Le Professeur Stéphane Thobois, chef du service neurologie aux HCL était l'invité de l'émission Votre Santé ce jeudi 8 avril sur BFM Lyon à l'occasion de la Journée mondiale Parkinson ce dimanche 11 avril. ©BFMLyon

En France, plus de 200 000 personnes souffrent de la maladie de Parkinson. Parmi elles, 10 à 20% ont moins de 40 ans. Contrairement aux idées reçues, les symptômes de cette pathologie neurodégénérative, handicapante pour les malades, peuvent être physiques mais également psychiques. À l’occasion de la Journée mondiale Parkinson ce dimanche 11 avril, le Pr Stéphane Thobois, chef du service neurologie aux Hospices Civils de Lyon était l’invité de l’émission Votre Santé sur BFM Lyon pour casser les nombreux préjugés autour de cette maladie de plus en plus répandue. 

Lenteur, rigidité des membres, tremblements mais aussi anxiété ou dépression… Les symptômes de la maladie de Parkinson sont divers et engendrent une réelle souffrance chez les patients atteints. Si elle est majoritairement diagnostiquée chez les plus de 60 ans, les jeunes n’en sont toutefois pas épargnés. C’est pour sensibiliser à cette pathologie neurodégénérative chronique et mieux la diagnostiquer que se déroule ce dimanche 11 avril, comme chaque année, la Journée mondiale Parkinson. Pour saisir les enjeux de cette maladie complexe de plus en plus fréquente, le Pr Stéphane Thobois, chef du service neurologie aux HCL, a répondu aux questions d’Elodie Poyade et de Pascal Auclair, rédacteur en chef du groupe Ma Santé sur BFM Lyon dans l’émission Votre Santé de ce jeudi 8 avril.

Parkinson : des symptômes physiques mais aussi psychiques

Quels sont les symptômes de la maladie de Parkinson ?

C’est une maladie très riche en symptômes. Les plus connus sont les signes moteurs (tremblements, raideur et lenteur). Mais la gêne que ressentent les patients est aussi liée à des symptômes psychiques : dépression, anxiété, douleurs, constipation… Les symptômes sont donc nombreux et cela va bien au delà de l’image d’Épinal des tremblements chez le Parkinsonien.

Parkinson est une maladie évolutive. Y a t-il plusieurs stades ?

La phase initiale, qu’on appelle la “lune de miel” est un stade où la maladie est généralement stabilisée par les traitements. Puis, les malades rentrent généralement dans un second stade où la maladie va fluctuer au long de la journée. Plus tardivement, des symptômes plus contraignants vont apparaître tels que les chutes, les troubles de la déglutition… Mais cela arrive à un stade plus tardif de la maladie.

Parkinson : une maladie aussi éprouvante que mystérieuse 

Connaît-on les origines de cette maladie ?

Non, pour la grande majorité des malades. Il existe quelques formes génétiques et familiales mais elles restent minoritaires. Nous avons vu par exemple des viticulteurs et des agriculteurs, exposés aux pesticides dans le passé, développer des Parkinson. Mais pour la majorité des patients, on n’en connaît pas l’origine.

La maladie de Parkinson a t-elle un caractère héréditaire ? Se transmet-elle génétiquement ?

Il y a 10 à 15% de forme familiale héréditaire. Mais la transmission n’est pas forcément bien connue et même lorsque l’on connaît le gêne, il reste difficile de prédire le risque pour la descendance.

“Cette maladie peut toucher tous les âges”

À partir de quel âge les premiers symptômes de la maladie se manifestent-ils, généralement ?

Le pic est la soixantaine. Mais il est important que les gens comprennent que cette maladie peut toucher tous les âges. On voit des Parkinsoniens de 30 ans, de 40 ans ou de 50 ans, qui représentent une proportion importante des malades.

Les médecins sont sensibles au fait que la maladie peut apparaître à tout âge. La maladie peut aussi être diagnostiquée chez des patients bien plus jeunes parce que les gens sont désormais sensibilisés à cette idée.

Les études montrent qu’il y a deux fois plus de cas de Parkinson en France qu’il y a 25 ans. Comment expliquer cette hausse ?

C’est le problème du vieillissement de la population. On l’observe d’ailleurs pour toutes les maladies neurodégénératives, telle que l’Alzheimer, la plus fréquente de toutes. Le nombre de cas de cette maladie comme celle du Parkinson ne cesse d’augmenter.

Parkinson : “on ne guérit pas de la maladie mais on la soigne”

On ne guérit pas aujourd’hui de la maladie de Parkinson. Quels sont les traitements qui peuvent toutefois soulager la souffrance des patients ?

On ne guérit pas de la maladie mais on la soigne, il est important de le savoir. La gamme de médicaments disponibles aujourd’hui est importante. Le but du traitement est de corriger le manque de dopamine. Ce qui fait défaut dans cette maladie est le manque de dopamine que l’on va corriger par des approches diverses. Et nous avons plusieurs traitements à notre disposition.

Au-delà des médicaments, il y a des systèmes de perfusions, de pompes. Et enfin, de la chirurgie et des stimulations cérébrales profondes qui ont été inventées à Grenoble, en 1993 et qui concernent aujourd’hui pas mal de patients. La gamme de traitements est donc importante et ne cesse d’augmenter. Il y a beaucoup de recherches dans le domaine de Parkinson.


Quand on parle de la maladie de Parkinson, on pense aux tremblements. Il y a t’il des techniques pour limiter ce symptôme ? 

Les médicaments fonctionnent sur le tremblement. L’important est que le traitement soit adapté aux patients dans la forme et le dosage. Dans le cadre des formes sévères où l’action des médicaments commence à être limitée, la neurostimulation peut chez certains patients apporter un plus. J’insiste toutefois sur le fait que peu de malades y sont éligibles.

Des études en cours pour tenter de ralentir l’évolution de la maladie

Peut-on prévenir la maladie de Parkinson ? Existe t-il des moyens de retarder l’apparition des premiers symptômes ?

Pascal Auclair (à gauche) journaliste et rédacteur en chef du groupe Ma Santé et le Professeur Stéphane Thobois (à droite) chef du service neurologie aux HCL. ©BFMLyon

Malheureusement, non. Aujourd’hui ce que l’on ne sait pas faire c’est ralentir la maladie, la prévenir et encore moins la guérir. Mais il est évident qu’à l’avenir, je ne sais pas quand, on saura probablement le faire.

Il y a actuellement des recherches pour essayer de ralentir la maladie, ce que l’on ne sait pas encore faire aujourd’hui. L’idée est de capter les protéines anormales et toxiques qui s’accumulent dans le cerveau. Les essais sont en cours. Nous n’avons pas encore les résultats mais c’est un espoir thérapeutique important. Il y a d’autres recherches notamment sur la présence du fer dans le cerveau. Dans tous les cas, avant d’essayer de guérir la maladie, nous essayons de la ralentir.

À SAVOIR

À l’occasion de la journée mondiale Parkinson, l’association France Parkinson organise ce samedi 10 avril une journée de tables rondes sur la maladie. Les débats avec de nombreux experts sont à suivre en ligne de 9h30 à 18h sur le site www.legranddirect.fr.

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Diplômée d'un master 2 de journaliste à l'Université Lyon II, Mélissa Gajahi a mis son talent de rédactrice et son esprit de synthèse au service du Groupe Ma Santé pendant près de trois ans, avant de partir exercer ses nombreux talents sous d'autres cieux journalistiques.

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