
Face à la pénurie de médecins dans de nombreux territoires français, le gouvernement a lancé début septembre un dispositif inédit : les missions de solidarité territoriale. L’objectif est d‘inciter les praticiens à donner quelques jours par mois pour renforcer l’accès aux soins dans les zones les plus en difficulté. Mais est-ce vraiment la solution miracle contre les déserts médicaux ?
En France, 6,7 millions de personnes n’avaient pas de médecin traitant en 2023, soit environ 11 % de la population. Parmi elles, 650 000 sont atteintes d’une affection de longue durée (ALD), selon la Mutualité française et l’Association des maires de France (source).
La DREES (Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques) confirme par ailleurs une détérioration de l’accessibilité aux médecins généralistes entre 2022 et 2023.
Et la France n’est pas seule. Tous les pays, quels que soient leur système de santé, sont confrontés à des inégalités territoriales d’accès aux soins.
Santé : le plan Bayrou et les missions de solidarité territoriale
Pour répondre à cette urgence, le gouvernement a lancé le plan Bayrou et son dispositif phare : les missions de solidarité territoriale.
Le principe est simple. Proposer aux médecins volontaires de consacrer jusqu’à deux jours par mois dans une zone dite “sous-dense”. Ces territoires prioritaires ont été définis par l’Assurance maladie et les agences régionales de santé (ARS). Ils concernent 151 intercommunalités, soit environ 2,5 millions d’habitants.
Initialement envisagée comme obligatoire, la mesure est devenue volontaire après la mobilisation des syndicats médicaux. Les praticiens participants recevront une indemnisation de 200 euros par jour, à condition de pratiquer leurs consultations sans dépassement d’honoraires. Une plateforme nationale doit prochainement permettre de mettre en relation médecins volontaires et territoires en demande.
Focus sur l’Occitanie et le Lot : premiers territoires mobilisés
En Occitanie, 28 zones prioritaires ont été identifiées. Dans le Lot, deux secteurs sont ciblés : Cazals-Salviac et le Causse de Labastide-Murat.
La mise en œuvre est déjà concrète :
- identification des lieux de consultation,
- besoins en équipements médicaux,
- solutions d’hébergement pour accueillir les praticiens volontaires.
Les médecins intéressés peuvent s’inscrire via la plateforme régionale “Solidarité entre médecins en Occitanie : je veux participer”.
Une mesure nécessaire mais pas suffisante
Si ces missions représentent une bouffée d’air pour certains territoires, elles ne régleront pas à elles seules le problème structurel. L’Ordre des médecins constate dans son Atlas de la démographie médicale 2025 que si la démographie médicale se redresse légèrement (+1,7 % d’inscrits au tableau au 1ᵉʳ janvier 2025), les inégalités territoriales persistent (CNOM, Atlas 2025).
De plus, selon la DREES, la tendance reste à une forte disparité régionale et départementale, avec des départs massifs en retraite dans certains territoires (DREES).
À côté des missions, d’autres leviers sont explorés :
- réorganisation de l’internat pour mieux répartir les jeunes médecins,
- développement de la télémédecine,
- montée en puissance des infirmiers en pratique avancée (IPA) et des pharmaciens, qui participent déjà à la prise en charge de certains patients.
Les missions sont donc une respiration temporaire, mais seule une refonte structurelle de la formation et de l’installation des médecins permettra d’inverser durablement la tendance. Pour qu’enfin, un jour, chacun puisse bénéficier des services et conseils de SON médecin traitant !
À SAVOIR
Selon la DREES, en 2023, 1 médecin généraliste sur 2 déclarait ne plus accepter de nouveaux patients comme médecin traitant. Cette tendance reflète la surcharge des cabinets et explique en partie pourquoi tant de Français se retrouvent sans suivi régulier.







