Contrairement aux idées reçues, la lombalgie frappe surtout des gens actifs, et pas seulement séniors. ©Unsplash

Considérée comme le “mal du siècle”, la lombalgie exige parfois des séances de rééducation lorsqu’elle devient chronique. Les explications d’Yves Chatrenet, kinésithérapeute, responsable des services de rééducation de la Clinique de rééducation Sancellemoz, à Passy, en Haute-Savoie.

Qu’est-ce qu’une lombalgie ?

La lombalgie, c’est le mal de dos : il peut y en avoir de courte ou de longue durée. L’approche thérapeutique n’est pas la même selon les cas. La douleur chronique que nous traitons en établissement de rééducation excède en général une durée de trois mois. La lombalgie aiguë dure, elle, de 4 a 6 semaines.

Est-ce toujours le “mal du siècle” ?

Cela reste une pathologie particulièrement fréquente, surtout avec la sédentarité. Le mal de dos reste donc le mal du siècle. Certes, les techniques d’imagerie ont progressé.  Mais sur le plan clinique, il n’y a malheureusement pas de révolution.

Les victimes de lombalgies chroniques qui viennent consulter sont-elles le plus souvent âgées ?

Non. Ce sont plutôt des gens actifs, ne serait-ce que pour des raisons médico-économiques : la sécurité sociale accepte davantage qu’on les prenne en charge. Bien sûr, les travailleurs manuels sont plus sujets aux lombalgies en raison de la répétition de mouvements contraignants. C’est la même chose pour les sportifs, eux par sur sollicitation. Ici, en Haute-Savoie, le cas typique, ce sont les guides. Ils sont musclés, portent des sacs à dos, mais ils sont forts sur certains muscles et faibles sur d’autres, ou très raides. Dans ce cas, on prescrit un renforcement des muscles faibles et l’assouplissement des forts.

Redonner de l’élasticité aux muscles 

A quoi sert la rééducation dans ces cas de lombalgie ?

Pour les douleurs chroniques, longues, la rééducation s’avère, toutes formes de thérapies confondues, la solution à préconiser en priorité. Les méta analyses des revues médicales internationales ont démontré que ce type de prise en charge s’avère plus efficace que les médicaments, l’acupuncture ou la chirurgie… L’objectif, dans cette prise en charge, est de réharmoniser le contexte musculo-articulaire : récupérer les muscles atrophiés, redonner de l’élasticité aux muscles raidis, de la mobilité aux articulations ankylosées. On ne s’adresse pas à une cause en particulier, puisque souvent on l’ignore, mais on va recréer un contexte favorable.

A partir de quel moment les patients doivent-ils s’astreindre à une rééducation longue ?

La kiné de longue durée traite ceux qui souffrent depuis très longtemps, des mois, des années, qui ont connu des épisodes médicaux qui se sont révélés infructueux. Nous travaillons beaucoup avec des neurochirurgiens qui opèrent le dos. Avant de poser une indication opératoire, il arrive qu’ils nous envoient les patients pour voir si un traitement de rééducation pourrait se révéler positif. Si la rééducation est sans effet, les patients peuvent alors être opérés avec des indications fiables. Il y aussi des échec relatifs, des opérations qu’il faut compléter par une rééducation appropriée. Ils nous sont envoyés par des médecins généralistes, rhumatologues, chirurgiens qui ont déjà dégrossi le terrain. Dans notre approche, on va évaluer en priorité les capacités du patient : force, élasticité, mobilité mais aussi état fonctionnel.

Des exercices quotidiens

Combien de temps faut-il pour obtenir un résultat ?

Les prises en charge durent trois semaines ou cinq fois par semaine, soit une quinzaine de séances en accueil de jour. Le but est de remettre le patient sur les bons rails, le rendre autonome pour qu’il se prenne ensuite en charge avec une série d’exercices à faire. L’hygiène articulaire est un investissement personnel quotidien. Nous préconisons des exercices avec un élastique, un ballon, un tapis, des mouvements particuliers pour s’auto rééduquer.

Est-ce pris en charge?

C’est entièrement pris en charge par la Sécurité sociale puisqu’il s’agit d’une hospitalisation.

A savoir

La lombalgie, quelle soit chronique ou aigüe, se traduit par des douleurs violentes dans le bas du dos, au niveau des vertèbres lombaires. Elle peut survenir à tous les âges, avec des pics d’apparition à l’adolescence, puis entre 40 et 50 ans. Cette affection touche environ 80% de la population dans les pays développés.

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Figure du monde de la santé en Auvergne-Rhône-Alpes, il traite de vos pathologies sur les ondes comme sur le web.

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