Le confinement généralisé annoncé par Emmanuel Macron mercredi soir ne change pas vraiment la donne dans le Rhône, déjà touché par la mesure depuis une semaine. La fermeture des écoles reste la restriction la plus sensible, même si les vacances scolaires se profilaient à la fin de la semaine prochaine. Alors que la pression hospitalière se fait chaque jour un peu plus forte, le point sur la situation dans le Rhône.
Emmanuel Macron a annoncé ce mercredi soir le reconfinement de l’ensemble du pays pour lutter contre la circulation de plus en plus active du Covid-19. Une décision et des mesures « nécessaires pour nous permettre de franchir un cap, espérons-le un dernier cap, dans la perspective du déploiement massif de la vaccination et d’un retour à une vie normale », a détaillé le premier ministre Jean Castex face à l’Assemblée Nationale, ce jeudi matin.
Qu’est-ce que ça change à Lyon et dans le Rhône ?
Pas grand chose, vu que le département faisait déjà l’objet d’un reconfinement, et donc de mesures de restrictions, depuis le 25 mars. La principale évolution concerne la fermeture des crèches, écoles, collèges et lycées, à compter du mardi 6 avril. Jusqu’au 26 avril pour les écoles primaires, et jusqu’au 2 mai pour les collèges et lycées. Située en zone A, l’Académie de Lyon se trouvait en vacances scolaires du 12 au 25 avril. L’impact y est donc limité.
Pour limiter les rassemblements plus ou moins sauvages, le préfet du Rhône, Pascal Mailhos, a pris dès mercredi un arrêté interdisant la vente d’alcool à emporter près des quais du Rhône et de la Saône, de 12 à 19h. Lors de son allocution, le chef de l’État a aussi fait savoir que la consommation d’alcool serait strictement interdite dès samedi sur la voie publique.
La bonne nouvelle concerne les déplacements, limités à 10 kilomètres depuis la semaine dernière dans le Rhône, notamment le week-end. Mais Emmanuel Macron annoncé ce mercredi soir que les Français pourraient changer de région en ce week-end de Pâques “pour s’isoler”. La limitation, hors motifs impérieux, redeviendra donc effective lundi 5 avril à 19h, heure du couvre-feu.
Quelle est la situation de l’épidémie de Covid-19 à Lyon, dans le Rhône et la région ?
Auvergne-Rhône-Alpes a été fortement impactée par l’épidémie de Covid-19 durant la deuxième vague, à l’automne dernier. La région était même la plus touchée de France, avec 7125 patients hospitalisés à la mi-novembre. Ce n’est pas le cas à l’aube de cette troisième vague. Les Hauts-de-France et l’Île-de-France, où l’on se prépare au triste “tri des patients”, sont en effet bien plus touchés par l’épidémie.
Le taux d’incidence, qui permet de mesurer la circulation du virus sur une semaine, ne cesse toutefois d’augmenter dans le Rhône. Il atteint les 495 cas pour 100 000 habitants (au 28 mars), soit près du double du taux recensé il y a deux semaines (280/100 000 au 15 mars). Le département a ainsi rejoint dès le 25 mars la liste des territoires reconfinés, tandis ce que plusieurs autres départements de la région (Haute-Savoie, Ain, Isère, Loire et Savoie) étaient placés sous surveillance rapprochée.
À Lyon, le taux d’incidence est légèrement plus élevé, avec 506 cas pour 100 000 habitants dans la métropole.
Covid-19 : où en est la situation hospitalière ?
De manière concrète, les hôpitaux se réorganisent pour faire face à la flambée des cas. La déprogrammation des activités non urgentes est déjà effective (jusqu’à 50% cette semaine). Et des lits de réanimation sont progressivement rouverts. C’est le cas au sein des Hospices Civils de Lyon, qui annonçaient en fin de semaine dernière porter leur capacité d’accueil en soins intensifs à 186 lits (contre 139 hors crise). Dans l’ensemble de la région Auvergne-Rhône-Alpes, cette capacité avoisine les 800 lits.
Le pic de l’épidémie est attendu autour du 7 avril. Et l’inquiétude est réelle quant à la capacité des hôpitaux à tenir le choc. « La marge de manœuvre est très étroite pour augmenter les lits de réanimation, déjà au nombre de 821, dans la région. On n’y arrivera pas avec le volet de lits de soins continus qu’il nous reste », s’inquiète ainsi Pierre-Jean Ternamian, président de l’URPS médecins libéraux, dans les colonnes du Progrès. « À ce jour, on compte déjà 404 patients Covid+ en réanimation. Au 10 avril on en aura 80 de plus: on va droit dans le mur ! Il faut commencer à muter des patients et sans demander l’autorisation aux familles. Si on ne fait pas cela, on va retarder des chirurgies d’autres patients non Covid. »
À SAVOIR
Emmanuel Macron a annoncé mercredi soir l’élargissement de la vaccination aux plus de 60 ans dès le 16 avril. Puis au 15 mai aux plus de 50 ans, et enfin à compter de mi-juin pour le reste de la population.
En attendant, la vaccination des séniors et personnes à risque se poursuit. En Auvergne-Rhône-Alpes, 57,1 des + de 75 ans ont reçu au moins une dose (59,6% dans le Rhône). La Cpam du Rhône a lancé ce jeudi 1er avril l’action ”aller vers” en faveur de la vaccination des plus de 75 ans. 20 conseillers sont mobilisés pour organiser par téléphone la recherche et la prise de rendez-vous pour les plus de 75 ans non vaccinés. Ils seront contactés directement par téléphone dans les prochaines semaines.