Une femme qui essaye d'arrĂȘter de fumer en utilisant une cigarette Ă©lectronique pour rĂ©duire peu Ă  peu sa dĂ©pendance Ă  la nicotine.
ArrĂȘter de fumer avec la cigarette Ă©lectronique est 5 fois plus efficace que sans aides. © Freepik

En France, le tabac perd enfin du terrain. Moins d’un quart des adultes fument chaque jour, un niveau historiquement bas. Pourtant, le sevrage reste une Ă©preuve pour beaucoup : anxiĂ©tĂ©, gestes manquants, peur du manque
 Alors, quelles sont les bonnes pratiques pour arrĂȘter le tabac ? On fait le point. 

Fumer tue encore 75 000 personnes chaque annĂ©e en France, selon le MinistĂšre de la SantĂ©. Et mĂȘme si le nombre de fumeurs quotidiens continue de baisser (23,1 % en 2023, d’aprĂšs SantĂ© publique France, contre plus de 30 % il y a dix ans), le tabac demeure la premiĂšre cause de mortalitĂ© Ă©vitable.

Alors pourquoi est-ce si difficile d’arrĂȘter ? Parce que la nicotine ne se contente pas de crĂ©er une dĂ©pendance chimique ; elle s’installe dans les gestes, les rituels, les Ă©motions. Fumer, c’est aussi respirer un moment Ă  soi, gĂ©rer un stress. On ne coupe donc pas seulement une addiction, mais tout un Ă©quilibre. 

La cigarette électronique, premier levier du sevrage

Longtemps controversĂ©e, la e-cigarette s’est imposĂ©e, ces derniĂšres annĂ©es, comme l’outil le plus efficace pour dĂ©crocher du tabac, sous rĂ©serve de choisir une cigarette electronique adaptĂ©e Ă  ses besoins.

La revue Cochrane a confirmĂ© en 2024 que les e-cigarettes contenant de la nicotine permettent Ă  davantage de fumeurs d’arrĂȘter durablement que les substituts nicotiniques classiques. Environ 14 % des utilisateurs de la vape parviennent Ă  se sevrer, contre 6 % avec les patchs ou gommes seuls.

En France, la proportion de fumeurs ayant rĂ©ussi Ă  arrĂȘter grĂące au vapotage ne cesse d’augmenter. Et pour cause, la cigarette Ă©lectronique, jetable (puff) ou non reproduit les sensations de la cigarette sans combustion, donc sans goudrons ni monoxyde de carbone. Elle conserve le geste, souvent essentiel au dĂ©but du sevrage, tout en permettant de rĂ©gler la dose de nicotine pour rĂ©duire progressivement la dĂ©pendance.

Les substituts nicotiniques : l’autre pilier solide

Avant la vape, les substituts nicotiniques ont longtemps Ă©tĂ© les alliĂ©s historiques du sevrage. Ils restent aujourd’hui les plus prescrits par les professionnels de santĂ©. Patchs, gommes Ă  mĂącher, pastilles, inhalateurs, sprays
 Tous ont pour principe de fournir une dose contrĂŽlĂ©e de nicotine afin de rĂ©duire les symptĂŽmes de manque :    

Leur avantage est d’ĂȘtre sĂ»rs, bien connus et pris en charge. L’Assurance Maladie rembourse ces traitements sur prescription mĂ©dicale, et leur efficacitĂ© est prouvĂ©e lorsqu’ils sont correctement utilisĂ©s. En revanche, ils ne conviennent pas Ă  tous les profils. Certains fumeurs, trĂšs attachĂ©s au geste ou Ă  la sensation d’inhalation, peinent Ă  s’y retrouver. Pour eux, la vape offre une alternative plus concrĂšte.

Mais dans tous les cas, les substituts nicotiniques sont considĂ©rĂ©s comme la base du sevrage tabagique. Ils agissent sur la dĂ©pendance physique, et peuvent se combiner avec d’autres approches, comme la cigarette Ă©lectronique sans nicotine.

Les traitements médicamenteux : une aide de seconde intention

Pour les fumeurs fortement dĂ©pendants, certains mĂ©dicaments peuvent venir en appui. La varĂ©nicline (Champix), le bupropion (Zyban) ou plus rĂ©cemment la cytisine, un alcaloĂŻde vĂ©gĂ©tal, ont montrĂ© une efficacitĂ© modĂ©rĂ©e Ă  forte selon les profils. Leur objectif est d’attĂ©nuer le plaisir ressenti lors de la consommation de nicotine, tout en rĂ©duisant les symptĂŽmes de manque.

Ces traitements nĂ©cessitent une prescription mĂ©dicale et un suivi rigoureux, car ils peuvent provoquer des effets secondaires (troubles du sommeil, nausĂ©es, anxiĂ©tĂ©). La Haute AutoritĂ© de SantĂ© (HAS) recommande de les envisager lorsque les autres mĂ©thodes ont Ă©chouĂ©, ou pour les fumeurs trĂšs dĂ©pendants.

L’accompagnement psychologique et comportemental, clĂ© de la rĂ©ussite

Le sevrage n’est pas qu’une affaire de dosage ou de dispositif, c’est une transformation des habitudes. L’aide d’un tabacologue, d’un psychologue, d’un mĂ©decin ou mĂȘme d’un proche peut doubler les chances de rĂ©ussite.

Et les dispositifs d’accompagnement se multiplient. Les consultations « Tabac info service », la ligne tĂ©lĂ©phonique 39 89, les applications de suivi, ou encore les groupes d’entraide. Une Ă©tude de SantĂ© publique France (2024) a montrĂ© que les fumeurs bĂ©nĂ©ficiant d’un suivi rĂ©gulier avec leur mĂ©decin Ă©taient deux fois plus susceptibles de maintenir leur abstinence aprĂšs six mois.

Ce soutien permet aussi de gérer la part émotionnelle du sevrage : le stress, la peur de grossir, les réflexes inconscients. On apprend à vivre sans cigarette, à remplacer un geste par un autre, à reprogrammer son quotidien.

ArrĂȘter de fumer ne se fait pas sur un coup de tĂȘte, il faut dĂ©finir ses objectifs comme fixer une date d’arrĂȘt, Ă©valuer sa dĂ©pendance et prĂ©venir son entourage. Identifier les moments Ă  risque comme le cafĂ© du matin, la pause du midi, ou le verre du vendredi soir. Cela vous aidera Ă  anticiper les rĂ©flexes qui mĂšnent Ă  allumer une cigarette.

Pendant le sevrage, les envies reviendront, c’est normal. L’important est de ne pas culpabiliser et de trouver des parades simples : respirer profondĂ©ment, boire de l’eau, marcher quelques minutes, dĂ©crocher mentalement. 

Si vous avez optĂ© pour la cigarette Ă©lectronique, gardez le cap et ne retouchez pas au tabac. La double consommation ralentit le sevrage et annule une partie des bĂ©nĂ©fices. Pour les utilisateurs de patchs ou de gommes, respecter les doses et les horaires d’utilisation est tout aussi crucial.

Et si une rechute arrive, ce n’est pas la fin du parcours. C’est un apprentissage, une Ă©tape de plus vers la rĂ©ussite. 

À SAVOIR 

Le dosage en nicotine d’un e-liquide doit toujours correspondre Ă  votre profil de fumeur. Plus vous fumiez, plus le taux doit ĂȘtre Ă©levĂ© au dĂ©part pour Ă©viter le manque. Ainsi, 18 mg/ml convient aux gros fumeurs (30 Ă  40 cigarettes par jour), 12 mg/ml aux fumeurs d’environ un paquet quotidien, et 6 mg/ml Ă  ceux qui fumaient une dizaine de cigarettes. 

Article rédigé en partenariat avec Ecigplanete.

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Marie Briel
Journaliste Ma SantĂ©. AprĂšs un dĂ©but de carriĂšre en communication, Marie s’est tournĂ©e vers sa vĂ©ritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma SantĂ©, elle se spĂ©cialise dans le domaine de l'information mĂ©dicale pour rendre le jargon de la santĂ© (parfois complexe) accessible Ă  tous.

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