
Tarifs bloqués, pénuries, marges réduites, inflation galopante… Depuis le 1er juillet 2025, médecins, kinés, pharmaciens ou encore infirmiers libéraux multiplient les mobilisations. Derrière les blouses blanches, une exaspération noire. Mais que se passe-t-il exactement ? Pourquoi autant de métiers de la santé se mobilisent-ils en même temps ? Et surtout, que réclament-ils concrètement ? On vous explique.
Des pancartes brandies sous le soleil parisien, des pharmacies fermées, des kinés qui parlent d’exil… Depuis le 1er juillet 2025, la santé libérale est en ébullition.
Dans la rue, à Perpignan ou sur les réseaux sociaux, les professionnels de santé dénoncent un “système à bout de souffle” et des décisions politiques qui pourraient, selon eux, précipiter la disparition de tout un pan de l’offre de soins en ville.
Une colère qui déborde des salles d’attente
Pourquoi les soignants libéraux sont descendus dans la rue ?
Le 1er juillet, à Paris, plus de 3 000 professionnels de santé libéraux se sont rassemblés sous la bannière du collectif #SoignantsTrahis, qui regroupe une quinzaine de syndicats de médecins, infirmiers, kinés, sages-femmes, orthophonistes ou encore dentistes.
Leur mot d’ordre : stop aux coupes budgétaires et au mépris des professions de santé libérales.
Des revalorisations tarifaires promises… puis gelées
C’est l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. En février 2023, le gouvernement avait promis une revalorisation des tarifs pour plusieurs professions de santé libérales. Le but était de mieux rémunérer les actes médicaux, mieux reconnaître les efforts du quotidien.
La revalorisation devait entrer en vigueur le 1er juillet 2025. Mais mauvaise surprise, le ministère de la Santé a décidé de repousser cette revalorisation à janvier 2026, invoquant des contraintes budgétaires.
Pharmacies en grève : ce qui coince vraiment
Une réforme des marges qui inquiète
Dans la foulée de la mobilisation des soignants libéraux, les pharmaciens ont eux aussi lancé un mouvement de grève, notamment en suspendant les gardes dans plusieurs départements comme la Nièvre, la Vienne ou les Deux-Sèvres.
Ce qui les met en colère ? Une décision de Bercy de réduire la marge sur les médicaments génériques, qui passerait de 40 % à 20 ou 25 %. Cette mesure pourrait représenter une perte de 600 millions d’euros par an pour le secteur, selon la Fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF). Pour beaucoup d’officines, notamment en zones rurales, c’est une bombe économique. Certaines pourraient ne pas s’en remettre.
Pénuries de médicaments : “on en a marre de bricoler”
Autre problème majeur : les pénuries. Chaque jour, les pharmaciens jonglent avec des ordonnances impossibles à honorer, notamment pour des médicaments aussi courants que le paracétamol pédiatrique ou certains antibiotiques. On compte actuellement près de 4 000 ruptures de stock signalées selon l’ANSM.
Certains passent des heures à chercher des alternatives, à rappeler les médecins, à expliquer aux patients.
Les paramédicaux aussi dans la rue… avec des cannes !
Le 6 juillet, c’est à Perpignan qu’une nouvelle manifestation inédite a pris place : le Festival des Cannes, un clin d’œil ironique signé des kinésithérapeutes, orthophonistes, orthoptistes, sages-femmes et autres soignants paramédicaux.
Objectif ? Mettre en lumière le malaise des métiers du soin “invisibles”, souvent oubliés des grandes décisions budgétaires, alors qu’ils jouent un rôle essentiel dans le maintien à domicile, la rééducation ou la prévention.
Ce que demandent les professionnels de santé
Pas de révolution, ils ne réclament pas des millions. Juste plus de reconnaissance, des rémunérations à la hauteur de leurs compétences et des moyens pour soigner dans de bonnes conditions.
Leurs principales revendications :
- L’application immédiate des revalorisations tarifaires promises.
- Le retrait de la réforme sur les marges des génériques.
- Un plan d’urgence contre les pénuries de médicaments.
- Une simplification administrative pour les libéraux.
- La revalorisation des actes paramédicaux (kinés, orthophonistes…).
Vous l’aurez donc compris, le système de santé libéral qui craque de partout. La colère des professionnels n’est plus une crise passagère. Elle reflète un mal profond, celui d’un système qui mise toujours plus sur eux, sans leur donner les moyens d’assurer correctement leurs missions.
Et en bout de chaîne, ce sont les patients qui risquent de payer l’addition : délais de rendez-vous rallongés, désertification médicale accélérée, fermetures d’officines…
À SAVOIR
D’après un sondage IFOP de mai 2025, 64 % des soignants libéraux envisagent de réduire leur activité ou de se reconvertir si les conditions ne s’améliorent pas d’ici 2026.







