Brown-out, c’est quoi ? Une perte de sens au travail qui conduit parfois à la dépression. Après le burn-out et le bore-out, cette nouvelle pathologie fait son apparition dans les entreprises, touchant principalement les cadres et les jeunes. Explications.
Symptomatique de notre époque, un nouveau mal ronge le monde du travail. Le brown-out, ou ‘’panne de courant’’, qui stigmatise la perte de sens du travail. Un syndrome de souffrance au travail encore méconnu en France, mais aux proportions plus importantes que celles du burn-out, qui touche à l’épuisement professionnel, ou du bore-out, relatif à l’ennui généré par le manque de tâches à accomplir.
Brown-out : qui sont les victimes ?
Selon François Baumann, l’un des premiers médecins français à s’y être intéressé, « les victimes de brown-out sont bien plus répandues. Ce sont ces gens dont on entend souvent parler, qui sont désengagés et las de leur boulot ». Ce désinvestissement est la conséquence directe d’un sentiment, celui de réaliser une tâche jugée absurde. Ou d’exercer une activité contraire à leurs convictions, non stimulante, sans intérêt et/ou à l’impact limité voire nul sur la bonne marche de l’entreprise.
Brown-out : des effets désastreux sur le quotidien
Ce sentiment insidieux de vacuité génère de la démotivation, qui peut se traduire par un manque d’implication, des absences plus régulières, une participation moindre aux décisions et aux projets, jusqu’à une remise en question de ses compétences. Loin d’être anodins sur le plan psychologique, ces symptômes peuvent avoir selon les cas de lourdes répercussions sur l’humeur et la santé : perte du sens de l’humour, fatigue, mauvais sommeil, anxiété, dépression…
Brown-out : d’où vient l’épidémie ?
Plusieurs médecins interrogés confirment que le brown-out n’est pas encore identifié en tant que tel par les services de santé au travail. Certains n’en ont même jamais entendu parler. En avoir assez de son métier, pourtant, n’a rien de neuf. Mais le phénomène prendrait de l’ampleur avec la multiplication des métiers ‘’accessoires’’, dans des domaines comme le management ou les ressources humaines. Des « bullshit jobs », comme les a qualifiés l’anthropologue américain David Greaber, premier à pointer du doigt ce mal qui touche surtout les cadres.
Brown-out : les jeunes particulièrement touchés
Clément travaillait dans la com. Pur produit d’une grande école, ce jeune Bourguignon a réalisé après plusieurs expériences qu’il n’en acceptait plus les codes : « j’avais perdu la flamme ». Passionné de vin, il travaille désormais dans un domaine viticole. Ces cas de carrière avortée et de reconversion express sont légion dans les générations actuelles, nourries à la notion de ‘’bien-être au travail’’ et bercées d’illusions par leurs écoles. Le terrain les ramène aux (dures) réalités du métier. Tous, malheureusement, n’ont pas les ressources pour rebrancher le courant…
A SAVOIR
Selon une étude Deloitte et Viadeo de 2017, 56% des salariés estiment que le sens du travail s’est dégradé. Quant au Baromètre National du Bonheur au Travail établi par la Fabrique Spinoza (think thank citoyen dont la vocation est la promotion du bonheur citoyen), la note de satisfaction professionnelle moyenne des Français s’élève à 5,3/10.