Une jeune femme souffrant de mal-être, symptomatique des problématiques de santé mentale qui explosent chez les jeunes.
La santé mentale des Français est en berne, à commencer par celle des jeunes, en première ligne depuis le début de la crise sanitaire. © Freepik

Conséquence directe de la crise sanitaire et du climat anxiogène ambiant, les consultations pour des problématiques de santé mentale explosent chez les jeunes. À Lyon, où les services de pédopsychiatrie sont congestionnés par cet afflux massif, la Fondation Hospices Civils de Lyon se mobilise pour réunir les fonds nécessaires au redéploiement et la modernisation du service de psychopathologies de l’enfant et de l’adolescent de l’Hôpital Femme Mère Enfant, à Lyon-Bron. Un appel à la générosité essentiel pour permettre d’absorber les demandes et de contribuer à enrayer cet inquiétant phénomène, comme l’explique Sophie Mérigot, la déléguée générale de la Fondation HCL.

Débordé et inadapté, le service de psychopathologies de l’enfant et de l’adolescent de l’HFME, comme tant d’autres en France, ne peut plus faire face au raz-de-marée. Le mal-être, au sein de la jeunesse française, atteint des sommets, au moment où sa prise en charge ne peut plus se faire dans des conditions optimales.

Un projet de réhabilitation et de modernisation de ce service de l’HFME est sur les rails, mais il a besoin de fonds pour aboutir en 2024, selon Sophie Mérigot, déléguée générale de la Fondation Hospices Civils de Lyon, qui en a fait l’un des axes majeurs de sa campagne de collecte de dons de fin d’année : « soutenir la Fondation HCL, c’est agir ici et maintenant, dans nos hôpitaux de proximité. »

Santé mentale des jeunes : “la situation s’est aggravée avec la pandémie”

Pourquoi la prise en charge de la santé mentale des jeunes doit-elle être améliorée à Lyon ?

Les médecins constatent une recrudescence des problématiques psychiatriques et psychiques chez les patients jeunes, enfants et adolescents. Ce secteur était déjà tendu avant la crise sanitaire, mais la situation s’est aggravée avec la pandémie. Le service de psychopathologies de l’enfant et de l’adolescent de l’Hôpital Femme Mère Enfant de Lyon-Bron a ainsi connu une augmentation exponentielle des consultations, de l’ordre de 40%. C’est énorme. Face à cet afflux inédit de patients, les équipes ont mené une réflexion collective pour apporter les meilleures réponses destinées à améliorer la prise en charge, face à cette hausse de volume et à l’aggravation des problématiques.

Comment expliquez-vous cette hausse des problématiques en santé mentale ?

Nous vivons dans un environnement anxiogène. La situation est compliquée pour tout le monde. Les générations antérieures n’avaient pas ces questionnements. Et la crise sanitaire a amplifié le phénomène, engendrant un repli sur soi, une coupure avec le monde extérieur, réduisant les échanges… Alors que les échanges, c’est la vie. On se construit grâce à l’autre.

De nouveaux modes de prise en charge à développer

Des cas plus graves et plus de patients : l’hôpital n’est donc plus dimensionné pour recevoir cet afflux massif ?

Non seulement le service de psychopathologie de l’enfant et de l’adolescent de l’HFME est devenu inadapté, mais il faut aussi repenser la prise en charge elle-même, en faisant appel à des techniques innovantes pour venir en support de la prise en charge médicale. Il s’agit donc à la fois d’un problème très structurel, avec la rénovation et le réaménagement indispensable des espaces, mais aussi de permettre l’acquisition d’équipements innovants, avec des approches axées sur le bien être, la sécurité, la réappropriation du corps…

Pouvez-vous détailler en quoi consistent ces nouvelles approches thérapeutiques ?

À l’hôpital, on développe de plus en plus l’approche « snoezelen », basée sur l’écoute et l’observation de ses propres sensations. On fait appel aux cinq sens, avec pour objectif final d’apprendre à mieux réguler ses émotions, faire baisser son stress… Et pour y parvenir, on a recours à des espaces conçus spécifiquement, ainsi qu’à des machines dédiées : colonnes sollicitant les sens, capsules immersives avec des casques de réalité virtuelle, fauteuils à billes… Ce sera un renfort technologique notable pour la prise en charge des patients.

La santé mentale des jeunes au coeur de la campagne hivernale de dons de la Fondation HCL

Quand ces aménagements pourront-ils être réalisés ?

Une fois les fonds récoltés, évalués à 150 à 170 000€, le projet ira vite et doit aboutir dès 2024. Mais pour que ce projet puisse voir le jour, il faut que la Fondation HCL parvienne à mobiliser les donateurs, qu’ils s’agissent de particuliers ou d’entreprises. C’est la raison pour laquelle nous donnons cette priorité à notre campagne hivernale de dons, qui vise également à permettre de soutenir deux autres projets, l’un autour de la recherche sur la maladie d’Alzheimer, estimé à 40 à 50 000€, l’autre sur la création d’une plate-forme de bioproduction de thérapies cellulaires et géniques à Lyon, qui nécessite une enveloppe de plus de 600 000€.

En quoi consiste le projet dédié à la maladie d’Alzheimer ?

Nous soutenons les travaux du Dr Antoine Garnier-Crussard, gériatre à l’hôpital des Charpennes à Lyon, qui mène une étude sur les facteurs déclenchant de la maladie d’Alzheimer. Ses recherches partent du constat que certains patients présentent des lésions cérébrales relevant de la maladie d’Alzheimer mais dont les troubles sont finalement assez peu marqués, mais qu’en revanche d’autres patients chez qui les lésions sont très minimes développent des symptômes très importants.

L’idée serait d’identifier les facteurs de fragilité, liés par exemple à la nutrition ou la locomotion, et qui pourraient, c’est l’hypothèse, influer de manière significative sur les troubles cognitifs conduisant au déclin fonctionnel. En résumé, mieux comprendre ce qui amène à la maladie d’Alzheimer, pour mieux la traiter et mieux la prévenir en agissant sur ces facteurs de fragilités.

Fondation HCL : des “cellules médicaments” bientôt produites à Lyon ?

Vous soutenez également un projet très ambitieux de production de « cellules-médicaments » à l’hôpital Édouard Herriot, à Lyon ?

Tout l’enjeu est de parvenir à produire dans nos hôpitaux ces cellules génétiquement modifiées à partir des propres cellules du patient. Nous savons qu’à l’échelle des Hospices Civils de Lyon, 25 000 patients sont directement concernés. Cela offrirait un gain considérable en termes de temps, de coût et d’efficacité, ne serait-ce qu’en évitant l’étape de congélation nécessaire au transport et qui, potentiellement, peut entraîner une dégradation de la cellule médicament. In fine, cela augmenterait notablement les chances des patients atteints de maladies dys-immunitaires et suivis par les équipes des HCL.

Quelles sont les maladies qui pourraient bénéficier de cette technique inédite en France ?

Il s’agit d’un projet à l’importance capitale, puisqu’il pourrait changer la donne pour de nombreux patients atteints de maladies incurables, auxquels la médecine ne peut actuellement proposer de solutions : cancers, lymphomes réfractaires, maladies rares de l’enfant, infections sévères résistantes, greffes rejetées…. Toutes ces maladies ont en point commun d’être liées à un dysfonctionnement du système immunitaire. L’idée serait d’utiliser de nouvelles thérapies basées sur des cellules immunitaires modifiées, génétiquement ou pas. Ces cellules médicaments sont introduites dans l’organisme du patient pour lui fournir l’arme nécessaire à son système immunitaire pour combattre la maladie. Leur usage pourrait révolutionner le traitement de ces pathologies incurables.

Comment donner ? Plus d’infos sur www.fondationhcl.fr

À SAVOIR

La Fondation HCL est reconnue d’utilité publique, au service des patients et professionnels de santé des hôpitaux des Hospices Civils de Lyon. Elle a pour vocation de collecter des fonds pour financer des projets dans ces hôpitaux, à travers deux à trois campagnes par an.

Ces projets s’articulent autour de trois axes :

=> l’amélioration de l’accueil, du confort et de l’accompagnement du patient, pour un hôpital moins anxiogène et une prise en charge plus apaisée

=> accélérer la recherche et l’innovation en santé, sur tout type de thématiques et de pathologies

=> améliorer le bien-être des professionnels de santé, pour prendre soin de ceux qui prennent soin de nous.

Comment donner ? Plus d’infos sur www.fondationhcl.fr

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Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

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