La ministre de la Santé, Agnès Buzyn vient d’annoncer que les perruques seraient mieux remboursées pour les personnes atteintes de cancer. Or, de nombreux patients traités par chimiothérapie font appel à l’expertise de prothésistes capillaires pour masquer les effets secondaires du traitement. Et la profession travaille de plus en plus étroitement avec les médecins de la filière cancérologie. Les explications de Rose-Marie Avila-Galan, prothésiste capillaire à Annemasse.
De l’aide pour les patients de chimiothérapie
Comment les patients traités en chimiothérapie arrivent-ils chez vous ?
Dans le parcours d’une personne en chimiothérapie, la chute de cheveux est souvent inévitable. Dans le protocole, il est prévu que nous intervenions si la chimiothérapie engendre une perte de cheveux. Après l’annonce de la maladie et de ce protocole qui suit, les infirmières d’annonce donnent au patient une liste sur laquelle nous sommes référencés. Nous y sommes au même titre que nous le sommes à la Ligue contre le Cancer ou dans les comités de dépistage en tant que soins de support.
Quels sont ces “soins de supports” ?
Ils ont été mis en place par le nouveau plan cancer national. Nous y sommes associés aux côtés des socio esthéticienne, diététiciennes, assistantes sociales… Le but est d’apporter une aide, le plus grand réconfort afin que les personnes puissent retrouver une « vie normale » tout au long de la chimiothérapie.
Que représentent les patients en chimiothérapie dans votre activité ?
Ils représentent 50% de notre activité. Les prothèses pour raisons médicales comme les brûlures, pelades, un bon tiers relève de la chimiothérapie.
Les soins des supports concernent autant les hommes que les femmes
Avez-vous autant de femmes que d’hommes ?
Ça a beaucoup changé, nous avons effectivement aussi des hommes. Même s’ils ne veulent pas de prothèse capillaire, ils viennent pour les soins comme ceux des mains : les ongles et les cheveux sont de la même famille, ce sont des phanères et sont touchés l’un comme l’autre par la chimiothérapie. Il convient donc de leur prodiguer des soins du cuir chevelu mais aussi des mains. Ceci dit, même si les femmes veulent davantage de prothèses que les hommes, ils s’y mettent aussi : la mode crâne rasé à la Barthez est loin !
Redonner confiance aux patients en chimiothérapie
Devez-vous êtres formés à l’approche psychologique de votre métier ?
Oui, car nous nous occupons des patients avant, pendant et après les protocoles de chimiothérapie. En cabine, ils posent souvent des questions. Il y a dans ce métier une partie intime indéniable. Nous participons tous à des stages, des formations. Et puis, à la base, nous sommes tous coiffeurs, nous avons déjà ce côté cocooning, rapport humain ! De ce point de vue, les choses ont changé au contact des équipes médicales. Nous participons dans les hôpitaux à des ateliers-rencontres où nous rassurons les patients, afin qu’ils soient plus détendus dans un contexte difficile lié à leur corps et au regard des autres. Nous leur expliquons qu’ils peuvent garder leur « image de soi », aux femmes leur féminité. Une des étapes la plus difficile est la coupe des cheveux. On coupe les cheveux très courts, à la tondeuse et cette étape peut être très éprouvante pour certaines personnes.
Les patients viennent-ils seuls, ou le plus souvent accompagnés de leur famille ?
Certains aiment venir à plusieurs, d’autres tous seuls, ça dépend vraiment. On est là pour leur dire aussi que c’est bien s’ils sont accompagnés. Pour les choix de prothèses ils viennent d’ailleurs souvent avec leurs enfants.
La liste des magasins de perruque qui ont accepté la charte de l’Institut National du Cancer est disponible département par département sur le site e-cancer.fr
À SAVOIR
La ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé jeudi 21 juin sur Cnews que les perruques seraient mieux remboursées pour les patientes et patients atteints de cancer. La Haute Autorité de santé a été saisie et elle doit déterminer les caractéristiques d’une perruque pour qu’elle soit remboursée.