Hortense Guillet au départ d'un marathon.
Sportive depuis toujours, Hortense Guillet, ici au départ du Marathon de la Bière, à Montbrison, court au profit de la bonne cause : sensibiliser aux gestes qui sauvent. © DR

Originaire de la Loire, Hortense Guillet a sauvé la vie de son père, victime d’un arrêt cardiaque soudain en janvier 2021. Quatre ans plus tard, la jeune femme, sapeur-pompier volontaire et future infirmière, milite avec son association pour la sensibilisation du public aux gestes qui sauvent et à la formation à l’usage du défibrillateur. Convaincue qu’une telle pédagogie permettrait de sauver de nombreuses vies, elle est même devenue l’ambassadrice de Tatodef’, le plus petit défibrillateur personnel au monde, développé par une startup de sa région. Rencontre.

En France, 50 000 personnes sont chaque année victimes d’un arrêt cardiaque soudaine (source sante.gouv). Plus de la moitié surviennent en présence de témoins, mais 5% seulement des victimes survivent.

François Guillet est de ceux-ci. Si cet habitant de Saint-Just-Saint-Rambert (Loire) a depuis traversé un long parcours de soin, entre coma artificiel, pompe cardiaque puis greffe, il a bel et bien survécu à son infarctus. Grâce à une bonne étoile : sa fille Hortense.

Hortense Guillet avec son père.
Hortense, aux côtés de son papa, François © DR.

Cette nuit du 3 janvier 2025, la jeune femme est réveillée par des cris. Sa mère hurle près du corps inconscient de son mari, affalé sur le canapé. François, 53 ans, ne réagit plus et Hortense comprend très vite qu’il est en arrêt cardiorespiratoire. Avec sang-froid, elle compose le 18, décrit la situation aux secouristes et… entame un massage cardiaque salvateur.

« Je suis sapeur-pompier volontaire », révèle celle qui, depuis, a entamé des études pour devenir infirmière. « Depuis toute petite, j’ai toujours aimé aider les autres et me rendre utile ». Ce dévouement, cette nuit-là, a sauvé la vie de son propre père.

« Les pompiers sont arrivés en huit minutes et le SAMU en dix. Ils ont pris le relais et transporté mon père en réa à l’Hôpital Nord de Saint-Étienne. Mais si je n’avais pas été là, mon père ne serait plus de ce monde. D’ailleurs, je ne devais même pas être à la maison ce soir-là ». Heureux hasard.

Sauf que tout le monde n’a pas la chance d’avoir une fille secouriste. Et que pour un François, il y a de nombreux papas ou grands-pères brutalement disparus faute d’avoir reçu les gestes de premier secours. Combien sommes-nous, aujourd’hui, à être capables de la bonne réaction, de faire un massage cardiaque correct ou même d’utiliser un défibrillateur public ?

Cette prise de conscience quant au manque de formation de notre société a poussé Hortense à en faire un combat. Elle a créé une association, Courir pour le Cœur, pour sensibiliser aux gestes qui sauvent et soutenir la recherche cardiovasculaire à travers des collectes de fond. « Je courrai déjà, mais je me suis fixé le défi de courir un marathon, le 8 juin à Montbrison. J’ai collecté 1100€, que j’ai reversé à l’Hôpital Louis Pradel ». C’est dans cet établissement lyonnais, spécialisé en cardiologie, que son père avait été transféré depuis Saint-Étienne. « Il est resté un mois dans le coma. Son cœur ne fonctionnait plus qu’à 20% et une pompe cardiaque lui a été implantée. En comptant la rééducation, il est resté trois mois de plus dans cet hôpital ».

Depuis, François Guillet a repris son travail dans une manufacture d’armes. « Aujourd’hui, il va bien. Il est resté longtemps sur liste d’attente pour une greffe cardiaque », explique sa fille. « Il a finalement été greffé avec succès en février dernier ». Le quinquagénaire n’avait aucun antécédent et rien, hormis sa consommation de tabac, n’aurait pu présager d’une telle issue.

L’accident cardiaque frappe sans prévenir, principalement des hommes de plus de 50 ans. Mais de plus en plus de jeunes adultes, et de femmes, sont concernés, ce qui renforce cette nécessité à une amélioration de la prévention et de la formation.

Depuis quelques mois, Hortense est devenue l’ambassadrice d’une entreprise de Monistrol-sur-Loire (Haute-Loire), Tatondef’, qui vient de développer le plus petit défibrillateur personnel au monde. Un appareil de poche, facile d’utilisation, qui pourrait jouer un rôle particulièrement salvateur : « Il faut vraiment sensibiliser les gens aux pathologies cardiaques et à la formation au massage cardiaque. Si ces lacunes étaient comblées, cela permettrait de sauver de nombreuses vies », martèle-t-elle avec conviction. « Connaître les premiers gestes, c’est déjà beaucoup. Tout le monde devrait être formé, avec des recyclages tous les ans. Et il faudrait aussi que l’on arrête d’avoir peur des défibrillateurs, ces grosses boîtes vertes que personne ne sait ouvrir et faire fonctionner…»

Le 23 novembre 2025, Hortense participe avec Tatondef’ au Cardio Challenge Heroes, une course au cœur du Bois de Vincennes, à Paris. Ce jour-là, chaque coureur sera formé aux gestes qui sauvent par les équipes de la Protection Civile, qui rappellent que chaque minute passée suite à un arrêt cardiaque représente 10% de chance de survie en moins. Les bons réflexes ? “Alerter, masser, défibriller…”

À SAVOIR

Le 1er défibrillateur cardiaque personnel… et le plus petit au monde, ne pèse que 450 grammes. Commercialisé depuis avril dernier par TaTonDef’, une entreprise de Monistrol-sur-Loire, en Haute-Loire, le CellAED est un dispositif connecté et facile d’utilisation, qui peut être glissé dans un sac ou la boîte à gants d’une voiture. Le mini-défibrillateur a été développé par deux secouristes haut-ligériens, effarés par l’inquiétant rapport révélé par France Info en 2024 et selon lequel un tiers des 500 000 défibrillateurs cardiaques disposés dans des lieux publics… ne fonctionnent pas ou mal.

Inscrivez-vous à notre newsletter
Ma Santé

Article précédentForte hausse des noyades en France : Santé publique France tire la sonnette d’alarme
Article suivantMoins de bébés, plus de décès : la France face à un tournant démographique historique
Journaliste expert santé / Rédacteur en chef adjoint du Groupe Ma Santé. Journaliste depuis 25 ans, Philippe Frieh a évolué dans la presse quotidienne régionale avant de rejoindre la presse magazine pour mettre son savoir-faire éditorial au service de l'un de ses domaines de prédilection, la santé, forme et bien-être. Très attaché à la rigueur éditoriale, à la pertinence de l'investigation et au respect de la langue française, il façonne des écrits aux vertus résolument préventives et pédagogiques, accessibles à tous les lecteurs.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici