tels que l’ibuprofène ou l’aspirine.
Il est préférable de prendre ces médicaments au cours d’un repas et de limiter la consommation d’aliments acides pour réduire le risque d’inflammation de la muqueuse digestive.
Chaque individu réagit différemment aux médicaments et aux aliments, en fonction de son métabolisme et de son état de santé. L’alimentation peut significativement influencer l’efficacité des médicaments, soit en modifiant leur absorption, soit en perturbant leur action. Pour éviter les interactions indésirables, il est essentiel d’être informé et de respecter certaines précautions alimentaires. En cas de doute, consulter un professionnel de santé reste la meilleure solution pour garantir un traitement optimal et sécurisé.
À SAVOIR
L’effet du pamplemousse sur les médicaments peut persister jusqu’à 3 jours après sa consommation. Même de petites quantités, comme un verre de jus, peuvent suffire à provoquer une interaction. Il est donc important d’être vigilant non seulement le jour de la prise du médicament, mais aussi les jours précédents.