Les pharmaciens d'officine, un chaînon indispensable dans le système de santé.
Le paracétamol, dont l'incontournable Doliprane, et les antibiotiques sont les médicaments les plus touchés par le manque d'approvisionnement. ©Freepik

Alors que les rayons des officines sonnent creux pour plusieurs médicaments (paracétamol, antibiotiques…), les pharmaciens s’efforcent de trouver des solutions et de proposer des alternatives. Olivier Rozaire, pharmacien dans la Loire et président de l’URPS pharmacien Auvergne-Rhône-Alpes, revient sur cette situation inédite et explique, sur le plateau de l’émission Votre Santé, comment le rôle du pharmacien a évolué jusqu’à occuper une place prépondérante dans le système de santé.

Dans ce contexte de triple épidémie et de pénurie inédite de médicaments, les pharmaciens démontrent au quotidien à quel point ils sont des maillons essentiel de la chaîne de santé. Leur rôle s’est affirmé depuis le début de la crise sanitaire, suite à l’autorisation de vacciner accordé aux officines et à la montée en puissance de la notion de prévention.

Olivier Rozaire, président de l’URPS Pharmaciens Auvergne-Rhône-Alpes et lui-même pharmacien à Saint-Bonnet-le-Château (Loire) était l’invité de l’émission Votre Santé du 17 janvier 2023, sur BFM TV Lyon. Il en a profité pour faire le point sur l’actualité sanitaire et exprimé notamment ses interrogations quant aux coûts de productions de la future usine de fabrication de médicaments made in France qui verra le jour en Isère en 2025.

“Relancer une industrie en manque de matières premières”

Où en est la situation épidémique ?

On observe une réelle décrue des cas de Covid-19 depuis une semaine tandis que la grippe est toujours présente bien qu’en décroissance. Le VRS (virus respiratoire syncytial, responsable de la bronchiolite) est encore bien présent, notamment chez les enfants. 

Qu’en est-il de cette pénurie de médicaments?

Olivier Rozaire sur le plateau de l’émission Votre Santé. ©Capture écran BFM TV Lyon

C’est une triste réalité. C’est assez difficile à imaginer que l’on puisse en être là alors que l’on vit depuis trois ans avec une pandémie. Nous n’avons pas su prendre les devants sur le système de santé et son approvisionnement. 

Évidemment il y a des contraintes incontournables. Le port de Shanghai en Chine a été bloqué pendant un certain moment suite à la stratégie Zéro Covid. Les approvisionnement de matières premières pour les industries de fabrication de médicaments ont donc été extrêmement ralenties.

Ensuite, durant la pandémie il n’y a eu que très peu de pathologies virales autre que le Covid. Les antibiotiques ont donc été très peu utilisés entrainant une baisse de la production par les industriels. Il faut donc maintenant relancer une industrie en manque de matières premières. Et ce avec une nouvelle problématique européenne: le coût de production a explosé du fait du coût de l’énergie. 

Situation tendue pour les médicaments pédiatriques

Sommes-nous toujours en pénurie d’amoxiciline et de Doliprane?

Oui, pour les formes pédiatriques du Doliprane: les suppositoires et les sachets sont difficilement trouvables. Pire encore pour les antibiotiques pédiatriques…

Y a-t-il des alternatives ?

Au début oui, mais la rupture d’un produit a entrainé la ruptures des autres. Certaines personnes sont contraintes de réaliser des dizaines et des dizaines de kilomètres afin de trouver les produis dont ils ont besoin. 

La création d’une usine de paracétamol au sud de Vienne (Roussillon) peut-elle solutionner le problème?

Nous pouvons imaginer que oui. Un milliard d’euro va être investi sur cette usine, fruit d’un partenariat avec les différents industriels qui fabriquent des médicaments à base de paracétamol. L’usine va essayer de respecter un grand nombre de contraintes écologiques. Nous nous posons donc des questions sur le coût de production sachant que les médicaments fabriqués sont pris en charge par l’Assurance maladie. Serons-nous capable de fabriquer dans cette usine des produits dont le prix sera soutenable pour l’Assurance maladie? On ne connait pas encore le coût de production exact de ces produits. 

“Les pharmaciens, avant, ne faisaient que délivrer des médicaments”

Le rôle du pharmacien a-t-il beaucoup évolué? 

Jusqu’aux années 90 et le droit de substitution (lire À SAVOIR), le pharmacien ne faisait que délivrer des médicaments qui étaient prescrits sur une ordonnance sans intervenir. L’arrivée de la vaccination dans les officines, et encore plus l’arrivée du Covid, sans s’en féliciter, ont permis de mettre en lumière ce que nous étions capable de faire. Tout ce que nous avons été capable de réaliser en tant que professionnel de santé durant le Covid est aussi lié à notre casquette d’entrepreneur et cette habitude à savoir gérer des situations délicates. 

Nous trouvons maintenant des tests d’angine en pharmacie?

Effectivement, et cela est lié au sujet des ruptures d’antibiotiques. On nous demande de pratiquer des tests d’angine (appelé Trod pour Test rapide d’orientation diagnostique). Il faut savoir que 80% des angines sont virales donc ne nécessitent pas de prescription d’antibiotiques.

On parle beaucoup de l’extension vaccinale, où en sommes nous et quels sont les vaccins concernés?

Il s’agit du sujet majeur de la profession. On a démarré dans la région en 2017 et cela se limitait à la vaccination grippe. L’élargissement des compétences vaccinales des pharmaciens d’officine, mais également des sages femmes et des infirmiers, a été autorisé en 2022. Aujourd’hui, les pharmaciens peuvent effectuer toutes les vaccinations à partir de 16 ans.

Retrouvez le replay de l’émission Votre Santé du mardi 17 janvier.

À SAVOIR

Qu’est ce que le droit de substitution? Mesure autorisée en 1999 dans le but de générer des économies pour l’assurance Maladie, la substitution est la possibilité pour un pharmacien de remplacer, avec l’accord du patient, un médicament prescrit par un médicament générique appartenant au même groupe générique

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Ma Santé

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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