Les hôpitaux, nids à microbes ? 7 % des patients pensent avoir contracté une infection durant leur hospitalisation. Auvergne-Rhône-Alpes faisant partie des régions les plus touchées par ces maladies nosocomiales, le point avec Valentin Papet, président à l’Association d’aide aux victimes de France.
Les maladies nosocomiales, reconnues depuis peu
Depuis quand donne-t-on un nom aux maladies nosocomiales ?
Si vous rentrez à l’hôpital, et que vous repartez avec quelque chose que vous n’auriez jamais du avoir, c’est que vous avez contracté une maladie nosocomiale. Longtemps, les maladies nosocomiales n’ont pas été reconnues comme telles. Au 19ème siècle, la cause de décès des femmes de fièvre puerpérale après l’accouchement restait un mystère. Ignace Philippe Semmelweis, un obstétricien hongrois, fut le premier à mettre en cause le mauvais lavage de mains des médecins. Mais ce n’est que depuis l’affaire du sang contaminé, en 1988, que le service public hospitalier a constitué un Comité de lutte contre les infections nosocomiales. Cela a déclenché un véritable bouleversement épistémologique : le corps médical fut alors remis en cause. Ce n’est qu’en 1999 que les maladies nosocomiales ont commencé à avoir une définition légalement claire.
7% des patients atteints : ces chiffres vous semblent-ils sous-estimés ?
Aujourd’hui, le problème auquel on fait face est celui de l’identification d’une maladie nosocomiale. Nous sommes certains qu’il y a bien plus que 7 % de patients contaminés ! Comment être certain que notre contamination s’est bien effectuée à l’hôpital ? Est-il nécessairement utile de reconnaître toutes les infections nosocomiales, même les plus bénignes ? Il est pourtant important de savoir si notre maladie provient bien de l’hôpital, afin de prévenir les risques. Malheureusement, beaucoup trop de victimes sont incapables de déterminer d’où vient leur pathologie.
Des progrès ont-ils été constatés au cours de ces dernières années ?
Bien sûr, tant du côté de la prévention que de l’indemnisation. En ce qui concerne la prévention, la vaccination a majoritairement contribué à la diminution des maladies nosocomiales. Coté indemnisation, il y a également eu des avancées. Depuis la loi Kouchner de 2002 relative aux droits des malades et à la qualité du système de santé, les établissements qui prodiguent des soins sont dorénavant présumés responsables pour les infections nosocomiales légères. Pour celles plus graves, la solidarité nationale les prend désormais en charge. Depuis cette loi, les patients peuvent aussi récupérer leur dossier médical.
Maladies nosocomiales : gare aux personnes les plus fragiles
Quels sont les patients les plus touchés ?
Malheureusement, tout le monde peut être victime d’une maladie nosocomiale. Mais les plus touchées sont évidemment les personnes les plus fragiles, c’est-à-dire les personnes âgées ou en situation de handicap. Les patients ayant un système humanitaire affaibli sont également très sujets à ces maladies, à l’image des personnes suivant des chimiothérapies ou bénéficiant d’un traitement fort en antibiotiques.
Comment se transmettent les infections nosocomiales ?
Ces maladies se transmettent très vite. Même dans une salle d’attente, vous pouvez contracter une infection nosocomiale ! Un patient peut être infecté par les germes d’autres patients, ou peut même s’infecter avec ses propres germes. Il est également possible qu’il soit en contact avec des muqueuses. L’hygiène a aussi un rôle primordial. Si le matériel médical est mal stérilisé cela constitue un grand facteur pour les risques de transmission. Le nombre important de patients dans les hôpitaux favorise également les infections nosocomiales. La mise en place de chambres individuelles est alors une solution pour leur diminution.
Quelles maladies contracte-t-on le plus ?
Il existe des cas très graves, mais aussi des cas bénins. Le staphylocoque est une maladie très souvent contractée par les patients dans les hôpitaux.
Maladies nosocomiales : prévenir pour mieux guérir
Les politiques de prévention sont-elles suffisamment développées ?
Au fil des ans, de plus en plus de mesures existent et gagnent en efficacité. Les précautions d’hygiène se sont fortement améliorées, ainsi que l’usage des antibiotiques qui est beaucoup plus contrôlé qu’avant.
Néanmoins, trop de personnes ignorent encore ce qu’est une maladie nosocomiale. Peu se doutent que même à l’hôpital, le danger est présent. Des mesures de prévention très simples, comme des affichettes, pourraient être un bon moyen pour informer les patients.
Quel rôle tient précisément votre association ?
Il existe de plus en plus d’associations en matière de prévention des infections nosocomiales, mais on ne pense pas assez à les aider au niveau administratif. Notre association accompagne les victimes dans leur démarche juridique, car beaucoup peuvent se sentir démunies après avoir contracté une maladie nosocomiale.
Pour en savoir plus : CPIAS – Centre pour la Prévention des Infections Associées aux Soins Auvergne-Rhône-Alpes
A savoir
Les maladies nosocomiales sont liées à des infections contractées en établissements de santé. Certains services hospitaliers ou établissements (réanimation, maternité, urgences, maisons de retraite…) sont particulièrement concernés. Les patients sont majoritairement victimes d’infections urinaires ou de pneumonies à cause de bactéries comme les escherichia coli, les staphylocoques dorés et les pseudomanas aeruginosa. Ces agents infectieux sont plus résistants aux antibiotiques que les autres, raison pour laquelle ils sont souvent la cause des maladies nosocomiales. Les victimes peuvent être contaminées par leurs propres germes, par celles des autres patients, ou encore par le personnel médical et le matériel de l’hôpital.