Contre Parkinson, l’activité physique fait aujourd’hui partie intégrante du traitement de la maladie. Les explications d’Anne-Laure Bourgeais, masseur-kinésithérapeute à Annecy (Haute-Savoie).
“On ne guérit pas de la maladie de Parkinson, mais on peut en atténuer les conséquences”
Maladie de Parkinson, en quoi l’activité physique contribue-t-elle à améliorer le quotidien des malades ?
En complément au traitement médicamenteux, l’activité physique a clairement démontré ses effets positifs sur la maladie et sur la rééducation des malades, tant sur le plan de la déficience de motricité, en favorisant le maintien des amplitudes articulaires et de l’équilibre, ainsi que les troubles cognitifs en améliorant les repères et en diminuant le risque de chute… On ne guérit pas de la maladie de Parkinson, mais on peut en atténuer les conséquences et améliorer les conditions de vie de ceux qui en souffrent.
Quel type de sport est-il recommandé de pratiquer ?
Plus que le sport, c’est le dynamisme et le mouvement qui comptent. Et la notion de plaisir qui l’accompagne. Peu importe la façon dont on bouge : si l’on aime un sport, il faut se lancer et transpirer ! Les sports les plus adaptés sont la danse, le tai chi, la marche nordique et, bien sûr, la gymnastique. Le fait que ce soit des activités que l’on pratique en groupe contribue d’ailleurs grandement à leur efficacité.
Parkinson et gymnastique, ça marche !
Quels sont les atouts des cours collectifs de gymnastique que vous proposez dans votre cabinet ?
La gymnastique est un excellent compromis pour conjuguer plaisir et efficacité de la rééducation. Outre le fait de contribuer à casser l’isolement des malades parkinsoniens, elle permet de travailler la coordination des mouvements, d’améliorer l’équilibre, de lutter contre l’enraidissement… Les exercices sont bien sûr ajustés en fonction des aptitudes et des restrictions physiques de chacun.
Comment se déroulent ces ateliers ?
Ils regroupent de 3 à 6 personnes et durent environ une heure, deux fois par semaine, à jours et heures fixes pour contribuer à créer des repères. On débute la séance par un accueil, un temps de ‘’politesse émotionnelle’’ pour créer du lien. On travaille ensuite la coordination et l’équilibre, debout. Puis, au sol, à quatre pattes ou allongé, pour œuvrer sur le redressement. On termine par une phase assise, afin d’éviter les troubles orthostatiques, ces vertiges que l’on ressent lorsque l’on se relève, fréquents chez les parkinsoniens. J’incite ensuite les patients à reproduire ces gestes chez eux, dans leur quotidien.
Quel est le profil des participants ?
Il n’y a pas de limite d’âge : la plupart ont plus de 50 ans, parfois moins. Et les plus âgés ont jusqu’à 80 ans ! Il y a autant d’hommes que de femmes, et ce sont d’abord des gens qui ont envie d’être acteurs de leur vie.
Parkinson, lutter contre la maladie en groupe
À quelle étape de la maladie ces exercices sont-ils recommandés ?
L’idéal est de commencer le plus tôt possible. Si le réflexe n’est pas systématique, de plus en plus de médecins, conscients des bienfaits de ces cours, se mettent à les prescrire à leurs patients.
Quels en sont justement les bénéfices ?
Ils sont d’abord psychiques : les patients ont fait l’effort de venir, de s’intégrer à un groupe, à une communauté. Et ils sont évidemment physiques, tant sur le plan des étirements que sur le plan de l’activité intense, un élément primordial pour limiter les symptômes de la maladie, mieux utiliser la dopamine et favoriser la rééducation des patients.
Sur combien de temps s’étend le cycle de cours ?
Le minimum est de 10 à 15 séances, parfois plus, selon le diagnostic. Mais l’objectif est de garder les patients le moins longtemps possible, de les reconditionner au mouvement, de leur redonner confiance en eux et de les préparer à aller dans des clubs extérieurs pour pratiquer au milieu de tout un chacun.
Le sport et la maladie de Parkinson : quels bénéfices directs ?
- amélioration de l’humeur
- rupture de l’isolement
- amélioration des capacités motrices (force musculaire, troubles de l’équilibre)
- diminution du risque de chute et, incidemment, de fracture et d’ostéoporose
- effets sur l’appétit et le sommeil
Les infos en plus
Le chiffre
58 ans, comme l’âge moyen du diagnostic de la maladie de Parkinson
L’expert
Anne-Laure Bourgeais, diplômée depuis 2003, est masseur-kinésithérapeute à Veyrier-du-Lac, près d’Annecy (Haute-Savoie). Passionnée de neurosciences, elle anime des conférences et délivre des cours collectifs à destination des patients parkinsoniens.
Le contact
L’association France Parkinson assiste les malades et leurs proches, sensibilise l’opinion et soutient la recherche
À SAVOIR
La maladie de Parkinson est une maladie neuro-dégénérative touchant plus de 200 000 personnes en France, avec un âge moyen de diagnostic établi à 58 ans. Liée à la diminution des neurones à dopamines, qui influent sur le contrôle des mouvements, elle se caractérise par l’apparition de tremblements, de rigidité et de lenteur. S’il est aujourd’hui possible d’en atténuer les symptômes et d’améliorer la qualité de vie des patients, il n’existe pas encore de traitement définitif contre la maladie.