Des bébés à quattres pattes représentant la diversité.
La natalité est en baisse, pour la quinzième année consécutives ! © Adobe Stock

Depuis plusieurs années, la natalité en France diminue de manière alarmante. En 2023, le pays a enregistré une baisse de 6,6 % des naissances par rapport à l’année précédente. Une tendance qui pose de nombreuses questions : pourquoi faisons-nous moins d’enfants ? Quelles en sont les conséquences pour l’avenir ? Sur notre économie, la société, la famille ? Décryptage.

En 2023, seuls 678 000 bébés sont nés en France, un chiffre historiquement bas selon l’Insee. C’est 6,6 % de moins qu’en 2022 et près de 20 % de moins qu’en 2010. Cette tendance, bien qu’intensifiée, n’est pas nouvelle ! Depuis 2010, le taux de fécondité ne cesse de baisser, passant de 2,02 enfants par femme à 1,68 en 2023 en France. Pourtant, la France reste l’un des pays les plus féconds d’Europe, mais cet avantage s’effrite rapidement.

Pourquoi cette baisse de la natalité ? Plusieurs facteurs sont en jeu, mêlant évolutions sociétales, contextes économiques et préoccupations personnelles.

Une question d’âge et de priorités

Aujourd’hui, les femmes ont leur premier enfant à un âge plus avancé qu’il y a 30 ans. En moyenne, les Françaises deviennent mères à 31 ans, contre 27 ans en 1990. 

Pourquoi ? Parce que les études s’allongent, les carrières se construisent plus tard et la stabilité financière prend du temps à s’installer. Pour beaucoup, le projet d’enfant passe après l’épanouissement professionnel et personnel.

Les freins économiques

Le coût de la vie, le prix des logements et l’incertitude économique sont des facteurs majeurs. Selon une enquête de l’Insee, 45 % des jeunes couples estiment qu’avoir un enfant représente une charge financière trop lourde. 

Avec l’inflation et l’augmentation du coût de l’énergie, fonder une famille devient un défi.

Des inquiétudes face à l’avenir

La pandémie de Covid-19, les crises climatiques et les incertitudes géopolitiques ont amplifié les doutes. Beaucoup se demandent s’il est responsable ou même moral d’amener un enfant dans un monde en crise. Le phénomène connu sous le nom de “solastalgie” – une angoisse face à la dégradation de l’environnement – influence aussi ces choix.

Le phénomène est nouveau, mais certains jeunes hommes font même clairement le choix d’une contraception définitive. Ce boom de la vasectomie précoce inquiète clairement les spécialistes, de plus en plus nombreux à tirer la sonnette d’alarme.

Un vieillissement de la population

Actuellement, 20 % de la population française a plus de 65 ans, selon l’Insee. Si cette tendance se poursuit, cette proportion pourrait atteindre 33 % d’ici 2060, selon les projections de l’Institut National d’Études Démographiques (Ined). Autrement dit, un habitant sur trois sera un senior.

Les seniors consomment davantage de soins. En 2022, ils représentaient près de 50 % des dépenses de santé, selon la Drees (direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques). Avec une population plus âgée, les besoins en soins chroniques (diabète, maladies cardiovasculaires, Alzheimer) augmenteront, nécessitant davantage de professionnels de santé et d’infrastructures adaptées.

Le ratio entre actifs et retraités est un indicateur clé. En 1970, la France comptait 4 actifs pour 1 retraité. En 2023, ce ratio est tombé à 1,7 actif pour 1 retraité (source : Conseil d’Orientation des Retraites). Si la natalité ne se redresse pas, ce ratio pourrait descendre à 1,3 actif par retraité en 2050, compromettant la pérennité du système de retraite par répartition.

Et surtout, moins de jeunes signifient une moindre interaction entre générations, ce qui peut altérer la transmission des savoirs, des valeurs culturelles et du soutien familial.

Un impact sur l’économie

La baisse de la natalité impacte directement la population active. Avec moins de jeunes entrant sur le marché du travail, la croissance économique pourrait ralentir.

La France pourrait perdre environ 0,5 % de croissance annuelle d’ici 2050, selon l’OCDE. Cela s’explique par une réduction de la main-d’œuvre disponible et par une moindre innovation, souvent portée par les jeunes générations.

Moins de travailleurs signifie une base fiscale réduite. Pour maintenir les services publics et financer les retraites, les actifs devront payer davantage d’impôts. Selon une étude de l’Insee, la part des prélèvements obligatoires pourrait augmenter de 4 à 6 % du PIB d’ici 2050.

En 2021, les dépenses liées à la dépendance des personnes âgées représentaient 1,7 % du PIB français (source : Drees). Ce chiffre pourrait doubler d’ici 2060 si le vieillissement s’accentue, mettant à rude épreuve les finances publiques.

Des déséquilibres sociaux

La démographie influence aussi la dynamique sociale et communautaire. Une faible natalité modifie la structure familiale et peut affecter la solidarité entre générations.

En 2023, seulement 8 % des ménages français comptaient trois enfants ou plus (source : Insee), contre 12 % en 1990. Cette diminution change la structure familiale, où les fratries jouent souvent un rôle clé dans l’entraide et le partage des responsabilités envers les aînés.

Avec moins de descendants, les seniors risquent de se retrouver seuls. Aujourd’hui, 27 % des personnes de plus de 75 ans vivent seules, un chiffre qui pourrait grimper à 35 % d’ici 2040, selon l’Ined.

Les générations plus jeunes jouent un rôle important dans l’accompagnement des aînés et le renouvellement des valeurs communautaires. Une faible natalité peut conduire à un individualisme significatif et à un affaiblissement des liens sociaux.

Renforcer les politiques familiales

En France, les aides aux familles existent, mais elles pourraient être renforcées. Des mesures comme l’augmentation des allocations, un congé parental mieux rémunéré ou encore une réduction des coûts de garde pourraient inciter davantage de couples à avoir des enfants.

Faciliter la vie des jeunes parents

Créer davantage de places en crèche, encourager le télétravail et promouvoir l’égalité homme-femme dans la répartition des tâches familiales sont des pistes à explorer. Ces mesures permettraient aux parents de mieux concilier vie professionnelle et personnelle.

Sensibiliser sur l’importance des naissances

Les enjeux démographiques restent méconnus du grand public. Une campagne nationale pourrait mettre en lumière les avantages et les bienfaits d’avoir des enfants, tout en dédramatisant les craintes liées à l’avenir.

Ainsi, la baisse de la natalité n’est pas une fatalité. Mais elle demande des actions rapides et coordonnées. Si rien n’est fait, les conséquences pour notre société pourraient être lourdes, tant sur le plan économique que social. 

La population mondiale atteint aujourd’hui 8,05 milliards d’habitants (Nations Unies). Avec un taux de fécondité moyen de 2,26 enfants par femme, la croissance ralentit. Mais alors, si le taux de natalité se stabilise à la baisse, combien seront nous sur Terre d’ici à 100 ans ? Et à l’inverse si les taux évoluent ? Trois scénarios se dessinent, à partir de projections effectuées par l’Organisation Mondiale de la Santé. 

  • Stabilité actuelle (environ 2 enfants par femme) : si le taux de fécondité reste stable, la population mondiale atteindrait un pic de 10,4 milliards autour de 2086, avant de se stabiliser à 9 à 10 milliards en 2123. C’est le scénario le plus probable.
  • Baisse de la natalité (1,5 enfant par femme) : si la natalité mondiale chute, comme en Europe ou en Asie de l’Est, la population pourrait commencer à diminuer dès 2080 pour atteindre 5 à 6 milliards d’habitants en 2123. Cette baisse toucherait surtout les pays développés.
  • Forte natalité (3 enfants ou plus par femme) : dans un scénario improbable de remontée, la population pourrait croître jusqu’à 12 à 14 milliards d’ici un siècle, avec des pressions majeures sur les ressources et l’environnement.

À SAVOIR

Aujourd’hui, le taux de fécondité mondial est légèrement supérieur à 2,2 enfants par femme, juste assez pour assurer le renouvellement des générations. En comparaison, il y a 70 ans, ce taux était d’environ 5 enfants par femme. 

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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