25 cas dans l’Est lyonnais, 10 cas dans la Drôme… La région Auvergne-Rhône-Alpes fait face depuis quelques jours à une inquiétante résurgence de rougeole, une maladie que l’on pensait rangée parmi les infections domptées, voire même éradiquée, mais qui ressurgit régulièrement dans les pays où la vaccination, pourtant, a globalement permis d’en éliminer la circulation. La plupart des cas recensés ces derniers jours n’étaient pas vaccinés, selon l’ARS, qui indique que si la situation est pour l’instant sous contrôle, elle peut tout à fait dégénérer du fait de la contagiosité de la maladie, sans l’adoption de réflexes de prévention simples.
Le début d’épidémie de rougeole se confirme en ARA, avec deux foyers recensés près de Lyon et dans la Drôme. L’Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes, dès le 5 mars, tirait la sonnette d’alarme sur une probable pré-épidémie de rougeole dans la région lyonnaise. Plus précisément dans l’Est Lyonnais, localisée dans plusieurs communes dont Meyzieu, Décines-Charpieu, Saint-Priest ou Bron, avec 25 cas au total, le premier déclaré le 19 janvier, le dernier en date le 8 mars.
Trois de ces cas identifiés dans la région lyonnaise se sont aggravés, déclenchant une hospitalisation. Selon l’ARS, sur ces trois cas, deux n’étaient pas vaccinés et un ne présentait pas un schéma vaccinal complet.
L’épidémie concerne surtout des enfants scolarisés dans des établissements du secteur, où le risque de contagion, par nature, est décuplé. Douze cas ont ainsi été détectés dans un établissement privé de Décines-Charpieu, trois dans une école élémentaires de Meyzieu, et sept cas dans une crèche de Saint-Priest. La plupart de ces cas seraient liés à des retours de voyage, notamment en Turquie ou en Indonésie.
L’épidémie en recrudescence à Lyon, mais aussi dans la Drôme
10 cas ont également été signalés dans la Drôme : le premier a été signalé le 15 février et le dernier le 23 février. Si la situation de ce nouveau foyer drômois reste surveillée de près, elle inquiète moins les autorités sanitaires que celui de l’Est lyonnais, du fait de la concentration plus dense de population. “Cela peut paraître peu, mais la situation est sérieuse. Elle peut échapper à notre contrôle et devenir inquiétante“, indiquait le Dr Bruno Morel, directeur délégué à la veille et aux alertes sanitaires auprès de l’ARS.
Non, la rougeole, cette pathologie d’antan que l’on pensait éradiquée par la grâce d’un vaccin très efficace, n’a pas totalement disparu. Cette maladie virale très contagieuse et potentiellement grave fait toujours des ravages dans certaines régions du monde. Et connaît même des retours sporadiques en France. Ce fut notamment le cas en Auvergne-Rhône-Alpes à l’hiver 2019, avec un foyer vite maîtrisé à Val-Thorens, en Savoie. Et plus récemment en septembre dernier, lorsqu’elle est apparue en Drôme-Ardèche, avec notamment plusieurs cas (sur 64 en tout) dans un établissement drômois (le collège Charles de Gaulle, à Guilherand-Granges près de Valence), avant d’apparaître aussi en Haute-Savoie.
Une maladie très contagieuse
La rougeole est causée par un virus qui se transmet par les sécrétions respiratoires. Cette infection est hautement contagieuse, et sans mesures préventives, une personne infectée peut contaminer jusqu’à 20 autres personnes.
D’après l’ARS, « l’incubation de la rougeole (phase silencieuse) dure entre 1 et 3 semaines avant que les 1ers symptômes n’apparaissent : fièvre généralement élevée, toux, nez qui coule, conjonctivite, fatigue. Classiquement, l’apparition de boutons sur la peau commence 2-3 jours plus tard au niveau des oreilles, du visage puis s’étend rapidement en descendant sur tout le corps. Il peut y avoir des formes sévères (respiratoires, neurologiques) nécessitant une hospitalisation. Les complications peuvent survenir à tout âge et sont d’autant plus fréquentes que les personnes sont vulnérables : femmes enceintes n’ayant pas eu la rougeole ou non protégées par la vaccination à 2 doses, enfants de moins d’un an (qui ne sont pas encore protégés par la vaccination), personnes immunodéprimées de façon temporaire ou permanente en raison de certaines maladies ou de certains traitements ».
Cas de rougeole : comment s’en protéger ?
L’ARS est claire : la meilleure protection est le vaccin à deux doses. Depuis le 1er janvier 2018, la vaccination est devenue obligatoire chez les enfants. La vaccination se fait généralement dans le cadre du vaccin trivalent contre la rougeole, les oreillons et la rubéole (ROR). La première injection est à faire à l’âge de 12 mois et la seconde à 16-18 mois.
« Depuis que le vaccin contre la rougeole existe, le nombre de rougeoles et les épidémies ont fortement diminué en France mais la maladie n’a pas disparu car le taux de vaccination de la population n’est pas encore suffisant pour éviter la circulation et la transmission du virus entre les personnes », explique l’ARS.
Vacciner la population permet d’éviter la circulation du virus, ou sa diffusion en cas d’épidémie : d’après les données de l’Agence Régionale de Santé (ARS), le taux de vaccination contre la rougeole dans l’Ardèche s’élève à 71%, ce qui représente une différence de 10% par rapport à la moyenne nationale. Cela explique donc les nombreux cas de rougeole dans la région Auvergne-Rhône-Alpes comme cela avait été le cas en Savoie en 2019. Afin de prévenir la propagation de la maladie, il serait nécessaire que 95% de la population soit vaccinée. En effet, si l’on prend l’exemple de l’épidémie automnale du collège de Guilherand-Granges (Drôme), 100% des enfants non-vaccinés ont été contaminés. À l’inverse, seuls 6% des collégiens vaccinés ont été touchés par le virus. Mais la plupart (80%) de ces rares cas ne présentaient pas un schéma vaccinal complet.
“Les parents sont invités à surveiller l’état de santé de leurs enfants et aller consulter leur médecin devant l’apparition des symptômes : fièvre généralement élevée, toux, nez qui coule, conjonctivite, fatigue. Ils sont invités également à vérifier la vaccination de leur enfant dans le carnet de vaccination et leur propre vaccination s’ils sont nés après 1980 (le vaccin Rougeole-Oreillon-Rubéole (ROR) est administré avec 2 doses avec les vaccins PRIORIX ou M-M-RVAXPRO)”, rappelle l’ARS.
En cas de symptôme évocateurs ou dans les lieux propices à la contamination, il est recommandé de porter un masque.
À SAVOIR
Pour les personnes n’ayant jamais eu la rougeole, la meilleure protection contre la rougeole ou ses formes graves est la vaccination à 2 doses : d’abord recommandée depuis 1980, cette vaccination est devenue obligatoire pour les enfants nés depuis le 1er janvier 2018 (1ère injection à 12 mois et 2è injection à 16-18 mois).
Selon le calendrier vaccinal en vigueur, un schéma vaccinal complet correspond à 2 injections ROR administrées après l’âge de 12 mois avec au moins 4 semaines entre les 2 doses. Si la vaccination de votre enfant est incomplète, il faut consulter rapidement votre médecin, muni de ce courrier et du carnet de santé, pour une mise à jour de la vaccination anti-rougeoleuse..