Le ministre de la Santé et de l’Accès aux Soins s’est déplacé à Lyon ce vendredi 17 janvier pour évoquer les violences sexistes et sexuelles auxquelles sont confrontés les professionnels de santé. De retour sur ses “terres”, Yannick Neuder, à l’origine médecin cardiologue en Isère et ancien vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, a pu rencontrer les soignants de l’hôpital Louis Pradel, avec un objectif : s’inspirer des initiatives exemplaires des Hospices Civils de Lyon en matière de violences sexistes et sexuelles pour conforter la stratégie nationale qui sera prochainement déployée.
C’est l’une des premières visites du nouveau ministre délégué de la Santé et de l’Accès aux Soins en Auvergne-Rhône-Alpes. Nommé en décembre 2024 au sein du gouvernement Bayrou, Yannick Neuder s’est déplacé ce vendredi après-midi à Lyon pour rendre visite aux soignants de l’hôpital cardiologique Louis Pradel, sur le site du Groupement Est des Hospices Civils de Lyon, à Bron.

S’il s’agit d’un retour aux sources pour le médecin isérois, ancien vice-président du conseil régional, l’objet de sa venue à Lyon n’avait rien d’une visite de courtoisie.
Le déplacement de Yannick Neuder était en effet organisé dans le cadre de la lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le secteur de la santé.
Sa visite a débuté par un échange avec les soignants de l’hôpital Louis Pradel. Il a également pu découvrir une présentation des actions mises en place par les Hospices Civils de Lyon “en matière de prévention et de lutte contre les VSST” (violences sexistes et sexuelles au travail).
Une soignante sur deux victime dans sa carrière : “il faut dire stop à ces violences”

“Ces sujets sont au coeur de nos préoccupations, et l’actualité récente survenue en Haute-Savoie (une violente agression aux urgences de l’hôpital d’Annemasse, NDLR) l’a encore démontré”, leur a rappelé Yannick Neuder.
“Je veux être un Ministre de la Santé qui protège les Français, bien sûr, mais aussi les soignants. Si l’hôpital tient, notamment en cette période épidémique de grippe, c’est grâce à votre mobilisation et il est normal que l’on prenne également soin de vous”.
Selon le ministre, une enquête des Conseils des Ordres des Médecins et des Infirmiers révèle qu’une soignante sur deux a déjà fait face à des violences sexistes ou sexuelles, durant sa formation ou ses expériences professionnelles.
À l’échelle des Hospices Civils de Lyon, où les femmes sont majoritaires, cela représenterait 10 000 des 24 000 membres du personnel. “Nous ne devons surtout pas nous habituer à ce chiffre, mais le combattre et dire stop à ces violences, pour favoriser un nouveau climat de confiance. C’est l’objectif du plan national que nous allons très prochainement déployer”.
Violences sexistes et sexuelles : des initiatives exemplaires aux HCL

Le contenu de ce plan de prévention et de lutte contre les VSST (observatoire des violences, campagnes de sensibilisation, déploiement de dispositifs d’accompagnements juridiques et psychologiques, accès aux fichiers des délinquants sexuels…) n’a pas encore été dévoilé en détail. Mais le dispositif devrait regrouper une série d’expérimentations ayant fait leurs preuves sur l’ensemble du territoire.
“J’avais annoncé (dès sa nomination le 23 décembre, NDLR) ma volonté de territorialiser les décisions, avec l’intention, à chaque bonne initiative locale, de mettre en valeur ces expériences pour en inspirer notre stratégie nationale”, s’est expliqué Yannick Neuder. “Et je trouve que les Hospices Civils de Lyon ont particulièrement bien travaillé cette question, de manière pluridisciplinaire”.
76 déclarations pour violences sexistes et sexuelles en 2024 aux HCL

La directrice des ressources humaines des HCL, Léa Guivarch, a rappelé les grandes lignes de la stratégie des HCL en la matière, élaborée entre formation (e-learning, réalité virtuelle…), la mise en place d’outils (déclaration d’évènements indésirables, déploiement d’une appli STOP VSST, etc.) et la sensibilisation des personnels.
Une politique qui porte ses fruits, puisque 76 signalements pour harcèlement sexuel ou agissement sexiste ont ainsi été recensés en 2024 aux HCL, où l’on constate une hausse des déclarations de VSST, signe d’une sensibilisation favorisant la libération de la parole.

Les étudiants et les internes aussi font l’objet d’attentions : un guide spécifique leur est distribué, et ils ont la possibilité depuis 2019 de saisir le Cepim (Centre de Prévention et d’Intervention contre le harcèlement, le sexisme et la maltraitance) en cas de malveillances.
Le Dr Gabrielle Devret, chirurgien thoracique à l’hôpital Louis Pradel, a également suggéré au ministre la possibilité de rendre obligatoire une formation au VSST en cas d’embauche, comme c’est le cas notamment, à Lyon, au Centre International de Recherche contre le Cancer.

Le ministre, dont la visite s’est achevée un passage au sein de l’unité de soins intensifs de l’hôpital Cardio (le surnom donné par les Lyonnais à l’hôpital Louis Pradel), n’est donc pas reparti les mains vides et la politique nationale de lutte contre les violences sexistes et sexuelles au travail pourrait bien avoir une forte connotation lyonnaise…
À SAVOIR
Natif de Tullins, en Isère, Yannick Neuder exerce comme cardiologue au CHU de Grenoble. Il a débuté sa carrière politique en 1995, comme adjoint au maire de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs. Il est élu conseiller régional en 2016 et est immédiatement nommé vice-président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes en charge de l’enseignement, de la recherche et de l’innovation, poste qu’il occupe jusqu’en 2022 et son élection comme député. Il devient ministre délégué à la Santé et à l’Accès aux soins le 23 décembre 2024.