La mort inattendue du nourrisson, dans 50% des cas, ne s'explique pas. Mais la moitié des décès pourraient toutefois être évités. ©Shutterstock

Malgré une baisse spectaculaire enregistrée dans les années 90, la mort inattendue du nourrisson continue de frapper 350 à 400 familles françaises par an. Le Professeur Hugues Patural, spécialiste en néonatologie à l’hôpital de Saint-Etienne, rappelle pourtant qu’un simple respect des règles de couchage permettrait encore d’éviter un décès sur deux, à l’occasion de la semaine nationale de prévention de la mort inattendue du nourrisson, du 14 au 18 septembre.

La semaine nationale de prévention de la mort inattendue du nourrisson a lieu du 14 au 18 septembre. À l’occasion, le CHU de Saint-Étienne ont élaboré un film de 4 minutes voué à sensibiliser les familles. Le point avec le Pr Hugues Patural, chef du service de réanimation nénonatale et pédiatrique de l’hôpital de Saint-Étienne.

Pourquoi parle-t-on désormais de mort inattendue du nourrisson, et non plus de mort subite ?

Tout simplement parce que la mort est toujours subite. En revanche, elle peut être attendue ou inattendue. D’où la décision prise il y a quelques années par la communauté médicale internationale de changer la définition. Ce type de décès survient brutalement, alors que rien ne le laissait imaginer. Au terme d’un bilan systématique et complet intégrant des examens biologiques, radiologiques et une autopsie scientifique, si aucune cause n’est identifiée, on parle alors de mort subite du nourrisson.

Mort inattendue du nourrisson: les dangers du couchage ventral

Quelles sont les causes de la mort inattendue du nourrisson ?

La première des causes est souvent évitable et liée à un couchage inadapté avec un risque d’enfouissement et d’étouffement. Mais le bilan peut retrouver d’autres facteurs de risque comme des malformations cardiaques ou cérébrales non détectées, des infections bactériennes ou virales, ou un défaut de régulation cardiopulmonaire dans un contexte de d’exposition à la nicotine pendant la grossesse et de tabagisme parental.

Le fait d’être un garçon est aussi un facteur de risque « statistique », probablement du fait d’une prédisposition génétique mais ceci reste une hypothèse. Certaines de ces causes sont donc très difficiles à prévenir, puis à expliquer. D’autres, malheureusement, seraient très facilement accessibles à de la simple prévention, c’est le cas pour l’environnement de couchage qui doit être le plus sécure possible.

Quels sont les risques principaux ?

On recense trois grands types de risque, souvent combinés. Le premier de ces risques relève de la vulnérabilité potentielle du bébé, de par l’histoire de la grossesse (naissance prématurée, exposition in utero au tabagisme, malformation…).

Le deuxième concerne une période particulière de la vie du bébé, entre la naissance et 4 mois, où des phénomènes de maturation cardiorespiratoire et de maturation des cycles veille-sommeil se mettent en place et pourraient dans certains cas dysfonctionner. Le troisième risque, enfin, relève de facteurs environnementaux et externes. Les virus et infections (bronchiolite, etc.), du fait d’une obstruction des voies nasales, peuvent favoriser la mort inattendue du nourrisson par asphyxie.

Pourquoi le couchage ventral est-il si dangereux?

C’est le facteur de risque majeur. Le bébé, en effet, n’a pas suffisamment de tonus pour relever la tête, qui va rapidement retomber et s’enfouir dans le matelas. Le couchage ventral empêche aussi la régulation thermique du bébé, favorise une montée interne en température. Le bébé en position ventrale ré-inhale également le gaz qu’il expire : il s’intoxique finalement avec son propre CO2.

Le portage en écharpe, pour les mêmes raisons d’enfouissement peut être un important facteur de risque lorsqu’il est mal réalisé : le bébé peut-être facilement coincé et ne peut plus pouvoir respirer. Le portage, c’est génial et à encourager, mais cela s’apprend ! Les parents doivent ainsi veiller à ce que les voies aériennes ne soient jamais obstruées.

C’est donc surtout à ce niveau que la prévention de la mort inattendue du nourrisson est essentielle. De nos jours, un décès sur deux au moins pourrait en effet être évité si les consignes de couchage sécuritaire étaient respectées !

Les conseils pour bien coucher son bébé

Pouvez-vous rappeler aux parents quelles sont ces consignes ?

  • Toujours faire dormir le bébé sur le dos. Jamais sur le côté, encore moins sur le ventre.
  • Créer un environnement aéré, sans tour de lit ni voile occultant.
  • Privilégier un matelas dur, où la tête du bébé ne s’enfoncera pas. Ne pas bloquer sa motricité.
  • Supprimer draps et couvertures, et n’utilisez pour le sommeil qu’une turbulette/gigotteuse adaptée.
  • Ne pas utiliser de cocons (réservés aux unités de néonatologie dans certaines indications médicales), ne pas bloquer la motricité spontanée du bébé.
  • A l’éveil, le porter souvent et le stimuler sur le ventre en le surveillant toujours tant qu’il ne sait pas se retourner seul (rarement avant 6 mois).
  • Exclure les objets dangereux pouvant l’étouffer (doudous larges type chiffons, etc.).

Quelle est l’origine de la mode du couchage ventral ? 

Cela résulte d’une vieille idée reçue, abondamment colportée dans les années 80 et qui a fait des ravages. Elle provient de la mauvaise interprétation d’une étude scandinave, qui expliquait que le couchage ventral permettait de diminuer les phénomènes de régurgitation et les ralentissements cardiaques.

Ce positionnement ventral a entraîné une explosion massive des morts inattendues du nourrisson par étouffement jusqu’à une prise de conscience internationale de ce facteur de risque majeur, au début des années 90. Les États-Unis ont été les premiers à tirer la sonnette d’alarme puis la France en 1991 et 1994. On a alors vu chuter le nombre de MIN par cinq en quelques mois.

Pourquoi le couchage ventral fait-il toujours autant d’adeptes ?

Cette « mode » du couchage sur le ventre persiste parfois et on voit encore des familles faire de la résistance. Certains parents (et grands-parents) d’aujourd’hui pensent qu’il n’est pas risqué de coucher leur bébé sur le ventre, puisqu’eux-mêmes étaient couchés dans cette position dans les années 80-90 ! Mais s’ils sont passés entre les gouttes, le risque reste le même pour leur enfant. D’où l’importance majeure de poursuivre la prévention pour chaque nouvelle naissance, partout sur le territoire.

Prévenir la mort inattendue du nourrisson les bons gestes

Quels autres conseils préventifs donneriez-vous aux parents ?

Méfiez-vous des nombreux matériels de puériculture, parfois inutiles voire potentiellement dangereux pour le bébé, comme les cocons à domicile, les coussins de positionnement en microbilles ou les lits « révolutionnaires » chers et complètement inadaptés.

Il faut arrêter de fumer pendant la grossesse et en présence du nourrisson ! Le tabagisme maternel est un énorme facteur de risque : il prédispose en effet l’enfant à ne pas savoir réguler spontanément sa fréquence cardiaque et respiratoire.

Enfin, il faut être très attentif à maintenir une liberté des voies aériennes du bébé. Il faut apprendre aux parents à lui désobstruer le nez.

Une vidéo pour tout comprendre : cliquer ICI

Un site à consulter : www.naitreetvivre.org

À SAVOIR

La semaine nationale de prévention de la mort inattendue du nourrisson se déroule du 16 au 20 septembre 2019. Plusieurs rendez-vous sont programmés dans les établissements de santé de la région Auvergne-Rhône-Alpes :
– les 16 et 17/09 de 14h à 16h30, hôpital Lyon Sud (bâtiment 3B, 2e étage, néonatologie)
– le 17/09 de 9h à 16h, hall de l’HFME de Lyon
– du 18 au 20/09, maternité de la Croix-Rousse
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– Journée de sensibilisation, mardi 17 septembre de 10 à 17h à l’Hôpital Nord de Saint-Etienne (bâtiment EF), dans le cadre de la Semaine nationale de prévention de la mort inattendue du nourrisson.
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– Ateliers de prévention, lundi 16 septembre de 9h à 13h, niveau 0 de l’hôpital Saint Joseph Saint Luc, à Lyon.
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Il existe 35 centres d’accueil et de prise en charge de la mort inattendue du nourrisson. 4 se situent en Auvergne-Rhône-Alpes : l’HFME de Lyon et les CHU de Saint-Etienne, Grenoble et Clermont-Ferrand.

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