Un homme en train de fumer un joint de cannabis.
Outre les effets qu'on lui connaît, le cannabis pourrait bien avoir des effets irréversibles sur l'expression de nos gènes. © Adobe Stock

Le cannabis n’a pas seulement des effets psychoactifs. Il peut également avoir des impacts néfastes sur notre ADN et plus précisément sur son expression à travers des mécanismes épigénétiques. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement et quelles en sont les conséquences pour les consommateurs ? Le cannabis a-t-il réellement le pouvoir de changer notre ADN ?

Selon un rapport de Santé Publique France, près de 17 millions de Français ont déjà consommé du cannabis, et environ 1,5 million en consomment régulièrement. De plus, certains médecins seraient favorables à l’utilisation de cannabis médicinal dans le traitement de certaines pathologies. Avec des chiffres aussi élevés, chacun devrait savoir ce qui pourrait changer dans leur santé sur le long terme. 

Avant de rentrer dans le vif du sujet, il faut saisir ce qu’on entend par épigénétique. Imaginez que l’ADN soit comme un livre de recettes, où chaque recette représente un gène. Les modifications génétiques seraient comme changer les ingrédients d’une recette, ce qui pourrait complètement transformer le plat final. En revanche, l’épigénétique, c’est comme ajouter ou retirer des instructions sur comment utiliser ces ingrédients sans toucher à la recette elle-même.

Concrètement, l’épigénétique concerne les changements qui modifient l’activité des gènes : certains gènes peuvent être « allumés » ou « éteints » selon les circonstances, sans que la séquence de l’ADN ne soit modifiée. Ces ajustements peuvent être influencés par divers facteurs comme la consommation de cannabis

Le THC comme coupable 

Une étude a mis en évidence des effets préoccupants du THC (tétrahydrocannabinol), le principal composé psychoactif du cannabis. Les chercheurs ont démontré que le THC peut entraîner des modifications épigénétiques.

Pour  reprendre l’exemple du dessus, le THC pourrait agir sur des gènes et les faire passer de l’état « éteint » à « allumé » ou vice versa. Ces modifications peuvent laisser une « signature indélébile » sur l’ADN des consommateurs. En d’autres termes, une fois que ces modifications sont en place, elles pourraient influencer la santé des individus à long terme, même s’ils arrêtent de consommer du cannabis.

Mais comment se produit cette altération de l’expression génique ? 

Le THC semble interagir avec des enzymes spécifiques appelées désacétylases, qui jouent un rôle dans le contrôle de l’activité des gènes. Pensez à ces enzymes comme des chefs d’orchestre qui déterminent quels gènes doivent être « joués » (c’est-à-dire exprimés) à tout moment.

Lorsque la consommation de cannabis perturbe le fonctionnement normal de ces désacétylases, cela peut entraîner des changements dans l’expression de certains gènes. Par exemple, des gènes liés à des processus physiologiques, comme le métabolisme ou la réponse au stress, pourraient être affectés. Cela pourrait avoir des conséquences significatives sur la santé physique des consommateurs, et augmenter le risque de maladies métaboliques ou d’autres conditions de santé.

De plus, ces modifications peuvent également toucher la santé mentale. Les gènes qui régulent des neurotransmetteurs et d’autres substances chimiques dans le cerveau peuvent être influencés par ces changements épigénétiques, potentiellement aggravant des troubles tels que l’anxiété, la dépression ou d’autres troubles psychiatriques.

Les implications de ces modifications épigénétiques sont encore en cours d’exploration, mais plusieurs pistes préoccupantes émergent. Certaines études suggèrent un lien entre la consommation de cannabis et des troubles mentaux tels que l’anxiété et la dépression. Les changements dans l’expression des gènes pourraient alors jouer un rôle dans ce phénomène.

Bien que les recherches soient encore limitées, des modifications épigénétiques ont été associées à des processus carcinogènes. L’impact du cannabis sur ces mécanismes pourrait donc potentiellement augmenter le risque de développer certains types de cancer.

Aussi, elles pourraient affecter non seulement le consommateur, mais également ses descendants. Les chercheurs explorent comment ces changements épigénétiques pourraient être transmis à la génération suivante. D’ici là, la prudence reste de mise pour ceux qui choisissent d’utiliser cette substance. Par ailleurs, d’autres alternatives existent comme le CBD qui peut procurer des effets similaires sans consommer de THC.

À SAVOIR 

Les consommateurs réguliers de cannabis à forte teneur en THC (10 % ou plus) sont cinq fois plus susceptibles de développer un trouble psychotique par rapport à ceux qui n’ont jamais consommé de cannabis.

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du Groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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