Une femme en plein examen pour dépister un potentiel cancer de la gorge.
Un cancer de la gorge sur deux est diagnostiqué trop tard. © Adobe Stock

Voix enrouée qui ne revient pas, gêne pour avaler, boule dans le cou… Et si ce n’était pas qu’un simple rhume ? Selon les spécialistes, certains symptômes discrets peuvent révéler un cancer ORL, souvent diagnostiqué trop tard. On fait le point.

On a tendance à croire que les cancers de la gorge touchent uniquement les gros fumeurs ou les buveurs invétérés. C’est en partie vrai… mais pas seulement. En France, environ 15 000 nouveaux cas de cancers ORL (oreilles, nez, gorge, bouche) sont diagnostiqués chaque année selon Santé Publique France.

Parmi eux, les cancers de la gorge représentent une part importante et leur dépistage précoce peut tout changer. Le problème ? Ces cancers se développent souvent sans douleur ni symptômes spectaculaires.

Une voix enrouée qui dure

On a tous déjà eu une extinction de voix après avoir crié ou à cause d’un rhume. Mais si cette voix cassée ou rauque persiste au-delà de trois semaines, sans cause évidente, c’est un signal d’alerte. 

Ce symptôme peut en effet être l’un des premiers signes d’un cancer du larynx, la zone qui abrite les cordes vocales. Plus on tarde à consulter, plus la tumeur peut s’étendre, rendant le traitement plus compliqué.

Une lésion qui ne guérit pas dans la bouche

Un bouton sur la langue, une petite plaie Ă  l’intĂ©rieur de la joue, un aphte qui dure… Si vous remarquez une lĂ©sion qui ne cicatrise pas après deux semaines, il est essentiel d’en parler Ă  votre mĂ©decin ou Ă  votre dentiste. 

Ces lésions peuvent être le signe de lésions précancéreuses ou d’un début de cancer de la cavité buccale. Ce sont souvent des signes visibles mais indolores, donc facilement ignorés.

Une boule ou un ganglion dans le cou

La prĂ©sence d’une grosseur sous la mâchoire, sur le cĂ´tĂ© du cou ou près de l’oreille, surtout si elle est indolore et ne diminue pas avec le temps, doit ĂŞtre prise au sĂ©rieux. Elle peut correspondre Ă  un ganglion lymphatique gonflĂ© en rĂ©ponse Ă  une infection… mais aussi Ă  une mĂ©tastase d’un cancer de la gorge. 

C’est l’un des symptômes qui incite souvent les patients à consulter, et c’est tant mieux, car il peut être très révélateur.

Des douleurs à la déglutition

Avaler devient douloureux ? Vous avez l’impression qu’un aliment ou même votre salive “coince” dans la gorge ? Cela peut indiquer un cancer du pharynx ou de l’œsophage. Là encore, ce n’est pas forcément grave, mais si cette gêne persiste, mieux vaut faire un bilan.

Ce type de symptôme doit particulièrement alerter chez les personnes de plus de 50 ans ayant des antécédents de tabagisme ou d’alcoolisme.

Une douleur à l’oreille sans cause évidente

Cela peut surprendre, mais certains cancers ORL, notamment ceux situĂ©s dans le fond de la gorge, peuvent provoquer une douleur irradiĂ©e vers une oreille, souvent d’un seul cĂ´tĂ©. Ce symptĂ´me s’explique par le fait que des nerfs partagĂ©s entre la gorge et l’oreille peuvent transmettre la douleur. 

Si vous avez une douleur auriculaire persistante sans otite ni autre cause détectée, pensez à consulter un ORL.

Tabac et alcool : le duo Ă  risque

On le sait, le tabac nuit gravement Ă  la santĂ©. Mais lorsqu’il est associĂ© Ă  une consommation rĂ©gulière d’alcool, le risque devient particulièrement Ă©levĂ© pour la sphère ORL. En effet, ces deux substances ne se contentent pas d’agresser les cellules de la gorge chacune de leur cĂ´tĂ©. Ensemble, elles agissent en synergie, multipliant jusqu’à 40 fois le risque de dĂ©velopper un cancer de la bouche, du pharynx ou du larynx.

Pourquoi ? Parce que l’alcool rend les muqueuses plus perméables, facilitant la pénétration des substances cancérigènes contenues dans la fumée de cigarette. Résultat : une inflammation chronique, une altération des cellules, et à terme, un risque accru de mutations cancéreuses.

Ce facteur de risque concerne aussi bien les hommes que les femmes, même si les hommes restent les plus touchés. Selon Santé Publique France, les cancers ORL liés à ces consommations touchent en majorité les personnes de plus de 50 ans, mais des cas apparaissent aussi chez des patients plus jeunes, notamment lorsqu’ils cumulent d’autres facteurs.

HPV : un virus sexuellement transmissible

Autre coupable, beaucoup plus discret celui-là : le papillomavirus humain, ou HPV. Longtemps associé uniquement au cancer du col de l’utérus, ce virus sexuellement transmissible est aussi à l’origine d’un nombre croissant de cancers de la gorge, en particulier chez les personnes jeunes, non-fumeuses et non-buveuses.

Le mode de transmission est simple : le HPV se transmet lors de rapports sexuels oraux, même en l’absence de symptômes visibles. Une fois installé, le virus peut infecter les cellules de la gorge et provoquer, parfois des années plus tard, l’apparition d’un cancer. L’Institut national du cancer estime que près de 25 % des cancers de la gorge sont aujourd’hui dus à ce virus.

On a tous tendance à attendre que “ça passe tout seul” avant de prendre rendez-vous chez le médecin. Pourtant, quand il s’agit de la gorge, cette habitude peut faire perdre un temps précieux. La règle d’or est simple : si un symptôme ORL dure plus de trois semaines sans amélioration, il ne faut pas rester dans le doute. Que ce soit une gêne à la déglutition, une voix enrouée, une petite plaie buccale qui ne guérit pas ou une boule dans le cou, il est essentiel de consulter.

Le premier réflexe doit être de parler à votre médecin traitant, qui saura évaluer la situation et vous orienter si besoin vers un spécialiste ORL. Ce dernier pourra réaliser un examen clinique approfondi, et, si nécessaire, pratiquer une fibroscopie : un petit tube muni d’une caméra est introduit dans la gorge pour examiner les tissus en profondeur. C’est un examen rapide, indolore, et surtout très efficace pour détecter d’éventuelles anomalies.

Dans le cas des cancers ORL, le temps est un facteur clé. Plus le cancer est diagnostiqué tôt, plus les traitements sont simples, efficaces et moins invasifs. Lorsqu’un cancer du larynx est repéré à un stade localisé, le taux de survie à 5 ans dépasse les 80 %, selon les données de l’Institut national du cancer. Cela signifie que 8 personnes sur 10 peuvent s’en sortir si la maladie est prise à temps.

Mais si l’on attend trop, si l’on laisse les signes s’installer, le cancer peut évoluer, s’étendre à d’autres tissus, voire à d’autres organes. À ce stade avancé, le taux de survie chute brutalement, parfois en dessous de 40 %, et les traitements deviennent plus lourds : chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie… Des soins plus complexes, plus longs, avec davantage d’effets secondaires.

A SAVOIR

Des initiatives telles que la campagne nationale Rouge Gorge sont organisĂ©es pour informer le public sur les cancers de la gorge. Par exemple, le CHU Grenoble Alpes a rĂ©cemment annoncĂ© des journĂ©es de sensibilisation les 1er et 8 avril 2025, incluant confĂ©rences, tĂ©moignages et stands d’information.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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