L’épisiotomie, proposée à de nombreuses femmes au cours de leur accouchement, est une incision réalisée entre le vagin et l’anus pour faciliter la naissance de certains bébés. Alors qu’elle était très régulièrement pratiquée dans les dernières décennies, elle est aujourd’hui largement remise en cause. Intégrée dans le débat des violences obstétricales, cette pratique est-elle si nécessaire que cela ? Quels sont ses intérêts ? Et ses dangers ? Peut-on la refuser ? Le point.
L’épisiotomie est une opération réalisée pendant l’accouchement sous anesthésie locale. À l’aide de ciseaux, le gynécologue obstétricien réalise une incision allant de 2,5 à 5 centimètres à partir du vagin pour faciliter le passage du bébé. Cette pratique courante est depuis quelques années au cœur des débats, on vous explique pourquoi.
Épisiotomie : quand est-elle réalisée ?
En règle générale, l’épisiotomie est réalisée pour faciliter le passage du bébé, sans risque que le périnée se déchire. En effet, on a longtemps considéré qu’une coupure réalisée médicalement était plus facile à soigner qu’une déchirure naturelle. Ainsi, l’épisiotomie est couramment réalisée depuis des lustres, pour éviter le moindre risque de déchirure du périnée.
Dans certaines situations d’accouchement, l’épisiotomie est même jugée indispensable. Notamment dans les situations suivantes :
- si le bébé montre des signes de souffrance, de détresse cardiaque ;
- si le gynécologue obstétricien ou la sage-femme est obligé d’utiliser les forceps, les spatules ou d’autres instruments ;
- si des complications telles que les épaules du bébé coincées dans le bassin de la mère, ou une présentation en siège, nécessitent une plus grande ouverture.
Pourquoi l’épisiotomie est-elle remise en question ?
Pendant de nombreuses années, l’épisiotomie n’était pas remise en cause. Mais diverses études sont venues peu à peu réfuter sa pertinence, diminuant ainsi le taux d’épisiotomies réalisées chaque année. Cet acte chirurgical, encore pratiqué pour 20% des accouchements en 2016, ne l’était plus que pour 8,3% d’entre eux en 2021, selon Santé publique France. Pourquoi ?
Premièrement à cause du consentement médical, extrêmement pointé du doigt dans la pratique de l’épisiotomie. En effet, selon une étude du Collectif Interassociatif autour de la NaissancE (CIANE) parue en 2013, 85% des épisiotomies étaient réalisées sans demande du consentement de la future maman.
Le deuxième frein à cette intervention concerne les risques médicaux qui y sont associés. En effet, l’épisiotomie augmente le risque d’infection et d’abcès dans la région périnéale, prolongeant la période de récupération post-partum. Des douleurs pendant les rapports sexuels sont couramment vécues par les femmes ayant subi une épisiotomie. De plus, des études ont prouvé l’absence de bénéfices de l’épisiotomie quand elle est réalisée pour des raisons non-indispensables. En fait, elle n’empêcherait ni les déchirures graves ni l’incontinence urinaire ou anale, et entraînerait une durée de cicatrisation plus longue par rapport à une déchirure périnéale simple. L’extraction instrumentale (spatule, forceps) associée à l’épisiotomie augmenterait même le risque de lésions périnéales sévères.
Ainsi, les femmes ayant subi une épisiotomie peuvent développer une moins bonne image de leur corps et une sexualité moins épanouie que les autres mamans.
Si elle n’est pas interdite, peut-on au moins refuser cette incision chirurgicale ?
Il est tout à fait possible de refuser une épisiotomie. La loi Kouchner stipule qu’« aucun acte médical ne peut être pratiqué sans le consentement libre et éclairé de la personne. » Ainsi, l’incision ne peut être effectué qu’avec l’accord de la femme en train d’accoucher.
Mais encore faut-il connaître la réponse que vous donneriez si on vous la posait en train d’accoucher. Étant donné les risques à court et long terme, c’est une question à mûrement réfléchir, et à aborder avec votre gynécologue ou votre sage-femme. Leurs conseils pourront vous aiguiller sur les situations où l’épisiotomie s’avère très recommandée, et celles où elle manque d’utilité.
À SAVOIR
Certaines mesures peuvent diminuer les risques de déchirures du périnée. Les plus connues sont le massage du périnée 4 à 6 semaines avant l’accouchement, l’étirement du périnée, la poussée en position couchée sur le côté, et éviter de bloquer sa respiration pendant la poussée. Pour des informations personnalisées et développées sur la diminution des risques de déchirures, parlez-en avec votre gynécologue ou votre sage-femme.