Un excès de poids engendre d'inévitables conséquences physiques et psychologiques chez l'enfant. ©Shutterstock

Avec 17,8% des enfants en surpoids, l’obésité infantile ne cesse de progresser en France. Médecins spécialisés et pédiatres tirent la sonnette d’alarme et invitent les parents à agir sans attendre.

L’obésité fait partie des fléaux du XXIème siècle. Il s’agit d’un des plus grands défis de la santé publique selon l’OMS. En France, 17,8% des enfants sont en situation de surpoids. Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, ce taux semble moins élevé que la moyenne nationale selon l’ARS. Les problèmes d’obésité et de surpoids touchent par exemple 4 % des enfants de l’académie de Lyon ou 2,6% dans l’académie de Grenoble. Les quartiers défavorisés et les zones d’éducation prioritaires sont les plus touchés : les chiffres peuvent y doubler.

Chaque année, près de 350 enfants sont pris en charge dans le Rhône pour traiter leur obésité par le Réseau de Prévention et de Prise en Charge de L’Obésité en Pédiatrie du Rhône (Réppop). Si la cause génétique est souvent mise en avant, il existe plusieurs facteurs qui favorisent la prise excessive de poids chez les enfants. L’environnement et le mode de vie sont en effet des composants essentiels du quotidien, à prendre en compte. De simples modifications dans les habitudes de vie d’un foyer peuvent changer considérablement l’avenir d’un enfant obèse ou en surpoids.

Des conséquences graves dès l’enfance

Selon l’OMS, 50 à 60 % des enfants obèses le seront à l’âge adulte. Cet important excès de poids peut avoir de graves conséquences sur la santé : diabète de type 2, troubles respiratoires, du sommeil ou encore des problèmes articulaires comme de l’arthrose. Si ces pathologies surviennent le plus souvent chez les adultes obèses, elles peuvent également apparaître dès l’enfance.

Mais les maladies physiques ne sont pas les seules à impacter la vie des enfants en surpoids ou en obésité. Une souffrance psychologique peut impacter leurs vies scolaires et sociales et peuvent conduire à une situation d’isolement. L’accompagnement de ces jeunes mineurs est donc un enjeu majeur vers la guérison.

La priorité? Surveiller la courbe de croissance

« En dessous de 6 ans, le surpoids ne se voit pas chez un enfant. Quand on s’aperçoit que son corps s’arrondit, il est déjà obèse » alerte le Dr. Camille Saison-Canaple du Réppop du Rhône.

Pour comprendre et surveiller l’évolution pondérale de l’enfant, il est impératif de suivre sa courbe de croissance en la comparant à celle de référence. Cette courbe de corpulence est présente dans tous les carnets de santé. Calculer régulièrement l’IMC de son enfant peut également être utile pour contrôler que sa prise de poids est normale. Pour rappel, pour un poids dit normal, l’IMC doit être compris entre 18,5 et 25 kg/m3 (lire ci-dessous).

Obésité : “tout se joue entre 2 et 8 ans’’

Le surpoids voire même l’obésité modérée peuvent être corrigés pendant la croissance de l’enfant. En diminuant sa prise de poids au fil de son développement, sa courbe de croissance et son IMC peuvent se réguler.

Le Pr. Marc Nicolino, chef du service d’endocrinologie et de diabétologie pédiatriques à l’Hôpital Femme Mère Enfant, à Lyon, explique : « L’enfant en surpoids grandit, il peut donc tout à fait affiner sa corpulence tout en prenant du poids. C’est pourquoi, il est important de prendre en charge l’obésité dès l’enfance. » Et le Dr. Saison-Canaple d’ajouter : « c’est vraiment tôt, entre 2 et 8 ans que tout se joue pour l’enfant ».

Quelles solutions contre l’obésité ?

Le Réseau de Prévention et de Prise en Charge de L’Obésité en Pédiatrie prend en charge plus de 4000 enfants en surpoids ou obèse depuis 2005. L’objectif est de stopper la progression de la prise de poids. La stratégie consiste à ne pas imposer de régime aux enfants mais de les habituer à un rythme de vie sain.

Entre activités physiques et sportives collectives et suivi psychologique, nutritionnel et pédiatrique, un accompagnement pluridisciplinaire leur est ainsi proposé. L’aide concerne aussi bien les enfants que leurs parents.

Le poids, une affaire de famille

Outre le patrimoine génétique de la famille qui pourrait prédisposer l’enfant à l’obésité, le mode de vie de toute la famille est également à prendre en compte. Selon le Dr. Saison-Canaple « L’environnement de l’enfant est très influent : l’exposition excessive aux écrans, la sédentarité et le manque d’activités sportives, la carence en sommeil mais aussi l’industrie agro-alimentaire omniprésente qui invite à consommer. »

Pour changer les habitudes de l’enfant, son entourage doit également adopter un mode de vie plus sain. Elle précise que « toute la famille doit s’y mettre pour que ça marche. Il ne faut pas isoler l’enfant dans un régime en le stigmatisant. »  Il ne doit donc pas être exclus mais être intégré dans les bonnes habitudes du foyer.

Les bons gestes à mettre en pratique

Les messages de prévention qui invitent à une bonne hygiène de vie quotidienne sont nombreux. Manger au moins cinq fruits et légumes par jour, pratiquer une activité physique régulière ou encore réduire le temps d’écran: « les messages doivent être plus clairs pour les enfants », selon le Dr. Saison-Canaple.

Si le grignotage et l’excès de sucre sont à proscrire, l’accent est mis sur la dépense énergétique de l’enfant. Elle déplore :  « un parent s’inquiète si son enfant ne mange pas mais pas s’il ne bouge pas assez ! Jusqu’à l’âge de 6 ans, un enfant doit avoir 15 minutes d’éveil par heure. »

Calcul de l’IMC, comment ça marche ?

L’indice de masse corporelle correspond au poids divisé par le carré de la taille, exprimé en kg/m2. Selon l’OMS, un IMC égal ou supérieur à 25 kg/m2 correspond à un surpoids. L’obésité débute à partir d’un IMC égal ou supérieur à 30. On parle d’obésité morbide à partir d’un IMC supérieur à 40, de super obésité au dessus de 50 et de super super obésité au-delà d’un IMC de 60.

À SAVOIR

Les CENTRES RÉPPOP sont présents dans les départements du Rhône et de l’Isère. Le dispositif PréO est également disponible dans les départements de l’Ardèche et de la Drôme. Pour bénéficier d’un accompagnement, la démarche peut-être faite par la famille et pas seulement par un professionnel de santé. Il est possible de prendre directement contact avec le réseau via leur site internet ou encore par téléphone.

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Diplômée d'un master 2 de journaliste à l'Université Lyon II, Mélissa Gajahi a mis son talent de rédactrice et son esprit de synthèse au service du Groupe Ma Santé pendant près de trois ans, avant de partir exercer ses nombreux talents sous d'autres cieux journalistiques.

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