
Palpitations, souffle court, pensées qui s’emballent… L’anxiété peut prendre mille formes et s’infiltrer partout. Longtemps perçue comme un simple trait de caractère, elle s’impose aujourd’hui comme un véritable enjeu de santé publique. Mais, quelles sont les causes de l’anxiété ?
En France, les troubles anxieux figurent parmi les motifs les plus fréquents de consultation en santé mentale. Selon Santé publique France, près d’un adulte sur cinq en présentera au moins un épisode au cours de sa vie.
L’anxiété n’a pourtant rien d’un caprice ou d’un manque de volonté : elle résulte d’un ensemble de facteurs qui interagissent entre eux, depuis le fonctionnement du cerveau jusqu’aux événements qui jalonnent une existence.
Cette émotion, utile lorsqu’elle nous protège d’un danger, peut devenir oppressante lorsqu’elle se dérègle. Stress répété, vulnérabilité biologique, contexte social exigeant : lorsque ces éléments se combinent, le système d’alerte interne s’emballe et finit par imprimer une inquiétude durable dans le quotidien.
L’anxiété, un mécanisme normal… jusqu’à ce qu’il déborde
L’anxiété est un système de protection programmé pour nous garder en vie. L’OMS la définit comme une activation de la vigilance face à une menace potentielle. Un bruit suspect, une situation inconnue, un risque possible… Tout cela déclenche une réaction d’alerte parfaitement normale.
Cependant, le problème survient lorsque cette alerte reste enclenchée alors que la menace, elle, n’est plus là. C’est à ce moment que l’anxiété cesse d’être utile pour devenir envahissante. Les données de Santé publique France montrent d’ailleurs que les épisodes anxieux ont fortement augmenté ces dernières années, notamment après 2020, dans un contexte de tensions sociales, sanitaires et économiques.
Le cerveau en première ligne : l’amygdale, la fabrique de la peur
Au cœur du mécanisme anxieux, une petite structure cérébrale attire particulièrement l’attention des chercheurs : l’amygdale. Elle analyse les signaux émotionnels, repère les menaces et déclenche les réactions de défense.
Les travaux de l’Inserm montrent que dans les troubles anxieux l’amygdale est souvent hyperactive. Elle réagit plus vite, plus fort, parfois même lorsque la situation est objectivement sans danger.
Une autre région du cerveau entre aussi en scène : le cortex préfrontal, chargé de calmer l’amygdale et de rationaliser les émotions. Quand ce dialogue interne se dérègle, l’anxiété s’installe plus facilement.
Pourquoi moi ? Les trois grandes sources de l’anxiété
La biologie : quand la sensibilité est inscrite dans le corps
L’anxiété n’apparaît pas dans le vide. Une partie de notre vulnérabilité se construit dans le corps, bien avant que la vie ne s’en mêle vraiment. Les chercheurs s’accordent aujourd’hui sur un point : certaines personnes possèdent, dès le départ, un terrain biologique plus sensible que d’autres. Cela peut prendre plusieurs formes.
- Chez certains, le cerveau réagit plus intensément aux émotions ou aux signaux de danger. L’amygdale s’active plus rapidement, comme si le système d’alarme interne était réglé un cran trop haut.
- Chez d’autres, c’est le système hormonal du stress, notamment la sécrétion de cortisol, qui se montre particulièrement réactif. Une contrariété, un imprévu, et le corps s’emballe plus vite.
La génétique entre aussi en jeu, même si son rôle est modeste. On n’hérite pas “de l’anxiété”, mais de facteurs qui peuvent rendre notre organisme plus perméable au stress ou plus sensible aux émotions fortes.
Le vécu et l’environnement : ce que la vie inscrit en nous
Notre histoire personnelle influence fortement la manière dont l’anxiété s’installe. Les expériences difficiles (une enfance chaotique, un événement traumatisant, une rupture brutale, une pression constante au travail) peuvent modifier durablement la façon dont le cerveau réagit au stress.
Selon Santé publique France, certains contextes augmentent clairement le risque d’anxiété persistante :
- la précarité ou l’instabilité de vie,
- l’isolement social,
- la surcharge mentale ou familiale,
- les situations de stress répétées ou prolongées.
À cela s’ajoute le rythme de notre époque : informations continues, performance attendue partout, vie accélérée. Même sans choc particulier, ce climat sollicite en permanence notre système d’alerte. Peu à peu, le corps s’habitue à fonctionner « en mode vigilance », jusqu’à ce que l’anxiété prenne davantage de place.
Les facteurs psychologiques : ce que l’on fait de ce qui nous arrive
Au-delà du corps et du contexte, notre façon de percevoir et d’interpréter les situations façonne notre anxieuse. Certains profils (perfectionnistes, très sensibles au regard des autres, ou mal à l’aise face à l’imprévu) ont davantage tendance à développer de l’anxiété.
Les psychologues parlent de vulnérabilité cognitive. Une manière de penser qui amplifie les signaux de stress. Il ne s’agit pas de défauts, mais de traits de personnalité qui rendent certaines personnes plus réceptives aux tensions du quotidien. Une même situation peut sembler anodine à l’un, et déclencher un véritable emballement émotionnel chez l’autre.
Que peut-on faire quand l’anxiété s’installe ?
L’anxiété se soigne très bien quand elle est prise au sérieux. La prise en charge recommandée par la Haute Autorité de Santé inclut :
- les thérapies psychologiques (notamment les TCC), très efficaces pour calmer l’amygdale et restructurer les pensées anxieuses ;
- les traitements médicamenteux quand l’anxiété devient invalidante, prescrits et suivis par un médecin ;
- des changements de mode de vie simples mais puissants : sommeil réparateur, activité physique régulière, rythme plus stable.
L’idée n’est pas de “supprimer” l’anxiété, ce serait impossible, mais de réduire son volume, sa fréquence, et la façon dont elle envahit le quotidien.
À SAVOIR
Selon Santé publique France, les troubles anxieux sont aujourd’hui l’une des premières causes de recours aux soins en santé mentale, mais ils sont aussi souvent sous-diagnostiqués.







