
La canicule du mois d’août 2025 n’a pas seulement fait suffoquer les Français. Elle a aussi coûté la vie à plusieurs centaines de personnes. Selon les données publiées le 11 septembre par Santé publique France, on estime au moins 280 décès en excès enregistrés entre le 8 et le 19 août, période où le mercure a battu des records dans de nombreuses régions.
Cet été 2025 aura été marqué par plusieurs vagues de chaleur, mais celle d’août s’est distinguée par son intensité et sa durée. Pendant près de deux semaines, un dôme de chaleur a recouvert la France, touchant particulièrement le Sud-Ouest et le Centre-Est. Au total, 41 départements ont été concernés, représentant environ 40 % de la population hexagonale.
Santé publique France parle d’un épisode « extrêmement intense et prolongé », qui a mis à rude épreuve les services de santé. Au-delà des chiffres, ces conditions climatiques extrêmes ne se traduisent pas seulement par des records de températures. Elles affectent le sommeil, l’hydratation, l’activité quotidienne et la prise en charge des patients fragiles.
Comme durant l’épisode caniculaire de juin, avec 480 décès recensés sur la période du 19 juin au 6 juillet, un nombre accru de décès, directement liés aux fortes chaleurs, a été enregistré, indique Santé publique France dans son rapport du 11 septembre 2025.
Canicule 2025 : l’été de tous les dangers
280 morts de plus que la normale : comprendre “l’excès de mortalité”
Le chiffre de 280 décès en excès peut sembler abstrait. Concrètement, il s’agit de la différence entre le nombre de décès réellement enregistrés dans les départements concernés et le nombre attendu pour cette période de l’année, calculé sur la base des tendances habituelles.
Ainsi, durant la canicule d’août 2025, la mortalité toutes causes confondues a été supérieure de +4,7 % par rapport à la normale. Cet indicateur permet de mesurer l’impact global d’un événement climatique sur la santé publique, sans attendre des analyses plus fines.
Il est important de souligner que ces données restent provisoires. Santé publique France précise qu’elles sont arrêtées au 9 septembre 2025 et qu’un bilan consolidé sera publié à l’automne, avec une estimation plus précise de la mortalité attribuable spécifiquement à la chaleur.
Excès de mortalité vs mortalité attribuable : une différence clé
Santé publique France distingue toujours deux indicateurs complémentaires :
- L’excès de mortalité toutes causes confondues : il indique combien de décès supplémentaires ont été constatés par rapport à la normale.
- La mortalité attribuable à la chaleur : elle sera calculée plus tard, grâce à des modèles statistiques reliant précisément les températures à la mortalité.
Tous les décès survenus durant la canicule ne sont pas directement causés par la chaleur. Certains peuvent être liés à d’autres facteurs aggravés par la situation (maladies cardiaques décompensées, infections, accidents). Le rapport attendu cet automne viendra donc préciser la part exacte des décès liés à la chaleur elle-même.
Les plus de 75 ans, principales victimes
Le rapport est sans appel : l’excès de mortalité touche exclusivement les personnes âgées de 75 ans et plus. Chez les seniors, la chaleur exerce un effet direct sur l’organisme :
- diminution de la transpiration,
- altération de la régulation thermique,
- déshydratation plus rapide.
De plus, nombre d’entre eux souffrent de maladies chroniques (cardiopathies, insuffisances rénales, troubles respiratoires) qui aggravent le risque en cas de fortes chaleurs. À l’inverse, chez les moins de 75 ans, Santé publique France n’a pas observé de surmortalité significative. Cela confirme les observations faites lors des précédentes canicules : ce sont les personnes âgées isolées qui paient le plus lourd tribut.
Un signal d’alerte dans un contexte de réchauffement
Même si le bilan d’août 2025 reste très inférieur aux 15 000 morts de la canicule de 2003, il rappelle que les vagues de chaleur constituent désormais un enjeu majeur de santé publique. Depuis 2019, la France connaît des étés marqués par des épisodes multiples, plus fréquents, plus longs et plus intenses.
La prévention passe par plusieurs leviers :
- améliorer l’information des populations vulnérables,
- renforcer le Plan national canicule,
- et développer des solutions locales pour réduire l’impact des îlots de chaleur urbains (plus de végétation, isolation des bâtiments, accès facilité aux lieux climatisés).
Les climatologues alertent depuis plusieurs années : avec le réchauffement climatique, ces phénomènes vont s’amplifier. Chaque degré supplémentaire augmente mécaniquement la probabilité de canicules, et avec elles le risque de surmortalité.
À SAVOIR
Pendant la canicule du 8 au 18 août 2025, 87,3 % de la population hexagonale a été concernée par au moins un jour de vigilance orange, et 16,5 % par au moins un jour de vigilance rouge.







