Alors que l’on parle de Covid long lorsque les symptômes persistent plus de trois mois après l’infection par le virus, toute la question est de savoir si ces séquelles sont définitives ou non. Nul n’est égal devant la maladie, et la recherche a encore du mal à répondre à toutes les interrogations. Mais de nouvelles études apportent régulièrement de nouveaux éléments, à l’image de celle réalisée par les Hospices Civils de Lyon sous la houlette du Dr Sophie Trouillet-Assant, qui en a dévoilé les grandes lignes sur le plateau de l’émission Votre Santé de ce jeudi 10 mars.
Alors que la situation sanitaire continue de s’améliorer, certains malades de la Covid-19 ne parviennent pas à s’extirper du cauchemar. La raison ? Des symptômes qui perdurent de manière interminable, à l’image de la perte de goût, la perte d’odorat ou encore la fatigue, et ce de longs mois après leur infection. Sans que l’on sache s’ils sont définitifs ou non, faute de recul.
De nombreuses questions se posent autour du Covid long, aux contours encore mal identifiés malgré de nombreuses recherches. Le Dr Sophie Trouillet-Assant, chercheuse aux Hospices Civils de Lyon et au centre international de recherche en infectiologie vient ainsi de mener une étude sur le sujet, dont elle a présenté les résultats dans l’émission Votre Santé du jeudi 10 mars dernier. Elle répondait aux questions de Pascal Auclair, rédacteur en chef du Groupe Ma Santé, et de la présentatrice Elodie Poyade (BFM TV Lyon).
Covid long : des séquelles qui durent après l’infection
À quel moment parle-t-on de Covid long ?
L’OMS a établi une définition du Covid long. Elle parle de séquelles persistantes suite à une infection par le virus au moins 12 semaines après l’avoir contracté. Soit trois mois après la première infection par la Covid-19.
Il y a toute une panoplie de séquelles. Elles vont de la difficulté respiratoire persistante à la perte de goût et d’odorat persistante voire à une difficulté de concentration que l’on peut retrouver plusieurs mois après avoir contracté le virus.
Ces séquelles du Covid long évoluent-elles avec l’arrivée des variants ?
Les séquelles varient forcément avec les symptômes que l’on au début de la maladie. On sait également que les différents variants ont des symptômes divers au moment de l’infection. Sur le Covid long, on n’a toutefois pas assez de recul pour savoir si les séquelles varient d’un variant à un autre.
Le Covid long frappe d’abord les malades hospitalisés
Comment l’étude sur le Covid long a-t-elle été menée ?
On a mené une étude aux Hospices Civils de Lyon sur 500 sujets. 300 d’entre eux avaient eu un Covid que l’on appel modéré, allégé. C’est-à-dire avec de faibles symptômes et sans hospitalisation. Les 200 autres avaient été hospitalisés lors de la première vague.
On a donc fait revenir ces 500 sujets six mois après leur infection, et on leur a posé certaines questions (avez-vous encore des séquelles ? pouvez-vous nous les décrire ? etc.). En termes de chiffres, les sujets victimes d’un Covid long après avoir été hospitalisés représentent la moitié des sujets de l’étude. Un chiffre très important. Et pour les sujets qui ont été victimes d’un Covid long après un Covid modéré, la prévalence se situe autour d’un sujet sur quatre.
Cette étude a-t-elle permis d’identifier les causes du Covid long ?
Ce n’était pas l’objet de notre étude. Au bout de six mois, quand les sujets reviennent, on leur demande de faire des prises de sang. Notre but est de rechercher de nombreux paramètres au niveau immunitaire : des éventuelles altérations au niveau immunitaire, d’autres co-infections en parallèles qui pourraient réactiver ces symptômes, des problèmes neurologiques, au niveau des vaisseaux, etc. On observe ainsi tous ces paramètres au moment des séquelles, à six mois après l’infection.
Covid long : en enjeu majeur de santé publique
En moyenne, combien de temps dure le Covid long ?
Il n’y a aucune règle de durée. Dans notre étude on s’est penché sur les séquelles six mois après. Et on constate qu’à ce moment précis la prévalence est encore très importante. C’est donc un enjeu de santé publique majeur aujourd’hui.
Pourquoi a-t-on le sentiment, avec les nouveaux variants comme Omicron, de beaucoup moins parler d’anosmie et d’agueusie ?
Ce ne sont pas tout à fait les mêmes symptômes au moment de la maladie. Ceux qui vont être infectés par les variants actuels tels qu’Omicron ont donc moins de risques de contracter un Covid long lié à une perte d’odorat et de goût. Ils n’ont en effet pas eu ces symptômes au moment de l’infection.
Notre étude montre toutefois qu’il y a un peu près 20% des sujets qui rapportent un Covid long lié à des problèmes de goût et d’odorat persistant six mois après l’infection.
Certaines personnes peuvent-elles garder des séquelles à vie de ce Covid long ?
C’est toute la question. On va essayer de suivre ces sujets pendant de nombreuses années pour suivre l’évolution et la persistance de ces séquelles. Mais pour le moment on ne peut pas répondre clairement à cette question.
Avec la levée annoncée des restrictions sanitaires, peut-on dire aujourd’hui que l’épidémie est derrière nous ?
On ne peut pas encore dire que l’épidémie est derrière nous. En revanche ce que l’on voit c’est une baisse de virulence des différents variants qui émerge au fur et à mesure. Cela est en effet une bonne nouvelle.
Voir l’émission en replay en cliquant sur ce lien.
À SAVOIR
d’autres études, durant lesquelles des sujets ont été suivis jusqu’à deux ans après leur première infection à la Covid, ont démontré que certaines séquelles, comme la perte du goût et de l’odorat, étaient encore présentes.