Un bébé hospitalisé en unité néonatale qui ne survit pas sera comptabilisé dans la mortalité infantile et contribuera ainsi à relever le taux en France.
En 2022, la mortalité infantile moyenne dans l’Union européenne était d’environ 3,3 décès pour 1 000 naissances vivantes selon Eurostat. © Freepik

En 1990, la France détenait le taux de mortalité infantile le plus bas d’Europe. Trente-cinq ans plus tard, elle se classe seulement 23ᵉ au niveau européen. Comment expliquer une telle chute ? Les données récentes montrent une évolution inquiétante, où la mortalité infantile est devenue le reflet des inégalités sociales et territoriales.

La mortalité infantile correspond au nombre de décès d’enfants de moins d’un an pour 1 000 naissances vivantes. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) en fait un indicateur majeur de la santé d’une population et de la qualité d’un système de soins. Elle se décompose en deux grandes catégories :

  • la mortalité néonatale, qui concerne les décès survenus dans les 28 premiers jours de vie,
  • et la mortalité post-néonatale, qui correspond aux décès entre 1 mois et 1 an.

Lorsqu’on élargit jusqu’à 5 ans, on parle alors de mortalité infanto-juvénile. Cet indicateur est suivi de près car il traduit non seulement la qualité des soins à la naissance et en période néonatale, mais aussi les conditions de vie des familles et l’accès au suivi médical.

La France s’est engagée, dans le cadre des Objectifs de développement durable fixés par l’ONU, à réduire son taux de mortalité infantile. Pourtant, les dernières données montrent un éloignement de cette trajectoire. Alors qu’elle était un modèle en 1990, elle se situe aujourd’hui dans la moyenne basse européenne.

Pour les chercheurs, la hausse de la mortalité infantile n’a pas de cause unique. Elle résulte d’une conjonction de facteurs médicaux, sociaux et organisationnels.

Selon l’Ined et l’Insee, le taux de mortalité infantile en France s’établissait à 4,1 décès pour 1 000 naissances vivantes en 2024, soit environ 2 700 décès. Ce chiffre marque une hausse par rapport aux années 2010 où l’on enregistrait des taux proches de 3,5 ‰. L’Eurostat relève également qu’en 2022, la France présentait des taux de 3,7 ‰ chez les filles et 4,5 ‰ chez les garçons, au-dessus de la moyenne de l’Union européenne.

En comparaison, les pays scandinaves comme la Finlande ou la Suède affichent des taux autour de 2 ‰. L’Espagne et l’Italie se situent quant à elles autour de 3 ‰. Ce contraste explique la chute de la France à la 23ᵉ place européenne.

Une étude publiée en septembre 2025 dans la revue BMJ Medicine, menée par l’Inserm, l’Université Paris Cité, l’AP-HP et l’Inrae, confirme une augmentation de la mortalité néonatale en France entre les périodes 2001-2008 et 2015-2020. Les chercheurs soulignent que cette hausse n’est pas homogène. Elle touche particulièrement les territoires les plus défavorisés.

D’après leurs estimations, environ 2 000 à 2 500 décès de nouveau-nés auraient pu être évités sur la période 2015-2020 si toutes les communes avaient eu le même risque que les plus favorisées. Autrement dit, la mortalité infantile en France ne dépend pas uniquement du système de santé national, mais reflète aussi des fractures sociales profondes.

Les enfants nés dans les communes les plus défavorisées présentent un risque de décès néonatal 1,7 fois supérieur à ceux nés dans les communes les plus aisées. L’étude Inserm pointe plusieurs facteurs majeurs qui se répercutent directement sur la santé des mères et des bébés :

  • Précarité économique : revenus faibles, chômage élevé, familles monoparentales.
  • Santé maternelle : tabagisme pendant la grossesse, obésité, alimentation insuffisante.
  • Accès aux soins : éloignement géographique, délais, fermetures de maternités, manque de personnel.

L’Haute Autorité de santé (HAS) rappelle d’ailleurs que 57 % des événements indésirables graves chez les nouveau-nés, dont certains décès, étaient jugés « majoritairement évitables » selon les déclarants (mai 2025). 

Les décès d’enfants de moins d’un an en France résultent de plusieurs causes majeures. Les complications liées à la prématurité et les malformations congénitales sont parmi les plus fréquentes. Les complications lors de l’accouchement pèsent également lourd dans les statistiques.

La mort inattendue du nourrisson (MIN), souvent appelée mort subite du nourrisson, demeure une cause importante, en particulier entre 28 jours et 1 an. En 2022, environ 215 décès ont été attribués à la MIN, ce qui en fait la première circonstance de décès après la période néonatale selon Santé publique France.

À SAVOIR

Selon la Banque mondiale, le taux de mortalité infantile mondial est passé de 65 décès pour 1 000 naissances vivantes en 1990 à environ 28 pour 1 000 en 2022.

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Ma Santé

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Marie Briel
Journaliste Ma Santé. Après un début de carrière en communication, Marie s’est tournée vers sa véritable voie, le journalisme. Au sein du groupe Ma Santé, elle se spécialise dans le domaine de l'information médicale pour rendre le jargon de la santé (parfois complexe) accessible à tous.

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