Alors que la santé mentale des Français se dégrade depuis la crise Covid, Le Vinatier, principal établissement psychiatrique d’Auvergne-Rhône-Alpes, vient de dévoiler son nouveau projet d’établissement. Baptisé CAP 2028, il vise une optimisation des soins et une amélioration des conditions de travail pour renforcer son attractivité.
La santé mentale des Français est en berne depuis l’épidémie de Covid-19 et les effets dévastateurs du confinement. Ainsi, en France, une personne sur cinq est touchée par un trouble psychique, et cette dégradation de la santé mentale est sensible dans toutes les tranches d’âge. Conséquence, la psychiatrie est devenue depuis deux ans un enjeu majeur de santé publique. Or, la plupart des établissements de santé, dont les structures de psychiatrie, font face à de graves difficultés pour recruter et fidéliser leur personnel médical et paramédical.
Le Vinatier améliore l’accès aux soins
Dans ce contexte, Le Vinatier, établissement de référence sur la Métropole de Lyon et le plus important en Auvergne-Rhône-Alpes, vient de dévoiler son nouveau projet d’établissement. Baptisé CAP 2028, ce plan pluriannuel vise une double ambition. D’une part, améliorer l’accès aux soins, de la prise en charge et du suivi des patients atteints de troubles psychiques. D’autre part, améliorer les conditions de travail des équipes en place.
« Pour améliorer la pertinence des soins et l’attractivité du Vinatier, on a cherché à impliquer au maximum les patients, leur entourage, le personnel médical et soignant pour concevoir ce plan 2028 ambitieux. Ainsi, 40% des sujets traités ont été coconçus. C’est, à mon sens, un cas unique en France », explique Pascal Mariotti, directeur général du Vinatier.
Psychiatrie, les effets dévastateurs de la crise Covid
L’un des grands défis de ce plan CAP 2028 consiste à renforcer les effectifs du Vinatier. Une priorité alors que la demande n’a jamais été aussi forte. « Actuellement, il nous manque une trentaine de médecins et une cinquantaine d’infirmiers, sachant que la pénurie était de l’ordre de 130 postes vacants à la fin de la crise Covid. Certains sont partis travailler dans un autre secteur mais ils commencent à revenir à l’hôpital », confie Frédéric Meunier, président de la Commission médicale d’établissement du Vinatier.
Ce dernier précise que les principales difficultés de recrutement se concentrent désormais sur l’hospitalisation des adultes et des adolescents, en particulier le personnel de nuit en paramédical.
Cette nécessité de trouver de nouvelles ressources humaines apparaît d’autant plus crucial que l’établissement du Vinatier, comme l’a plupart des établissements psychiatriques d’Auvergne-Rhône-Alpes, constate une augmentation significative des visites.
« La crise Covid a constitué une sorte de révélateur, d’accélérateur, pour une situation latente. Depuis la fin de la pandémie, la situation s’est stabilisée sur un plateau haut, nourrie par d’autres facteurs de crise, d’incertitude et d’inquiétude (environnement, guerre en Ukraine, baisse du pouvoir d’achat…). Tous ces éléments anxiogènes impactent toutes les populations, même les plus jeunes ».
De fait, Le Vinatier est aujourd’hui sollicité pour traiter des patients de plus en plus jeunes. « Les pédopsychiatres constatent des incidences chez les enfants, parfois très jeunes, mais aussi beaucoup chez les adolescents et les jeunes adultes. Une tranche d’âge qui souffre d’un mal-être évident avec un recours aux urgences, des troubles anxieux voire des conduites suicidaires ». Un phénomène préoccupant qui justifie pleinement le CAP 2028…
À SAVOIR
Le Vinatier regroupe 2 800 professionnels de santé, dont 225 médecins, qui prennent chaque année en charge 24 000 adultes et 6 000 enfants et adolescents sur une dizaine de pôles. Au total, ce complexe psychiatrique universitaire, le plus grands d’Auvergne-Rhône-Alpes et l’un de plus importants de France, dispose de 491 lits d’hospitalisation à temps complet, de 26 lits de médecine et de soins de suite, et de 239 places d’hôpital de jour. Au total, Le Vinatier dessert en proximité et sur son campus hospitalier de Bron une population de 855 000 habitants et plus de 50% des habitants de la Métropole de Lyon.