Chaque nuit, ou presque, nous rêvons. Mais alors, pourquoi certains se souviennent-ils de leurs rêves et d’autres pas ? Une question qui intrigue aussi bien les scientifiques que le grand public. Entre activité cérébrale, micro-réveils nocturnes et traits de personnalité, qu’est ce qui se cache vraiment derrière notre mémoire onirique ?
Vous êtes-vous déjà demandé : “Pourquoi je me souviens de mes rêves alors que mon partenaire, lui, ne s’en souvient jamais ?” La réponse se cache dans notre cerveau et notre sommeil.
Selon une étude menée par Perrine Ruby, chercheuse au Centre de Recherche en Neurosciences de Lyon, les personnes qui se rappellent régulièrement de leurs rêves, appelées « grands rêveurs », connaissent plus de réveils nocturnes. Ces micro-réveils, qui peuvent durer quelques secondes, sont déterminants dans la mémorisation des rêves. Pendant ces instants d’éveil, le cerveau enregistre les souvenirs oniriques avant de replonger dans le sommeil.
Mais ce n’est pas tout. La connectivité entre certaines zones du cerveau influence également notre capacité à nous souvenir des rêves. Le cortex préfrontal médial et la jonction temporo-pariétale sont plus actifs chez les grands rêveurs. Ces zones sont impliquées dans la conscience de soi et le traitement des stimuli sensoriels, ce qui expliquerait pourquoi certaines personnes gardent une trace plus vive de leurs songes.
L’impact de la qualité du sommeil sur la mémoire onirique
La qualité du sommeil joue significativement sur cette mémoire. Un sommeil léger ou fragmenté favorise le rappel des rêves, car les nombreux micro-réveils offrent plus d’occasions au cerveau d’enregistrer les souvenirs. À l’inverse, un sommeil profond et continu rend plus difficile la mémorisation des rêves, qui s’effacent souvent avant le réveil.
En moyenne, une personne passe environ deux heures par nuit à rêver, principalement pendant la phase de sommeil paradoxal. C’est à ce moment-là que l’activité cérébrale atteint son pic et que les rêves sont les plus intenses. Si vous vous réveillez spontanément pendant ou juste après cette phase, vous avez plus de chances de vous souvenir de vos rêves.
Comment fabriquer-t-on les rêves ?
Pourquoi certains rêves marquent plus que d’autres ?
Tous les rêves ne laissent pas la même empreinte dans notre mémoire. Les rêves émotionnellement chargés ou particulièrement réalistes ont plus de chances d’être retenus. En effet, les émotions activent l’amygdale, une région du cerveau liée à la mémoire émotionnelle, ce qui facilite leur mémorisation.
De plus, notre capacité à nous souvenir des rêves dépend aussi de notre attention portée à ces derniers. Les personnes qui s’intéressent à leurs rêves, les racontent ou les notent au réveil renforcent leur mémoire onirique. Ce processus de « fixation » aide le cerveau à conserver ces souvenirs fugaces.
Personnalité et souvenirs de rêves : un lien inattendu
Saviez-vous que votre personnalité influence aussi votre capacité à vous souvenir de vos rêves ? Les personnes créatives, imaginatives ou sujettes à l’anxiété ont tendance à se rappeler plus souvent de leurs songes. Leur esprit, plus enclin à la rêverie diurne et à l’introspection, développe une meilleure connexion avec le monde onirique.
Une étude de l’Observatoire B2V des Mémoires a révélé que les individus qui laissent libre cours à leur imagination au cours de la journée possèdent une mémoire onirique plus performante. En d’autres termes, plus vous êtes ouvert à vos pensées et émotions, plus vous avez de chances de vous souvenir de vos rêves la nuit.
Peut-on apprendre à mieux se souvenir de ses rêves ?
Oui, c’est tout à fait possible. Mais, comme pour tout, il ne suffit pas de le vouloir. Ainsi, pour vous souvenir de vos rêves dans le détail, il faut y prêter une attention particulière.
- Tenir un journal de rêves : notez vos rêves dès le réveil. Ce réflexe renforce le lien entre votre conscience et votre monde onirique.
- Se réveiller naturellement : utiliser un réveil brutal interrompt le processus de mémorisation. Privilégiez un réveil doux ou laissez votre corps se réveiller naturellement.
- Se poser la question avant de dormir : en vous endormant, répétez-vous mentalement : « Je veux me souvenir de mes rêves ». Cet exercice de suggestion renforce l’attention portée aux rêves.
- Réduire le stress : un esprit stressé perturbe le sommeil et nuit à la mémorisation des rêves. Pratiquer la méditation ou la relaxation avant de dormir améliore la qualité du sommeil et la mémoire onirique.
Alors si vous faites partie de ceux qui peinent à se souvenir de leurs songes, vous devez commencer par améliorer la qualité de votre sommeil.
À SAVOIR
Durant la phase de sommeil paradoxal, là où la plupart des rêves se produisent, le cerveau reste étonnamment actif, presque autant qu’à l’état de veille. Les images cérébrales montrent une forte activité de l’amygdale, qui gère nos émotions, et du cortex visuel, à l’origine des images mentales. C’est ce duo qui donne à nos rêves leur intensité et leur réalisme. À l’inverse, le cortex préfrontal, chargé du raisonnement et du contrôle logique, ralentit son activité.