Hygiène bucco-dentaire, problèmes gastriques, alimentation… Quelle qu’en soit la cause, la mauvaise haleine a souvent la vie dure. Difficile pour les proches de la rapporter et presque impossible pour la personne de s’en apercevoir. Mais alors, comment identifier sa mauvaise haleine ? Et surtout, comment s’en débarrasser une bonne fois pour toute ? Réponses avec le Dr Patrick Bruyère, chirurgien-dentiste à Lyon.
Souvent décriée comme un signe de mauvaise hygiène personnelle, la mauvaise haleine touche pourtant entre un quart et la moitié de la population française. Si 96,2 % des français déclarent se brosser quotidiennement les dents, plus de 25 % admettent ne réaliser cet acte bucco-dentaire qu’une seule fois par jour. Un chiffre parlant quand on sait la recommandation du double lavage des dents quotidien. Mais la mauvaise haleine ne provient-elle que de notre hygiène dentaire ?
L’hygiène buccodentaire n’est pas toujours en cause !
« Si la mauvaise haleine provenait uniquement de notre hygiène dentaire, le problème serait bien plus vite réglé », déclare le Dr Patrick Bruyère, chirurgien-dentiste. « Bien souvent, la mauvaise haleine est avant tout le signe d’un dysfonctionnement de notre état de santé général, y compris buccal. Raison pour laquelle il ne faut pas avoir peur de consulter un spécialiste et professionnel de santé ».
Scientifiquement appelée « halitose », la mauvaise haleine possède ainsi différentes origines. Entre un simple rappel de brossage des dents et un dysfonctionnement buccal, gastrique ou autre, cette affection courante nécessite parfois une investigation plus poussée. Mais alors qui consulter ? Et comment détecter l’origine de tels troubles ?
« Le meilleur conseil à donner est d’avant tout suivre les recommandations sanitaires sur le brossage des dents. Et si cela ne fonctionne pas, ne laissez pas l’halitose détériorer votre bien-être social plus longtemps, venez consultez », conseille le Dr Patrick Bruyère.
Halitose : alors à qui la faute ?
« La mauvaise haleine est majoritairement d’origine buccale », témoigne le Dr Patrick Bruyère. « La bouche regorge naturellement de bactéries qui entraînent la prolifération de composés malodorants ».
Plus précisément, ces bactéries se nourrissent de protéines présentes (la salive, les cellules buccales…) ou de passage (l’alimentation). Or, cette action génère la libération de composés volatils et malodorants. Un processus commun qui, sans intervention de l’homme, finit par se faire sentir. Mais les bactéries présentes dans la cavité buccale sont-elles les seules responsables de l’halitose ?
« D’autres affections peuvent également expliquer ce phénomène. C’est le cas d’une sécheresse buccale, d’un surplus de tartre et d’une inflammation des gencives appelée maladie parodontale, qui accroissent l’effet des substances malodorantes. On sait aussi qu’une atteinte digestive, pulmonaire voire endocrinienne peuvent contribuer à cette mauvaise haleine. Néanmoins, ces derniers cas sont nettement moins représentatifs ».
Un fléau qui souffre de son tabou
Tout le monde en a déjà entendu parler ou plutôt l’a déjà senti. L’halitose, ou mauvaise haleine, est un phénomène courant et bien souvent bénin. Son principal symptôme ? L’odeur désagréable de l’haleine buccale. Un effet facile à repérer par tous et pourtant très peu traité. Mais alors, pourquoi si peu de soin ?
« Le principal défi de l’halitose est d’être un phénomène jugé répulsif, signe de dégoût, et donc en conséquence un facteur d’isolement et de jugement social négatif », explique le Dr Patrick Bruyère. « Dès lors, tout l’entourage de la personne concernée va taire cette information pour ne pas vexer ni ne paraître impoli. Pourtant, c’est là tout le problème de l’halitose ».
En effet, l’halitose est une affection majoritairement « invisible » aux yeux du principal concerné. Si la mauvaise haleine passagère due à l’assimilation d’un aliment odorant est reconnue, l’halitose fréquente, sur long terme, est difficile à dépister pour le patient lui-même. Et sans avertissement de l’entourage, la mauvaise haleine lui reste méconnue.
Masque et mauvaise haleine : nouvelle origine ?
La crise sanitaire n’a pas facilité la diminution des cas d’halitose, bien au contraire. En cause ? L’apparition des masques qui « cloisonnent » les composés malodorants dans l’enceinte buccale et empêchent leur évacuation ou bonne aération. Comment lutter contre ce phénomène ? Que peut-on faire ?
« Malheureusement, il n’y a pas de recommandation spéciale », explique le Dr Patrick Bruyère « L’aération régulière de la cavité buccale régulera sans doute les reflux de mauvaise haleine. Néanmoins, les causes et les solutions restent les mêmes qu’en n’importe quelle période. Si vous suivez ces conseils, l’halitose devrait disparaître ». Mais alors que peut-on faire ?
Les solutions pour retrouver une haleine fraîche
« Le premier réflexe à adopter est de vérifier ou retrouver une hygiène bucco-dentaire seine. Se laver les dents deux fois par jour, sans oublier le nettoyage de la surface de la langue ni des interstices dentaires. La langue et les espaces interdentaires sont souvent les grands oubliés et pourtant jouent un rôle notable dans cette affection », insiste le Dr Patrick Bruyère. « Si toutefois, les symptômes persistent, la consultation chez votre chirurgien-dentiste s’impose. Il identifiera avec vous la cause probable de cette mauvaise haleine ».
Et si l’halitose ne provient ni d’une mauvaise hygiène dentaire, ni d’une infection bucco-dentaire ? « D’autres examens auprès d’un gastro-entérologue par exemple seront peut-être nécessaires. Dans tous les cas, il s’agira d’identifier la cause de cette halitose et d’analyser les habitudes de vie du patient ». Mais alors, quels conseils applicables pour tous ?
« Diminuer ou arrêter la consommation de tabac, d’alcool ou encore de café, modifier les habitudes alimentaires pour adopter des repas équilibrés et sains… Autant de choses que chacun peut faire de son côté et qui favoriseront la diminution voire l’arrêt de l’halitose », rappelle le Dr Patrick Bruyère. Listons également la bonne hydratation quotidienne (1,5 L d’eau par jour) et la moindre consommation d’aliments odorants tels que l’ail, l’oignon, les épices ou encore les régimes riches en protéines. De quoi adopter dès aujourd’hui une nouvelle hygiène de vie 100 % bonne haleine.
À SAVOIR
Certaines personnes souffrent d’altophobie, une pathologie psychologique leur donnant l’impression de dégager une odeur désagréable alors que ce n’est pas le cas.