vaccin grippe bruno lina
Le vaccin anti-grippal peut être injecté par un médecin, un pharmacien ou un infirmier ©Sanofi Pasteur

Depuis ce lundi 22 novembre, la campagne de vaccination contre la grippe saisonnière est ouverte à toute la population. Infectiologue à Lyon, membre du conseil scientifique, le professeur Bruno Lina fait le point sur la menace épidémique et met en garde contre les risques de développer des formes graves en cas de double infection Covid-19/grippe.

D’abord réservée aux plus de 65 ans, aux femmes enceintes et aux personnes fragiles, la campagne de vaccination anti-grippale est désormais ouverte à tous. L’épidémie de grippe s’annonce-t-elle plus virulente que les années précédentes ?

Il est trop tôt pour connaître l’ampleur de l’épidémie à venir. Une chose est sûre, les différents virus de la grippe (H1N1, H3N2 et virus de type B) circulent déjà. Mais il n’y a pas encore de dynamique épidémique observée. Plutôt une circulation silencieuse constatée sur l’ensemble de l’hémisphère nord. Cette menace latente n’est pas surprenante En effet, les différents virus respiratoires sont en compétition les uns avec les autres. Et il faudra peut-être attendre que l’épidémie de coronavirus s’essouffle pour voir le développement d’une épidémie de grippe majeure. Dans tous les cas, la vigilance est de mise.

Covid-19 et grippe, la guerre des virus est ouverte

Paradoxalement, c’est donc le coronavirus qui nous protège aujourd’hui de l’épidémie de grippe ?

C’est un peu ça. Les virus circulent par séquences. Au début de l’automne, à partir de fin août-début septembre, c’est d’abord le rhinovirus. Puis, s’installe le virus syncytial (VRS) responsable de la bronchiolite du nourrisson en novembre. La grippe, elle, a tendance à apparaître en janvier-février. L’intrusion dans ce séquençage d’un nouvel acteur, en l’occurrence la Covid-19, change un peu la règle du jeu. Son avantage: être pandémique donc beaucoup plus présent sur l’ensemble de la planète. Résultat: il écrase tous les autres virus. Ainsi, par exemple, l’épidémie de bronchiolite observée avant les vacances scolaires de la Toussaint a été cassée par la reprise de l’épidémie de coronavirus.

Le fait d’avoir vécu durant de longs mois “sous bulle sanitaire”, avec confinement, gestes barrières et mesures sanitaires exceptionnelles, n’a-t-il affaibli notre système immunitaire. Autrement dit, le virus de la grippe n’est-il pas une bombe à retardement cet hiver ?

Non, à mon sens, l’absence de circulation du virus de la grippe depuis mars 2020 n’a pas créé de déficit immunitaire. Quant aux mesures de prévention, elles n’augmentent pas les risques d’une épidémie explosive car l’immunité collective liée aux cycles de circulation des virus Influenza reste présente. Donc, l’absence d’épidémie de grippe durant l’hiver dernier n’a pas créé de déficit immunitaire. La situation serait très différente si la grippe était absente durant quatre ou hivers successifs.

Les personnes fragiles plus que jamais vulnérables

En termes d’épidémie, l’hémisphère sud est toujours en avance par rapport à l’hémisphère nord. Qu’avez-vous appris ces derniers mois ?

Il n’y a pas eu de véritable épidémie de grippe cet été dans l’hémisphère sud. Juste quelques cas détectés. Seule l’île de Mayotte et, dans une moindre mesure, l’île de la Réunion, ont été le théâtre d’une épidémie. Il s’agissait d’un virus de type H3N2 avec quelques formes graves.  Il semble que les choix vaccinaux étaient pertinents. Ils étaient basés sur des observations en zones inter tropicales, zones où le virus de la grippe a continué de circuler durant la période pandémique (Bangladesh, Kenya, Côte d’Ivoire…).

Donc, vous pouvez rassurer tout ceux qui hésitent à se faire vacciner en arguant du manque d’efficacité du vaccin ?

Pour l’instant, on a effectivement des certitudes… mais elles peuvent être battues en brèche ! Une chose est sûre, la vaccination contre la grippe est plus que jamais conseillée cette année. En effet, depuis le début de l’épidémie de Covid-19, on observe des taux de formes sévères beaucoup plus élevés chez les personnes ayant contacté deux infections de grippe puis de coronavirus sur une courte période. Cet hiver, il faut donc insister auprès des  personnes fragiles sur ce risque potentiel, avec la nécessité de se faire vacciner contre le coronavirus et contre la grippe.

A SAVOIR

Le vaccin contre la grippe peut être injecté par votre médecin. Il est aussi possible de se faire vacciner par un infirmier libéral, une sage-femme ou en officine par votre pharmacien. Attention, si vous avez un enfant mineur, il vous faudra une ordonnance de votre médecin traitant. Pour les publics “non prioritaires”, la vaccination n’est pas prise en charge par l’Assurance Maladie. Comptez une dizaine d’euros.

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