
Élu récemment à la présidence de l’Université Claude Bernard Lyon 1, le professeur en virologie Bruno Lina a dévoilé ce jeudi les axes stratégiques de son mandat. Objectif : donner une nouvelle impulsion au campus lyonnais avec une nouvelle gouvernance. En ligne de mire également, l’accueil de chercheurs de haut niveau en provenance des États-Unis, écartés par l’administration américaine.
Welcome to Lyon 1 ! À peine élu à la présidence de l’Université Claude Bernard, le Pr Bruno Lina a tenu ce jeudi 3 avril sa première conférence de presse sur le site emblématique du campus LyonTech-La Doua. L’occasion pour l’éminent virologue, visage familier des médias depuis la crise Covid et son statut de membre du conseil scientifique, de dévoiler les grands axes stratégiques de sa mandature. Avec une priorité : donner un nouvel élan à la plus grande université de France (hors fusions inter-universitaires) pour renforcer son attractivité, en France comme à l’étranger.
« Notre projet consiste à se mettre dans les meilleures dispositions pour atteindre notre objectif. Pour cela, il faut que le personnel soit dans un environnement propice, écouté et valorisé, avec une gouvernance réactive, en cohérence avec la ligne directrice », a expliqué en préambule Bruno Lina.
Bruno Lina, chantre de la simplification et de la transparence
Pour mener à bien cette mission, le virologue a quitté sa blouse de chef de service et cédé la plupart de ses mandats (CoVars, HAS, OMS…), à l’exception de la présidence du biocluster BCF2I dédié aux innovations en maladies infectieuses. Parmi ses priorités, la restructuration de l’institution universitaire avec la création de pôles distincts santé et sciences/ingénierie. « Jusqu’alors, il y avait un problème de pilotage politique qui mettait en difficulté le personnel administratif. On va entrer dans un processus de simplification pour davantage d’efficacité et un processus décisionnel raccourci avec des délégations de signatures. On va aussi jouer la carte de la transparence, tant en terme de mérite que de recrutement », explique-t-il.
Autre priorité, l’amélioration des relations entre Lyon et 1 son environnement local, national voire international, que ce soit avec la ComUE (Communauté d’universités et d’établissements), les Hospices Civils de Lyon ou les collectivités.
De là à relancer les rumeurs d’un rapprochement avec Lyon 2 ou Lyon, il y a un (grand) pas que Brun Lina ne franchira pas. « Il n’y aura pas de fusion entre Lyon 1 et une autre structure durant mon mandat, a affirmé le scientifique. En revanche, je souhaite nouer des partenariats privilégiés pour porter des projets communs car je crois à l’intelligence collective ».
Des chercheurs en provenance des USA en approche à Lyon 1
Bruno, qui entend profiter de son réseau relationnel pour « restaurer l’image de Lyon au niveau ministériel », n’exclut pas également de rayonner beaucoup plus loin, plus précisément outre-Atlantique, en profitant du contexte politique. Face au bashing anti-scientifique imposé par Donald Trump et l’administration américaine, Bruno Lina offre une porte de sortie séduisante à certains chercheurs de haut niveau jugés indésirables aux USA. « On est en contact avec des chercheurs qui veulent revenir en Europe, confie le président de Lyon 1. Nous avons ciblé une quinzaine de profils dans le domaine de la santé, de la physique, de la chimie et de la biochimie ».
Au moins cinq de ces surdiplômés pourraient poser prochainement leurs valises à Lyon. « La plupart travaillent déjà avec nous, ce qui facilitera leur adaptation. Par ailleurs, ils travailleront en symbiose avec un junior, ce qui facilita la transition s’ils repartent aux Etats-Unis à la fin du mandat de Trump ».
Intégration : Bruno Lina revendique le droit à l’erreur
Dans la même logique, Bruno Lina a mis l’accent sur une autre priorité de sa mandature : la lutte contre la désinformation scientifique, la transition écologique et la responsabilité sociétale. Un enjeu aux multiples facettes (bâtiments, formation, recherche) pour une université qui entend se positionner comme « un incubateur, un laboratoire ».
Enfin, conscient des limites de Parcoursup, le nouveau président de Lyon 1 prône une approche pragmatique dans l’accès à l’enseignement supérieur. Dans cet esprit, il revendique « le droit à l’erreur de l’étudiant qui vient de s’inscrire en lui proposant une réorientation positive précoce ». Concrètement, le jeune universitaire aura la possibilité, dans le mois suivant son intégration, de changer de filière par le « jeu des vases communicants ».
Cette opportunité sera expérimentée dès la rentrée prochaine. Parallèlement, Lyon 1 va renforcer ses liens entre les établissements du secondaire pour optimiser l’information et la bonne orientation des lycéens. « Je veux que les étudiants viennent à Lyon 1 par envie, avec des diplômes en gage de qualité », conclut Bruno Lina.
À SAVOIR
Bruno Lina, virologue de 64 ans, a été élu président de l’Université Lyon-I lors du Conseil d’Administration du 20 mars 2025, au premier tour à la majorité absolue avec 18 voix sur 26 votants (8 blancs ou nuls). Il était le seul candidat. Depuis le 30 novembre 2024, Lyon-I était sous administration provisoire, date de la fin de mandat de Frédéric Fleury. L’université Claude Bernard Lyon 1 compte trois campus répartis sur seize sites qui abritent 4 600 enseignants et près de 47 000 étudiants.







