La souffrance des médecins, un mal qui ronge la profession. ©Unsplah

Burn-out, déprime, dépression, tentative de suicide… De plus en plus de médecins sont en détresse psychologique en France. Un constat inquiétant dressé par les dirigeants de l’ASRA (Aide aux Soignants de Rhône-Alpes) qui, à l’occasion des cinq ans de l’association, tirent la sonnette d’alarme.

Un médecin qui va mal soigne mal“. Tel est le constat du docteur Georges Granet, président du Conseil Régional de l’Ordre des Médecins de Rhône-Alpes et secrétaire de l’ASRA (Aide aux Soignants de Rhône-Alpes). Cette association organisait ce mardi 10 octobre 2017 une conférence de presse à Lyon afin de tirer la sonnette d’alarme.
Burn-out, surmenage, détresse psychologique, dépression… Les médecins sont en effet de plus en plus nombreux à souffrir d’épuisement professionnel. Une détresse psychologique qui touche, à des degrés divers, environ 40% des praticiens au cours de leur carrière. Un ratio en augmentation ces dernières années, d’où l’initiative des dirigeants de l’ASRA de lancer un “appel d’urgence” en direction de leurs confrères mais aussi des pouvoirs publics en pleine réforme de la santé en France. “Le constat est simple: la France manque de médecins et ceux qui sont en activité ont de multiples tracas quotidiens: contraintes administratives de plus en plus lourdes, horaires de travail démentiels, patient de plus en plus exigeants qui ne parlent que de leurs droits et on de leurs devoirs… A cela, il faut ajouter d’autres facteurs comme des soucis familiaux, des problèmes financiers. Autant de préoccupations qui expliquent pourquoi les professions médicales sont celles qui enregistrent le plus de suicides parmi les professions libérales“, souligne le docteur Michel Evreux, président de l’ASRA. “Le suicide est la première cause de mort pour les médecins en activité devant les maladies cardio-vasculaires“, insiste le docteur Georges Granet.

Des médecins en détresse de plus en plus jeunes

Qui sont ces médecins au bout du rouleau qui prennent leur téléphone pour trouver soutien et réconfort ? “Il y a plus de femmes que d’hommes qui nous contactent, note le secrétaire de l’ASRA. Nous avons aussi 12% des appel qui proviennent des conjoint(e)s d’un médecin. Majoritairement, il s’agit de généralistes mais on note de plus en plus d’appels émanant de professionnels évoluant en milieu hospitalier, qu’ils soient internes ou externes. On constate également un rajeunissement de l’âge des praticiens en détresse“.
Concrètement, ce réseau d’écoute baptisée ASRA (Aide aux Soignants de Rhône-Alpes) s’appuie sur la confraternité et une confidentialité. Fondé en mai 2012 par le Conseil Régional de l’Ordre des Médecins Rhône-Alpes, par les huit conseils départementaux de Rhône-Alpes (puis de Saône-et-Loire) et par l’URPS Médecins Libéraux d’Auvergne Rhône-Alpes, ce réseau a pris peu à peu de l’ampleur, tant sur le plan géographique que structurel. « Suite au rapprochement avec l’Auvergne, on rayonne désormais sur une grande région qui compte plus de 32 000 médecins en activité, soit l’effectif le plus important derrière l’Ile-de-France. Un territoire à la fois rural et urbain qui constitue une bonne photographie du milieu de la santé en France », note Michel Evreux.

ASRA, une écoute 24/24 h et 7/7 j

Aujourd’hui, pour répondre aux appels, le réseau ASRA peut compter sur l’implication de 44 confrères de soutien – pour la plupart des médecins généralistes à la retraite –  et l’expertise de 55 personnes ressources, dont une vingtaine de psychiatres et de psychologues, mais aussi des addictologues, médecins de santé au travail, avocats, conseillers juridiques et fiscaux, experts des violences conjugales… Autant de volontaires bénévoles formés à l’écoute qui, via un serveur vocal (appel gratuit), assurent une astreinte téléphonique 24h/24 et 7j/7 pour accompagner leurs confrères et si nécessaire les orienter vers une personne ressource. “Il n’est pas évident de prendre son téléphone et de confier son désarroi. C’est plus facile lorsque l’on a un confrère au bout du fil plutôt qu’une standardiste“, souligne le docteur Georges Granet. “On s’engage à trouver une personne ressource dans les trois jours. Allez trouver un psychologue dans les 72 heures !“, lance le docteur Jean-Michel Navette, insistant sur la confidentialité absolue exigée lors des échanges entre médecins en souffrance et confrères de soutien.
Sachant que l’article 56 du code de déontologie stipule que « les médecins se doivent assistance dans l’adversité », le réseau gère en moyenne entre 3 et 7 appels par mois. « Mais beaucoup de confrères ne connaissent même pas notre existence», s’inquiète le docteur Michel Evreux. Face à cette problématique devenue un enjeu de santé public, le président de l’ASRA milite pour ouvrir son centre écoute à d’autres départements limitrophes et à partager son expérience avec d’autres professions de santé, en attendant une éventuelle déclinaison du réseau à l’échelle nationale.

A SAVOIR

Le réseau ASRA est à l’écoute des médecins en difficulté au 0 805 62 01 33 ou par mail à l’adresse suivante : contact@resau-asra.fr.. Il dispose aussi de son propre site internet : www.reseau-asra.fr

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