Confronté à un inquiétant déclin de sa démographie médicale malgré la hausse de sa population, le département de l’Ain innove avec la mise en service de cabines de téléconsultation dans les territoires les plus en souffrance. Cette solution, qui remédie partiellement au phénomène de désertification médicale, est le fruit d’un partenariat financier entre le conseil départemental et l’État. Après Montréal-la-Cluse et Belley, trois autres cabines seront installées d’ici au printemps.
Dans l’Ain, 15% de la population n’a pas de médecin traitant, faute de pouvoir intégrer des patientèles déjà surchargées. Pire, le nombre de généraliste par habitant est dramatiquement bas. Avec 6,9 médecins généralistes pour 10 000 habitants, contre 8,9/10 000 en France, “nous sommes le mauvais élèves de la région”, confesse Jean Deguerry. “Pourtant”, note le président du conseil départemental, “nous connaissons une croissance démographique importante, avec plus de 6000 habitants supplémentaires par an depuis 10 ans. Le fossé se creuse chaque année un peu plus, entre le manque de médecins et les besoins de la population”.
Le problème est récurrent et ne touche pas le seul département de l’Ain. Mais ce dernier a su anticiper en recourant à une solution innovante pour limiter cette désertification médicale. Avec le concours de l’État, qui contribue à 80% de l’investissement, cinq cabines de téléconsultation sont en cours d’implantation dans les secteurs les plus touchés.
Après Montréal-la-Cluse, une deuxième cabine à Belley
La première est testée depuis novembre dernier, et avec succès, à Montréal-la-Cluse, dans le Haut-Bugey. La deuxième vient d’être inaugurée à Belley, dans le Bugey sud. Trois autres seront successivement mises en service dans la Bresse, à Saint-Julien-sur-Reyssouze, à Bourg-en-Bresse et dans le Pays-de-Gex.
“Nous sommes le premier département de France à mettre en place ce type de solution”, se réjouit le président du département. L’édile s’avance un peu, car le même équipement est en cours de déploiement depuis juin 2020 dans une dizaine de communes de Seine-et-Marne. Et d’autres dispositifs similaires voient le jour ça et là un peu partout en G-France, en zones rurales. Mais l’initiative reste pionnière et c’est sans doute pour cela que l’État, dans l’Ain, a participé aussi massivement au financement de l’opération. Chacun de ces cinq équipements 100% made in France, en effet, coûte plus de 100 000 euros.
Cabine de téléconsultation, mode d’emploi
Le fonctionnement du dispositif, accessible à partir de 14 ans, est simple: après une réservation par téléphone (01 70 81 49 46) ou sur internet (imedians.com), il suffit de s’installer dans la capsule et d’insérer sa carte vitale dans un emplacement bien défini pour être mis en relation avec un médecin généraliste. Celui-ci procède à un examen complet, grâce aux appareils situés dans la télécabine et faciles à manipuler par le patient: thermomètre, tensiomètre, dermatoscope, électrocardiogramme, stéthoscope, orthoscope… Une imprimante délivre en direct l’ordonnance éventuelle au terme de la téléconsultation, dont le coût est pris en charge par l’Assurance Maladie.
Ce cabinet médical connecté facilite la réalisation de consultations simples. Il ne remplace pas l’homme, mais apporte une offre de santé complémentaire là où il n’y en a pas. “Si Belley voit arriver d’un coup 3 ou 4 médecins, nous pourrons déplacer la cabine là où on en a besoin”, ajoute Jean Deguerry. Dans le contexte actuel, elle pourra notamment servir à enrayer un phénomène en plein boom, celui de ces patients qui renoncent au soin par crainte épidémique ou par éloignement. “La télémédecine n’est pas une solution unique”, confirme le sous-préfet de Belley, François Payebien. “Mais c’est une pratique que l’épidémie de Covid-19 a révélé et qui va continuer à se développer”.
Pour réserver : 01 70 81 49 46 (coût d’un appel local) ou sur la plate-forme web dédiée imedians.com (code activation pour l’inscription BEL 149).
Plus d’infos sur le portail téléconsultation du département de l’Ain.
À SAVOIR
Derrière l’écran de la cabine de téléconsultation exerce un praticien du département ou, au pire, de la région. Ces généralistes peuvent se rendre disponibles en raison de leur activité propre : des médecins libéraux organisant leur temps entre télétravail et consultations en présentiel, des médecins à la retraite (qui ont un droit d’exercer de cinq ans) ou encore des médecins urgentistes travaillant en horaires décalés. Ce temps médical ainsi dégagé peut ainsi facilement s’accommoder de l’éloignement géographique.