On le sait, l’obésité et le surpoids constituent aujourd’hui une crise sanitaire mondiale aux lourdes conséquences. Mais une étude publiée le mardi 4 mars dans la revue médicale anglaise The Lancet avance des projections encore plus inquiétantes, avec des chiffres témoignant d’une accélération significative de l’épidémie. Selon ces nouvelles données, plus de la moitié des adultes et près d’un tiers des enfants et adolescents seront ainsi en surpoids ou obèses d’ici 2050. Une tendance inquiétante, qui appelle à des actions urgentes des pouvoirs publics.
Les chiffres de l’épidémie d’obésité dans le monde font déjà froid dans le dos. Mais le plus inquiétant tient sans doute dans l’accélération de cette tendance, comme le confirment les chiffres effarants publiés ce mardi 4 mars dans la revue médicale britannique The Lancet : sans réaction urgente, plus de la moitié des adultes et près d’un tiers des enfants et adolescents seront en surpoids ou obèses d’ici 25 ans.
Obésité : une progression fulgurante à l’échelle mondiale
Depuis les années 1990, la prévalence de l’obésité a connu une augmentation spectaculaire. En 2022, on estimait que 1 personne sur 8 dans le monde était obèse, soit plus d’un milliard d’individus. De plus, 43 % des adultes âgés de 18 ans et plus étaient en surpoids, représentant environ 2,5 milliards de personnes. Cette hausse concerne également les plus jeunes, avec une multiplication par quatre de l’obésité chez les adolescents depuis 1990.
Les projections pour 2050 sont donc encore plus préoccupantes. L’étude publiée dans The Lancet se base sur les travaux d’un programme de recherche international, le Global Burden of Disease, piloté par un institut américain (Seattle). Elle révèle que 60% des adultes et un tiers des enfants et adolescents seront en surpoids ou obèses d’ici cette date. Cette progression rapide souligne l’urgence d’adopter des politiques de prévention efficaces et d’encourager des modes de vie plus sains pour enrayer cette tendance inquiétante.
Certaines régions du monde sont particulièrement touchées. C’est le cas notamment de l’Océanie et du Moyen-Orient, où les taux d’obésité pourraient atteindre des niveaux dramatiques, avec près de 90 % des adultes affectés dans certaines îles du Pacifique et 94 % au Moyen-Orient d’ici 2050.
Obésité en France : une tendance préoccupante
La France n’est pas épargnée par cette épidémie. D’après une étude de l’Inserm publiée en 2023, près d’un Français sur deux est en surpoids ou obèse, avec une prévalence de l’excès de poids (incluant le surpoids et l’obésité) de 47,3 %. Plus inquiétant encore, la proportion d’obèses est passée de 8,5 % en 1997 à 17 % en 2020, soit un doublement en un peu plus de deux décennies.
Chez les enfants, environ 16 % sont en surpoids et 4 % en situation d’obésité, ce qui représente une tendance inquiétante pour les décennies à venir. On le sait, tout se joue avant les 8 ans d’un enfant.
Cette progression est donc particulièrement marquée chez les jeunes générations. Elle l’est également pour les formes d’obésité les plus sévères, ainsi que pour les femmes, premières victimes de l’épidémie.
Les disparités sociales jouent également un rôle important : les catégories socio-économiques défavorisées sont davantage touchées, avec une prévalence de l’excès de poids de 51,1 % chez les ouvriers, contre 35 % chez les cadres.
Quelles sont les causes profondes de l’épidémie d’obésité ?
Les facteurs de l’augmentation de l’obésité et du surpoids à travers le monde sont malheureusement clairement identifiés. Le passage d’une alimentation traditionnelle riche en fibres et en nutriments à une alimentation industrielle riche en sucres, en graisses saturées et en aliments ultra-transformés est le premier d’entre eux. Et cette tendance se vérifie particulièrement dans les pays en développement, où l’urbanisation rapide et la mondialisation ont modifié les habitudes alimentaires.
La sédentarité grandissante est un autre facteur clé. Avec les nouvelles technologies, les modes de vie sont devenus de plus en plus sédentaires, réduisant l’activité physique quotidienne. Le temps passé devant les écrans, que ce soit pour le travail ou les loisirs, a considérablement augmenté, limitant les occasions de pratiquer une activité physique régulière.
Mais d’autres facteurs socio-économiques et environnementaux influencent également les comportements liés à l’alimentation et à l’activité physique. L’accès limité à des aliments sains, le manque d’infrastructures pour l’exercice physique et des politiques publiques insuffisantes contribuent ainsi à l’augmentation de l’obésité. Les populations à faibles revenus sont souvent les plus touchées, en raison de la disponibilité limitée d’aliments nutritifs et abordables et d’environnements propices à l’activité physique.
Des répercutions dramatiques sur la santé
L’obésité est associée à de nombreuses complications de santé. Elle augmente significativement le risque de développer des maladies chroniques telles que le diabète de type 2, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension et certains types de cancers.
Ces affections réduisent la qualité de vie et augmentent la mortalité prématurée. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le surpoids et l’obésité sont responsables de 2,8 millions de décès par an dans le monde.
Chez les enfants, l’obésité peut entraîner des complications précoces, telles que des problèmes respiratoires, une hypertension artérielle et des troubles psychologiques liés à la stigmatisation sociale. De plus, un enfant obèse a plus de chances de le rester à l’âge adulte, perpétuant ainsi le cycle de l’obésité et augmentant le risque de maladies chroniques à un âge précoce.
Entre grossophobie, perte de confiance en soi et mal-être, les conséquences psychologiques sont très importantes, ce qui n’est pas neutre, à l’heure où la santé mentale des Français est loin d’être au beau fixe.
Quelles solutions pour lutter contre l’épidémie d’obésité ?
Face à cette situation, plusieurs pistes doivent être explorées pour limiter la progression de l’obésité et du surpoids. L’éducation nutritionnelle joue un rôle central : apprendre aux enfants et aux adultes à adopter une alimentation équilibrée, riche en fruits et légumes, et à limiter la consommation de produits ultra-transformés est essentiel. Des politiques publiques fortes, comme la taxation des boissons sucrées et l’amélioration de l’étiquetage alimentaire (Nutri-Score), pourraient également s’avérer efficaces.
L’activité physique doit aussi être encouragée à tous les âges. La sédentarité étant l’un des facteurs majeurs de la prise de poids, favoriser la pratique du sport dès le plus jeune âge, adapter l’urbanisme pour rendre les villes plus propices à la marche et au vélo, et promouvoir des programmes de santé au travail sont autant de mesures qui peuvent inverser la tendance.
Enfin, une prise en charge médicale adaptée est nécessaire pour les personnes déjà en situation d’obésité. Cela passe par un suivi médical régulier, un accompagnement psychologique et, dans certains cas, des solutions chirurgicales comme la chirurgie bariatrique.
L’épidémie d’obésité et de surpoids est donc clairement devenu un défi de santé publique majeur à l’échelle mondiale, tant pour ses conséquences graves sur la santé des individus que sur le poids engendré sur les systèmes de soins. Pour enrayer cette tendance, une mobilisation collective est indispensable : éducation, prévention, adaptation de l’environnement et accompagnement médical doivent être au cœur des stratégies mises en place. Agir dès maintenant permettra de limiter l’impact de cette crise sanitaire et d’améliorer la qualité de vie des générations futures.
À SAVOIR
Les conséquences économiques de l’épidémie d’obésité sont également importantes. Si l’on ne fait rien, le coût du surpoids et de l’obésité à l’échelle mondiale devrait atteindre 2850 milliards d’euros par an d’ici à 2030 et plus de 17 000 milliards d’euros d’ici à 2060. Ces coûts incluent les dépenses de santé liées au traitement des maladies associées à l’obésité, ainsi que les pertes de productivité dues à l’absentéisme et à la mortalité prématurée.